Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
B

Baker (William)

Peintre anglais (seconde moitié du XVe s.).

Il est connu seulement par des paiements faits en 1486-87 pour l'exécution des peintures murales de la chapelle du collège d'Eton. Ces peintures en grisaille représentent des Miracles de la Vierge, des Saints et des Prophètes ; elles offrent de fortes analogies avec des œuvres flamandes contemporaines, ce qui laisse supposer une formation flamande de l'artiste ou une étroite collaboration avec un maître de ce pays.

Bakst (Lev Samoïlovitch Rosenberg, dit Léon)

Peintre et décorateur russe (Grodno 1866  – Paris 1924).

Après des études à l'École de peinture, de sculpture et d'architecture de Saint-Pétersbourg (1883-1887), il suivit les cours de l'École des beaux-arts de Paris, dans l'atelier de Gérôme, et se lia avec le peintre finnois Edelfelt. Membre fondateur du groupe Mir Iskousstva, il produisit de nombreux portraits, dessins et vignettes, et collabora également en tant qu'illustrateur à des périodiques (les Trésors d'art russe fondés par Benois ; Apollon). En 1908, il exposa à Paris au Salon son tableau Terror Antiquus, qui connut un grand succès à l'Exposition universelle de Bruxelles en 1911. Il consacra cependant l'essentiel de son activité au décor de théâtre. Après un voyage en Grèce et en Crète, en quête d'un retour aux sources qui marqua ses premiers décors (Antigone, Œdipe à Colonne, 1905), il travailla principalement pour Serge de Diaghilev, directeur des Ballets russes. Ses créations essentielles sont les projets de décors et de costumes pour Phèdre, les projets de décors pour le Dieu bleu et l'Après-midi d'un faune, les décors et les costumes qu'il dessina pour Cléopâtre (1909), Shéhérazade (1910), le Spectre de la Rose (1911), l'Après-Midi d'un faune (1912), Daphnis et Chloé (1912), le Dieu bleu (1912), les Femmes de bonne humeur (1917), la Belle au bois dormant (1921). Il collabora également avec Ida Rubinstein (le Martyre de saint Sébastien, de D'Annunzio et Debussy), ce qui provoqua sa rupture avec Diaghilev. Formé au contact de l'Art nouveau et du Jugendstil, influencé par la miniature persane et l'art oriental en général, Bakst introduisit, dans la peinture de décor, des couleurs lumineuses et intenses, des détails raffinés et précieux et, en général, un exotisme que le public enthousiasmé qualifia d'" orgie de couleurs ".

Baldessari (John)

Artiste américain (National City, Californie, 1931).

Après des études en Californie du Sud, où il demeure jusqu'aujourd'hui, John Baldessari, à partir de 1962, réalise des œuvres à partir de fragments d'affiches, jouant sur le tramage de l'image photographique et la reconstitution d'objets (Fragments, exposition au La Jolla Museum of Contemporany Art, 1956). À la fin des années 60, une vision plus conceptuelle de son travail l'entraîne à faire passer l'idée avant la réalisation, et à développer les relations entre texte et image dans une série de tableaux combinant des reports de photos sur toile et des textes descriptifs (Ryan Oldsmobile, 1967). Cet intérêt pour le langage culmine dans une série de peintures comportant uniquement des textes, souvent réflexions sur les qualités de la peinture ou de la photographie (Composing on a Canvas, 1967-68, La Jolla Museum of Contemporary Art).

   En 1971, il installe son atelier à Santa Monica en Californie. Au début des années 70, Baldessari porte une attention croissante aux images issues des médias : télévision, journaux, magazines, et particulièrement au cinéma. De nombreuses œuvres jouent sur les qualités narratives contenues potentiellement dans chaque image, qui, assemblées, reconstituent des structures émotionnelles (A Movie Directional Piece where People one Looking, 1972-73). Recadrées, souvent découpées géométriquement, les images sont juxtaposées en fonction de lectures qui, après avoir mis l'accent sur une analyse structurelle de l'image (Blasted Allegories Colorful Sentence and Purple Patch..., 1978, coll. part.), tendent aujourd'hui à privilégier une approche émotionnelle et sensible à l'image (Bloody Sundae, 1987, souvent retravaillé avec des couleurs vives [rouge, bleu, jaune] ; Composition pour violons et voix [mâles], 1987, Lyon, musée Saint-Pierre A. C.). Son œuvre a fait l'objet de nombreuses expositions rétrospectives à Bordeaux (M. A. C., 1987), Los Angeles (M. O. C. A., 1990), San Diego, Lisbonne, La Roche-sur-Yon, Ljubljana (1996-97).

Baldovinetti (Alessio)

Peintre et mosaïste florentin (Florence 1425  – id. 1499).

Il pratiqua à la fois la peinture, le dessin de mosaïques, de vitraux et de marqueteries et la composition d'objets artisanaux, notamment des écussons et des coffres. Parmi ses œuvres, peu nombreuses et dont la plus grande partie se trouve encore à Florence, on peut citer 3 scènes de la Vie du Christ, complétant les panneaux peints par Angelico, pour l'église S. Annunziata, qui sont conservés au museo di San Marco (1449), la Madone avec huit saints et l'Annonciation, aux Offices, deux Madones à Paris (Louvre et musée Jacquemart-André) ainsi que des fresques, l'une, abîmée, représentant une Nativité dans le petit cloître de S. Annunziata (1460-1462), et surtout celles de la chapelle du Cardinal de Portugal à l'église de S. Miniato al Monte (1466-1473), qui représentent l'Annonciation, les Évangélistes, les Docteurs de l'Église et des Prophètes. À l'Accademia se trouve aussi une Trinité peinte pour la chapelle Gianfigliazzi de S. Trinità, où l'on peut voir les fresques qu'il peignit pour la voûte de cette chapelle (1469). Dessinateur précis et incisif, fidèle à la tradition florentine du milieu du XVe s. (Uccello, Andrea del Castagno), Baldovinetti baigne ses personnages dans une lumière calme et donne à ses paysages une ampleur qui s'inspire de Domenico Veneziano, dont, en 1461, il termina les fresques de S. Egidio (auj. perdues).

Baldung (Hans) , dit Baldung Grien

Peintre et graveur allemand (Gmünd 1484/1485  – Strasbourg 1545).

Issu d'une famille originaire de Souabe et implantée en Alsace depuis la fin du XVe s., Hans Baldung pourrait avoir effectué son apprentissage en Souabe. Dès 1503, il est dans l'atelier de Dürer à Nuremberg, où il côtoie notamment Hans Süss von Kulmbach, Hans Schaüfelein. Baldung jouit auprès du maître d'une position privilégiée ; d'importantes commandes de cartons de vitraux lui sont confiées (verrières de l'église de Grossgründlach en 1505, à Saint-Laurent de Nuremberg et à la Sainte-Croix de Schwäbisch-Gmünd en 1506). Il conserve cette faveur durant les premiers temps de l'absence de Dürer, qui a gagné Venise en 1505. Importante est également à cette époque son œuvre graphique : bois gravés du Beschlossen Gart des Rosenkranz Mariä (Hortus conclusus du rosaire de la Vierge), publié en 1505, et un ensemble de gravures volantes où s'exercent sa verve et son imagination créatrice. C'est probablement en 1507 que Baldung peint les deux retables de l'Adoration des mages (musées de Berlin) et de Saint Sébastien (musée de Nuremberg), qui témoignent de l'influence successive de Dürer et de Lucas Cranach, avec cependant un souci très nouveau et très personnel du coloris et de ses effets de contraste. Ces ouvrages lui auraient été commandés pour la cathédrale de Halle par l'archevêque Ernst von Wettin. Baldung réapparaît à Strasbourg, où il acquiert le droit de bourgeoisie à Pâques 1509 et la maîtrise l'année suivante. Nourri des exemples de Cranach et de Dürer, il développe alors un style coloré et décoratif d'une grande hardiesse. Des commandes lui sont faites, notamment par le margrave Christophe de Bade (Image votive du musée de Karlsruhe), par Erhart Künig, commandeur du couvent de Saint-Jean de l'île Verte, à Strasbourg (1511, triptyque dont le panneau central représente la Messe de saint Grégoire [musée de Cleveland], le volet gauche Sainte Anne avec l'Enfant Jésus, la Vierge et saint Jean-Baptiste [Washington, N. G.] et le volet droit Saint Jean à Patmos [Metropolitan Museum]). Dans le même temps, ses bois gravés révèlent la force charnelle de son inspiration et établissent définitivement sa réputation.

   En mai 1512, après avoir peint une Crucifixion pour l'hôtel strasbourgeois du couvent de Schütteren (musées de Berlin), l'artiste s'établit pour cinq ans à Fribourg-en-Brisgau, où il est chargé de peindre pour la cathédrale l'important retable du chœur et l'autel de la famille Schnewlin. La première de ces œuvres (achevée en 1516) illustre le Couronnement de la Vierge, sur le panneau central, et la Crucifixion, au revers, encadré de volets avec les figures de saint Pierre et de saint Paul et des scènes de la Vie de la Vierge. Le second ouvrage, dont la partie sculptée, peinte par lui, fut exécutée par Hans Wyditz, est consacré au Repos pendant la fuite en Égypte, entouré, sur les volets, des protagonistes de l'Annonciation, du Baptême du Christ et de Saint Jean à Patmos. Baldung exécute aussi une série de bois gravés et d'illustrations ainsi que les dessins et les cartons pour les vitraux de la cathédrale que réalisera l'atelier de Ropstein (Rappolstein = Ribeaupierre) sous la direction de l'Alsacien Hans Gitschmann.

   À cette période très féconde succède, dès le printemps de 1517, sa nouvelle et dernière période strasbourgeoise. Baldung devient membre du Grand Conseil de la ville. L'introduction de la Réforme, à laquelle il adhère, ne provoque pas une baisse considérable de sa production, en raison du caractère profane de son inspiration. Son dernier tableau d'autel semble avoir été le Martyre de saint Étienne pour l'archevêque Albrecht de Brandebourg, en 1522. Au contact des humanistes et des réformateurs strasbourgeois de la première génération, d'esprit très libéral (les deux Sturm, Martin Bucer), son art cherche à rendre l'expression pathétique et le caractère des physionomies (sous l'influence particulière d'Indagine), puis, à partir de 1529, année de l'iconoclasme, s'inspire manifestement du théâtre humaniste. C'est ce qu'à des degrés divers révèlent des compositions telles que Pyrame et Thisbé (musées de Berlin), Hercule et Antée (musée de Kassel), Mucius Scevola (Dresde, Gg) et les Vierges à l'Enfant des musées de Berlin, de Nuremberg et de Vercelli. Au cours des dernières années de la carrière de Baldung, ses œuvres abandonnent beaucoup de leur enveloppe picturale au profit du plan et offrent de curieuses analogies avec le bas-relief (Vierge à l'Enfant, musée de Strasbourg). Même quand il emprunte à d'autres maîtres force détails (mouvement, ornements, architecture), son art se préserve de tout italianisme manifeste. Parmi ses derniers ouvrages, les Sept Âges de la vie (musée de Leipzig), le Chemin vers la mort (musée de Rennes ; ce dernier est sans doute une copie de l'original disparu) résument toute sa conception de la vie. Soutenus par un tempérament virulent, les tableaux de Baldung sont marqués du sceau de l'inquiétude et de la sensualité : sabbats de sorcières, couples de la femme et de la mort (musées de Vienne, d'Ottawa, de Bâle et de Berlin), allégories féminines (Munich, Alte Pin.). On retrouve les mêmes caractères dans ses portraits, d'une fidélité souvent brutale, et dans ses interprétations, dans un esprit humaniste, de thèmes religieux traditionnels.