Kubišta (Bohumil)
Peintre et graveur tchèque (Vlškovice, près de Hradec Králové, 1884 – Prague 1918).
Il suivit les cours de l'École des arts et métiers et de l'École des beaux-arts de Prague (1903-1904) et fit également de brefs séjours d'études à Florence (1906) et à Berlin (1909-10). Ses premières œuvres, surtout influencées par Van Gogh, se caractérisent par l'emploi d'une couleur intense et une écriture dramatique (Notre basse-cour, 1907, musée de Prague) ; mais, épris de mathématique et de sciences exactes, Kubišta repense le problème de la composition et tend à une organisation méthodique du tableau. Il assimile la leçon de Cézanne, interroge aussi les maîtres anciens (Greco, Poussin), étudie les modernes (Derain), puis est séduit par la couleur des fauves. Toutes ces influences sont amalgamées avec brio dans les tableaux des années 1909-1911 : Nature morte à la lampe (1909, musée de Brno), le Café (1910, musée de Hradec Králové), la Baignade des hommes (1911, musée de Prague). En 1910, Kubišta parvient au seuil du Cubisme, comme la plupart de ses anciens compagnons du groupe des Huit. Mais ses tableaux restent marqués par la volonté de synthèse de la période précédente, qui apparaît dans son motif de la Vieille Prague (1911, musée de Prague), de même que dans ses figures à pans coupés (la Femme épileptique, 1911, musée de Brno), matérialisation des conflits de l'univers intérieur de l'homme. L'artiste développe les moyens d'expression du Cubisme, en y introduisant aussi l'élément dynamique du Futurisme (la Cascade dans les Alpes, 1912, Prague, coll. Jan Zrzavý ; l'Artillerie côtière en action, 1915, musée de Prague). Kubišta a cherché à mettre ce style nouveau au service d'un contenu spirituel, comme le suggère le choix des sujets : Nature morte au crâne (1912, id.), Saint Sébastien (1912, id.), le Pendu (1915, id.). Ceux-ci reflètent le climat existentiel de l'Europe centrale (illustré en littérature par les œuvres de Ladislav Klíma et de Kafka), climat qui a infléchi son point de départ cubiste vers la forme originale du " Cubisme expressionniste ", tant pratiqué après la guerre. Une vie tragique qui s'acheva par une mort prématurée lors d'une épidémie de grippe espagnole. Des œuvres de l'artiste ont été présentées à l'exposition Cubismes tchèques (Paris, C. C. J.) en 1992.
Kuen (Franz Martin)
Peintre allemand (Weissenhorn 1719 – Linz 1771).
Il est membre d'une famille de peintres de Weissenhorn, qui constituait une petite école locale, florissante, populaire et peu touchée par l'Académisme. Il entre en apprentissage chez Bergmüller à Augsbourg v. 1737 et reçoit en 1741 sa première commande importante : la décoration de la Wegerkirche d'Ulm. Il exécute, dès 1744, son chef-d'œuvre, en décorant la coupole ovale de la bibliothèque de l'abbaye de Wiblingen (La littérature antique et les Écritures saintes se font face sous le ciel de l'Église). Toutes les nouveautés du style de fresque rococo allemand s'y trouvent réunies : légèreté, clarté, paysage, coloris chatoyant, éléments ornementaux. Puis Kuen se rend à Rome et à Venise en 1746 : les réminiscences vénitiennes sont fortes dans la fresque Esther devant Assuérus, qu'il peint en 1750, après son retour à Baindt, en 1747. À partir de 1750, l'artiste exécute presque chaque année une fresque pour une église souabe : Mindezell, 1750 ; Illertissen, 1751 ; Matzenhofen, 1751 ; Krumbach, 1752 ; Altenhofen, 1752 ; Fischach, 1753 ; Niederhausen, 1760 ; Rennertshofen, 1764 ; Erbach, 1768 ; Scheppach, 1769. On conserve également de lui des tableaux d'autel dans des églises de Souabe, des esquisses et des dessins (musée d'Augsbourg, coll. Röhrer).
Kulmbach (Hans Süss von)
Peintre allemand (Kulmbach v. 1480 – Nuremberg 1522).
Contemporain et disciple de Dürer, qui lui fournit des dessins pour son chef-d'œuvre, L'Épitaphe de Lorenz Tucher (1513, Nuremberg, église Saint-Sebald), Kulmbach est l'un des artistes les plus doués de l'entourage du maître. C'est à Nuremberg, où il semble s'être fixé dès 1500, que se situe l'essentiel de son activité de peintre (nombreux tableaux religieux et portraits), de dessinateur (notamment des illustrations pour le Char triomphal de Maximilien), de graveur et de peintre de vitraux ; toutefois, il reçut à plusieurs reprises des commandes de Cracovie, où il a peut-être séjourné entre 1514 et 1516 ; il y aurait exécuté le Retable de sainte Catherine (1515, panneaux des volets conservés dans l'église Notre-Dame de la ville). Très influencé à ses débuts par Dürer, sensible comme lui aux leçons de Jacopo de' Barbari et aux séductions vénitiennes, Kulmbach, s'il ne possède pas la psychologie pénétrante de son maître, fait preuve, dans ses compositions religieuses (Adoration des mages, 1511, Berlin) et dans ses portraits (Margrave Casimir de Brandebourg, 1511, Munich, Alte Pin.), d'un sens très subtil de la couleur, qui donne à ses œuvres un caractère poétique.
Kumi Sugaï
Peintre, graveur et sculpteur japonais (Kobe, 1919-id. 1996).
Après une brève formation à l'école des Beaux-Arts d'Osaka, où il découvre à la fois la peinture calligraphique vernaculaire et les courants occidentaux, Kumi Sugaï commence par une carrière de dessinateur dans une agence commerciale. Sa rencontre avec l'œuvre de MiÅo et celle de Klee l'oriente vers une carrière artistique. Il quitte le Japon en 1952 pour s'installer à Paris où il suit les cours de Goerg à l'académie de la Grande Chaumière. D'abord instinctives, largement graffitées, ses premières œuvres européennes sont inspirées par les kanji, recourent à des réseaux calligraphiques esquissant des paysages et des êtres. Au cours des années 1950, son langage plastique devient plus matiériste pour évoquer dans des couleurs camaïeux des personnages-insectes semi-abstraits. C'est en 1958 que Sugaï s'émancipe totalement du sujet pour utiliser la seule force du signe gestuel dans de grandes compositions dites " emblématiques ". À l'aube des années 1960, les formes se simplifient, la gamme chromatique se réduit à quelques couleurs vives ou noires pour explorer les différents territoires de l'abstraction géométrique, notamment celle issue du Colorfield (Masse noire, 1963). Il réalise à la même époque quelques sculptures en bronze (Diable, 1962) où se superposent des anneaux ou des cubes évidés. Au cours des années 1970, les œuvres multiplient les effets cinétiques dans un esprit proche de l'art optique. Il représente le Japon à la biennale de Venise de 1968. Les œuvres de Sugaï sont présentes au M. O. M. A. de New York, au musée Boymans Van Beurringen de Rotterdam, au M. N. A. M. de Paris ainsi que dans de très nombreux musées japonais.