Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
R

Ravesteyn (les)

Famille de peintres néerlandais.

 
Anthony le Vieux (cité en 1602) , peintre verrier à La Haye, fut le père des peintres suivants : Jan Anthonisz (La Haye v. 1570 – id. 1657). Inscrit à la gilde de Saint-Luc de Delft en 1598, puis, à La Haye, il subit l'influence de Mierevelt, dont il a peut-être été l'élève, et de Jacob Delff le Vieux ; auparavant il avait fait un court séjour en Italie qui l'avait ramené à Delft en 1587. Éditeur, il publia en 1637 à Leyde la première version de la Bible officielle, ou Statenbijbel ; mais il fut surtout connu comme portraitiste, et à ce titre vanté par Van Mander dès 1604 (ses premières œuvres datées ne remontent cependant qu'en 1611). Il est proche de Mierevelt, avec toutefois plus de souci du décoratif et moins de dureté d'exécution ; il révèle aussi des affinités avec Voort et Elias. On doit éviter de le confondre avec les autres membres de sa famille. Parmi ses nombreuses œuvres, citons ses Portraits de femme (musées de Gand et de Lille ; 1633, Louvre), Anna Van Lockhorst (1634, Louvre), son importante série de Portraits de capitaines, exécutée pour le château de Laarsdijk (Rijksmuseum ; Mauritshuis), Philips Doublet et Geertruid Doublet (Haarlem, musée Frans Hals), Sir John Burroughs (Rijksmuseum). En 1656, Jan participa à la fondation de la Confreria Pictura de La Haye, et il eut de nombreux élèves.

 
Anthony le Jeune (La Haye v. 1580 – id. 1669). Frère du précédent, il fut maître à la gilde de Saint-Luc de La Haye en 1614, et doyen en 1629. Portraitiste, en 1656, il participa à la fondation de la Confreria Pictura de cette ville. Il eut pour élèves : en 1619, Adriaen Hanneman, qui épousa la fille de Jan Anthonisz Van Ravesteyn ; en 1625, Jacob Van der Becke et Paulus Cornelisz ; en 1629, Jan Van Voet.

 
Arnold (La Haye [ ? ] v. 1605 ou 1615 – id. [ ? ] 1690). Élève de ses frères Anthony et Jan Anthonisz, il fut maître à la gilde de La Haye en 1646, et doyen en 1649 ; comme ses frères, il fut un portraitiste.

Ravier (Auguste)

Peintre français (Lyon 1814  – Morestel 1895).

En 1834, il se rend à Paris pour achever ses études de droit. Sa licence acquise, il décide de devenir peintre et suit les cours de Léon Cogniet et de Caruelle d'Aligny à l'École des beaux-arts. Les vues de Montmartre et de Fontainebleau qui datent de cette époque montrent l'influence de ces derniers. Ravier travaille dans divers endroits : le Forez, la Bresse, l'Auvergne. À Royat, il rencontre Corot, qui l'encourage probablement à partir pour Rome en 1840, où il reste deux ans. Peintre de l'aube et du crépuscule, il allie le calme et la limpidité des œuvres de Corot à des hachures colorées pré-impressionnistes (les Deux Pins parasols, musée de Lyon). Il partage jusqu'en 1846 son temps entre l'Italie, Lyon et Paris puis travaille dans le Velay et le Forez. C'est à Crémieu, où Ravier retrouve ses amis Daubigny, Corot, Fontanesi, Fleury, Carrand, Appian, qu'il se fixe jusqu'en 1868 (les Remparts de Crémieu, v. 1855-1865, Saint-Étienne, musée d'Art moderne), année où il se rend à Morestel. Désormais, l'artiste ne retient de ses sujets que la lumière traduite par la couleur ; il a une prédilection pour les étangs et cours d'eau (Étang à Morestel, après 1868, Saint-Étienne). En 1879, une attaque ralentit son activité ; en 1884, il perd la vue. Artiste pré-impressionniste, son œuvre presque exclusivement faite de paysages se rapproche de celle de Monet. Cependant, par la violence de la couleur, il est proche de Monticelli. Une exposition importante a été consacrée à Ravier (Lyon, M. B. A.) en 1996.

Ray (Emmanuel Rudnitsky, dit Man)

Peintre et photographe américain (Philadelphie 1890  – Paris 1976).

Après des études d'architecture, il se consacre au dessin publicitaire. Il réalise dès 1911 des tableaux avec adjonction d'éléments hétérogènes, puis est fortement impressionné par l'exposition de l'Armory Show à New York en 1913, date à laquelle a lieu sa première exposition. Sa rencontre avec Marcel Duchamp et Francis Picabia le lie aux mouvements d'avant-garde européens et bientôt au Dadaïsme. Après une période qu'il qualifie lui-même de " Cubisme romantico-expressionniste " (le Village, 1913, Milan, gal. Schwarz ; AD MCMXIV, 1914, Philadelphia Museum of Art), son art reflète l'influence de Marcel Duchamp : la Danseuse de corde s'accompagnant de ses ombres (1916, New York, M. O. M. A.). Man Ray aborde en 1915 la photographie, qu'il contribue à promouvoir et où se trouve le meilleur de sa création. Ses photographies, telles que l'Homme (1918), montrant un moulinet mécanique de cuisine où se retrouve l'influence directe des dessins machinistes de Picabia, le Violon d'Ingres (1924), qui montre le dos de Kiki de Montparnasse avec ses hanches ornées d'ouïes de violon, sont devenues célèbres tout comme ses portraits et ses photographies de mode. Il exécute aussi des collages (Revolving-Doors, 1916), travaille avec des clichés-verre, pratique l'aérographie au pistolet et crée des objets reflétant l'humour destructeur de dada, comme le célèbre Cadeau de 1921, un fer à repasser garni de clous, l'Énigme d'Isidore Ducasse (1920), une machine à coudre emballée et Objet indestructible (1923), un métronome dont le balancier est orné de la photographie découpée d'un œil. À Paris, où il arrive en 1921, il réalise ses premiers " rayogrammes ". Il se lie bientôt au groupe surréaliste, dont il illustre les revues. Son œuvre peint témoigne au cours de cette période notamment de l'influence de Giorgio De Chirico (Portrait imaginaire de D. A. F. de Sade, 1940) ou d'une poétique érotique plus personnelle : À l'heure de l'observatoire — les Amoureux (1932-1934). On lui doit plusieurs films, dont Emak Bakia (1926) et les Mystères du château de Dé (1929), tourné dans la villa construite par Robert Mallet-Stevens pour Charles et Marie-Laure de Noailles à Hyères. Après avoir passé la Seconde Guerre mondiale en Californie, Man Ray est revenu s'installer, en 1948, à Paris où il est resté jusqu'à sa mort. Si ses " rayogrammes ", ses objets et ses photographies constituent la part la plus originale de son œuvre, il a continué à peindre et à exécuter des collages. Il a également écrit son autobiographie. Le musée Boymans Van Beuningen de Rotterdam a organisé en 1971 une ample rétrospective de son œuvre, qui a été ensuite présentée à Paris, au M. N. A. M., en 1972. Depuis, de nombreuses expositions de ses photographies, des livres ont contribué à lui donner une place de tout premier plan dans l'art du XXe s.