Lundbye (Johan Thomas)
Peintre danois (Kalundborg 1818 – Bedsted 1848).
Lundbye fut d'abord animalier, puis son sentiment de la nature et un romantisme teinté de nationalisme firent de lui l'un des pionniers du paysage danois, comme le fut aussi P. C. Skovgaard. Il affectionna ensuite les paysages ornés de ruines, vestiges du passé scandinave, et fut influencé par Friedrich. Les paysages exécutés entre 1838 et 1842 sont des compositions grandioses avec de vastes panoramas et des falaises abruptes (Une côte danoise, 1842-43, Copenhague, S. M. f. K.). Puis Lundbye adopta des formats plus petits et revint aux scènes rurales et animalières. Un voyage en Italie (1845-46) stimula son intérêt pour les problèmes du coloris et de la lumière. Le talent d'observateur sensible de l'artiste se manifeste surtout dans ses dessins, d'une belle qualité de trait, dont le S. M. f. K. et la Hirschsprungske Samling de Copenhague possèdent un grand nombre.
Lundqvist (Evert)
Peintre suédois (Stockholm 1904-id. 1994).
Il se forma à l'École d'art de Stockholm (1925-1931), ainsi qu'en Allemagne et en France. Il débuta en 1934 par une toile d'un style puissant, d'un naturalisme dépouillé, aux lignes dynamiques traduites par une touche grasse. Au cours des années 30, sous l'impulsion d'artistes comme Aguelí et Isakson, Munch et Kylberg, il évolua vers une peinture de plus en plus subjective et dont la simplification confine à l'abstraction. À la fin de cette période, il exécute une série de tableaux dont les motifs sont empruntés au théâtre et à la mascarade, dans l'esprit de Lautrec et d'Ensor. En 1943, il se fixe durant une dizaine d'années dans le village de Saltsjö-Duvnäs, dans la banlieue de Stockholm, et y devient l'animateur d'un cercle d'amis, anciens camarades de l'Académie, comme Staffan Hallström, Olle Nyman, Roland Kempe et Sixten Lundbom, avec lesquels il constitue le groupe Saltsjö-Duvnäsgruppen. Au cours de cette période, Lundqvist entreprend souvent des œuvres de grand format, caractérisées par des couches de couleurs en fort relief et une simplification poussée à l'extrême aussi bien des personnages que d'objets communs, tels qu'une pelle plantée dans la terre, un chevalet d'atelier. Ses personnages sans visage se situent hors du temps, les objets perdent leur caractère individuel et apparaissent comme des signes monolithiques, à la fois palpables physiquement et étrangement fuyants. Admirateur de Rembrandt, l'artiste donne volontiers à ses toiles une tonalité monochrome, rouge, brune ou gris-bleu, mais nuancée par des dégradés transparents, au registre d'une grande richesse. Comme graveur, Lundqvist se place aussi au premier rang. En 1960, il est nommé professeur à l'École d'art de Stockholm et compte parmi les artistes suédois de réputation internationale. Son art, à la fois abstrait et sensuel, expressif et spontané, exerça une influence prépondérante sur les générations suédoises des années 50 et 60.
lunette
Panneau de polyptyque en forme de demi-lune. La lunette peut se situer au-dessus d'un panneau central ou d'un volet. Surtout utilisée par les Italiens du quattrocento (Cosme Tura, Pietà du Louvre ; lunette du retable Roverella) et du début du XVIe s. (Raphaël, Retable Colonna, Metropolitan Museum, inspiré par les retables de Pérugin), la lunette apparaît plus rarement dans les retables flamands (Prophètes au-dessus de l'Annonciation du retable de Saint-Bavon de Gand de Van Eyck), sauf lorsqu'ils sont construits sur le modèle italien (Joos Van Cleve, Retable de la Déploration du Christ provenant de l'église Santa Maria della Pace à Gênes, au Louvre).
Lüpertz (Markus)
Peintre allemand (Liberec 1941).
En 1956, Lüpertz suit des études de peinture à l'école des Arts appliqués de Krefeld dans la classe de Laurens Goossens. Après une interruption de un an, il entre à l'Académie des beaux-arts de Düsseldorf. Se rendant en 1962 à Berlin pour échapper au service militaire, il réalise ses premiers dithyrambes et leur consacre un manifeste en 1966. En 1964, l'artiste est cofondateur de la galerie Gro\Sgörschen avec K. H. Hödicke, Bernd Kokerling et Lampertz Maria Wintersberger. Après une première phase formelle (Traces, 1966, Berlin, coll. part.) qui privilégie le contraste entre perspective et volume, Lüpertz s'empare dès 1969, par provocation, de sujets qui renvoient au passé récent et encore tabou de l'Allemagne : casques en acier, casquettes d'officier, équipement militaire (Apocalypse, triptyque, 1972, New York, galerie M. Boone –M. Werner, et Sujet allemand, 1972, Berlin, coll. Dr H. H. Stober). Loin de glorifier ces reliques, le peintre les représente à l'abandon, condamnées bientôt à disparaître. Il s'empare du motif, le répète à l'envi, l'exorcise en quelque sorte pour ne plus laisser apparaître que sa valeur formelle. À partir de 1975, à travers la série des " paysages urbains " (Babylon, 1975 ; Lüpolis, 1975) et les " peintures de style " (1977), il cherche à donner une interprétation figurative aux formes abstraites. En 1980, la série " Alice au pays des merveilles " affirme l'autonomie de la peinture par rapport à l'écriture. À son activité de peintre, Lüpertz ajoute aussi celle de poète depuis 1975 et celle de sculpteur depuis 1981. Après avoir été nommé professeur en 1974 à l'Académie des arts plastiques de Karlsruhe, il enseigne depuis 1984 à l'Académie des beaux-arts de Düsseldorf où une exposition lui a été consacrée (Kunstsammlung Nordrhein – Westfalen) en 1996.
Lurçat (Jean)
Peintre et tapissier français (Bruyères, Vosges, 1892 – Saint-Paul-de-Vence 1966).
Après des études médicales, il étudie dans l'atelier de Victor Prouvé, maître des Arts décoratifs nancéiens. Puis il se rend à Paris, aux Beaux-Arts et à l'académie Colarossi. Il fonde alors la revue les Feuilles de mai, à laquelle collaborent Bourdelle, Élie Faure, Rilke, Ilya Ehrenbourg. Malgré quelques essais de tapisserie au canevas (le Cirque, 1922, pour Mme Cuttoli), il se consacre à la peinture entre 1919 et 1936, subissant l'influence de Matisse, du Cubisme et du Surréalisme. Après un séjour en Suisse avec Rilke, Hermann Hesse et Jeanne Bucher, son activité picturale reçoit une impulsion décisive d'une série de voyages dans les pays méditerranéens et en Afrique du Nord (1924 et 1929 ; le Spahi, 1925 ; Trois Personnages, 1927 ; Asie Mineure, 1933). Mais les préoccupations monumentales et décoratives de Lurçat le poussent à aborder la tapisserie et, dès 1933, il fait exécuter sa première tapisserie sur basse lisse (l'Orage, Paris, M. N. A. M.). La découverte, en 1937, de l'Apocalypse d'Angers catalyse cette passion et encourage Lurçat dans sa recherche originale, différente de la composition picturale. Ainsi, dans ses Forêts de 1937, la perspective disparaît tout à fait au profit de l'espace propre à la tapisserie. Installé en 1939 à Aubusson avec Gromaire et Dubreuil, Lurçat entreprend la réorganisation — qui bientôt devient une résurrection — du grand centre abandonné.
L'art des lissiers renaît en France sous son impulsion, et sa propre production se poursuit, très abondante, avec une vision ample et décorative, riche d'un arrière-plan poétique et philosophique, faite de lyrisme et de construction (les Quatre Saisons, 1940 ; la Terre, 1943 ; Apocalypse pour l'église d'Assy, 1947 ; le Chant du monde, ensemble de 500 mètres carrés, 1957-1964, auj. exposé à l'hôpital Saint-Jean d'Angers).