Baertsoen (Albert)
Peintre belge (Gand 1866 – id. 1922).
Élève de l'Académie de Gand, il eut pour professeur J. Delvin. À ses débuts, il fréquenta les peintres de l'école de Termonde et envoya au Salon, à Paris, en 1887, l'Escaut à Termonde (Gand, coll. part.). Il travailla dans l'atelier de Roll à Paris (1888-89), où il rencontra Ménard, Aman-Jean, Thaulow, Cottet : ces contacts l'éloignèrent du strict réalisme de Termonde. Vers 1895-1897, il peint à Nieuport et à Dixmude (Cordiers sur les remparts, musée de Gand), puis en Zélande, à Walcheren.
Baertsoen devint par excellence l'interprète sensible et évocateur des quartiers anciens des villes flamandes (Gand, Bruges, Audenarde, Courtrai) et du bassin industriel de Liège, dans une technique voisine de celle de l'Impressionnisme et qui privilégie les tonalités sombres (Chalands sous la neige, 1901, Bruxelles, M. R. B. A.). Proche d'Émile Claus, il partit au moment de la guerre pour Londres, où il peignit dans l'atelier de Sargent.
Ses dernières toiles s'attachent surtout à restituer les structures des quais et des ponts. Il a laissé aussi de belles eaux-fortes, où les noirs sont richement utilisés (Route d'Ostende). Il est représenté dans les musées belges. Une rétrospective de son œuvre a été présentée au Musée des Beaux-Arts de Gand en 1972-73.
Baglione (Giovanni)
Peintre et historien d'art italien (Rome v. 1573 – id. 1644).
Sa carrière se déroula à Rome. Après des débuts maniéristes (fresques de la Vie de Marie à S. Maria dell'Orto, 1598 – 99 ; Saint Philippe et Constantin offrant des vases d'or à Sylvestre, à Saint-Jean-de-Latran), il fut fortement influencé par le naturalisme de Caravage (Saints Pierre et Paul, à Sainte-Cécile-au-Trastévère, 1601 ; l'Amour divin vainqueur de l'amour profane, musées de Berlin). Un de ses grands tableaux d'autel (Résurrection, 1603, pour le Gesù de Rome, perdue ; esquisse au Louvre) provoqua les violentes moqueries d'Orazio Gentileschi et de Caravage, avec lesquels il se querella devant le tribunal (28 août 1603). Dans ses œuvres postérieures (la Résurrection de Tabithà, pour Saint-Pierre de Rome, 1607 ; cette peinture, auj. perdue, lui valut la croix de chevalier du Christ ; série d'Apollon et les Muses envoyée à Marie de Médicis en 1624 pour le décor du palais du Luxembourg ; auj. musée d'Arras), Baglione se détache du caravagisme. Ses travaux d'historien d'art sont peut-être son apport le plus intéressant : Le Nove Chiese di Roma (Rome, 1639), avec leur historique et la description de leurs peintures, sculptures et architectures, et surtout Le Vite de' pittori, scultori et architetti. Dal pontificato di Gregorio XIII nel 1572 in fino a' tempi di Papa Urbano Ottavo nel 1642 (Rome, 1642 ; éd. fac-similé, Rome, 1935), riches de renseignements et d'observations critiques.
Bagnacavallo (Bartolomeo Ramenghi, dit il)
Peintre italien (Bagnacavallo v. 1484 – Bologne 1542).
Il est originaire d'une localité du diocèse de Faenza, mais dépendant politiquement de Ferrare ; il entre dans l'atelier de Francia à Bologne, ville où se déroula sa carrière. On trouve des échos de l'art de Francia dans son Mariage mystique de sainte Catherine (Bologne, P. N.). Si l'on peut douter qu'il soit allé à Rome travailler aux Loges du Vatican auprès de Raphaël (selon Vasari), il fut fortement influencé par l'œuvre bolonaise du maître, notamment par sa Sainte Cécile (Bologne, P. N.). Mais l'art de Bagnacavallo montre l'assimilation d'autres influences émiliennes, surtout ferraraises : Garofalo, Dosso, Ortolano, comme en témoigne son Christ rédempteur avec quatre saints (Bagnacavallo, S. Michele) peint à la fin des années 1520. Ensuite, avec une influence plus forte des modèles romains, l'artiste regarde Girolamo da Carpi et Girolamo da Treviso, comme le prouvent son Sainte Agnès, saint Petronio et saint Louis de Toulouse (Berlin, musées) et sa Vierge avec sainte Monique et saint François (Bologne, S. Maria della Misericordia). Bagnacavallo représente bien l'élargissement de la culture picturale de nombreux centres de la vallée du Pô, à commencer par Bologne et Ferrare, vers une tendance à la dévotion et à un classicisme empreint de dignité.
Bailly (David)
Peintre néerlandais (Leyde 1584 – id. 1657).
Élève à Amsterdam du portraitiste C. Van der Voort (v. 1603) il séjourna en Allemagne (il dut passer par Francfort et Hanau et connaître Stoskopff) et en Italie de 1608 à 1613, avant de se fixer à Leyde. Portraitiste exact, d'esprit conservateur dans son attachement à la formule du portrait miniature sur parchemin, il accuse des influences très diverses : Hals, Rembrandt, Salomon de Bray. Il est aussi connu pour ses précises natures mortes de Vanités avec des livres, qui semblent avoir joué un rôle important dans l'école de Leyde en marquant les Steenwijck, ses neveux et élèves, et Pieter Potter. Néanmoins, les affinités avec les Vanités de Rembrandt et de J. D. de Heem se limitent au choix des sujets. Le musée de Leyde conserve l'Autoportrait de Bailly avec une Vanité.
Bailly (Alice)
Artiste suisse (Genève 1872 – Lausanne 1938).
À la suite d'études à Genève et à Munich, Alice Bailly se fixe à Paris en 1906. Sa peinture est, dans un premier temps, marquée par le Fauvisme ; elle s'en détourne en 1910 pour évoluer vers une touche plus rigoureuse et quasi cézannienne (le Réveille-matin, 1912-1913). Après 1913, peut-être sous l'influence de Raoul Dufy et d'André Lhote, elle adopte une imagerie plus sereine, voire sensuelle, proche cependant du Futurisme (Marval au bal Van Dongen, 1914). Réfugiée à Genève durant la Première Guerre mondiale, elle fait de son atelier le cœur intellectuel de la ville. De ces années 1918-1919 datent une cinquantaine d'œuvres intitulées " Tableaux-Laine " (Femme à la perle, 1918-1919).
Baj (Enrico)
Peintre italien (Milan 1924-Vergiate, près de Varese, 2003).
Formé à Milan à l'Académie de Brera, il est lié, à ses débuts, au Movimento Nucleare, dont se réclament ses œuvres de tendance abstracto-gestuelle. Avec le critique Édouard Jaguer et le peintre Dangelo, il fonde Il Gesto, revue dans laquelle il édifie une théorie de ses recherches picturales. Il est le promoteur de nombreux mouvements et de manifestes (Contro lo Stilo, 1957 ; Arte interplanetaria, 1959 ; Pittura e Realtà, 1960). Dès 1955, des séjours à l'étranger, en particulier à Paris, lui permettent d'entrer en contact avec l'avant-garde européenne (le mouvement " Phases ", le groupe " Cobra "). Il redonne peu à peu la primauté à l'image par le biais de l'ironie et de l'humour dans ses " personnages ", en particulier dans l'importante série des " généraux ".
Il utilise la technique du collage en employant des matériaux divers, riches et anachroniques et en jouant sur des images tantôt naïves, tantôt caricaturales. Ses tableaux se veulent satiriques et cherchent à railler le monde petit-bourgeois ou militaire. Il a recours de plus en plus à la citation (eaux-fortes de Baj chez Picasso, 1969). Son œuvre graphique est importante. Il est représenté dans les musées italiens, allemands et américains et au M. N. A. M. de Paris (Général).