Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Kermarrec (Joël)

Artiste français (Ostende, Belgique, 1939).

Il étudie aux Beaux-Arts de Paris (1958-1963) et expose dès 1964 au Salon de la Jeune Peinture. Très influencé par Magritte et le Surréalisme, il cherche à résoudre ses questions sur la crédibilité des images au moyen d'une technique la plus anonyme possible. En 1969, il organise avec P. Gaudibert et J. Poli, au M. A. M. de Paris, le groupe Distance, qui réunit de jeunes artistes très éclectiques, et il commence à enseigner les arts plastiques à l'université de Paris-Vincennes. Ses " Fonds " (Fonds bleus, Fonds roses, v. 1970), ses toiles écrues, noires ou kaki (v. 1970) et ses Pantalons (1972) révèlent ses jeux avec l'image. Il utilise aussi des matériaux et des techniques hétéroclites (Fond noir + objet, 1971) et cherche le rapport au modèle, la rivalité avec le langage (la Peau — l'Ordre — le Savoir, 1973). Puis sa technique et son savoir-faire se concentrent sur les purs effets de peinture à la limite de l'identification, où la figure tient lieu de signe et où la couleur absorbe presque toute trace de modèle (Peinture " graphite " + objet, 1977-1979). Dans les années 80, il s'emploie à montrer la réversibilité de la surface par le jeu des aplats, des projections, des fléchages. Son principe de narrativité s'opère dans une réduction d'effets extrêmes qui plongent le spectateur dans l'univers onirique du peintre (Dessins, 1982, collage ; les Quatre Vivants – n° 1 Homme, 1983-84). Il participe à de nombreuses expositions de groupe, comme A.R.C. 2 au M. A. M. de Paris en 1973 et 1977, à la Biennale de São Paulo en 1979. Le musée de Grenoble lui consacre une exposition en 1978, et le Centre de Brétigny, en 1984.

Kern (Anton)

Peintre allemand (Tetschen, Bohême, 1710  – Dresde 1747).

Le peintre Lorenzo Rossi s'occupe de l'apprentissage du jeune Kern durant un an à Dresde, puis l'emmène à Venise, où Kern est l'élève de Pittoni pendant sept ans. L'artiste retourne en Bohême, où il peint de nombreux tableaux pour les églises (Sainte Agathe, Prague, église de Lorette) et pour le couvent d'Osek ainsi que pour le comte Czernin à Prague, où il est mentionné en 1735. Appelé en 1738 à Dresde pour exécuter les décorations à l'occasion d'une fête de mariage, il est chargé de fournir les projets pour les plafonds et les tableaux d'autel de la nouvelle église catholique de la cour. Ceux-ci sont très appréciés par le roi Auguste III, qui décide de l'envoyer à Rome pour parfaire ses études. La construction de l'église de la cour de Dresde ne s'achèvera qu'en 1756, après la mort de Kern ; ses projets ne purent donc être réalisés.

   À Rome, de 1738 à 1741, il subit l'influence de Trevisani, que l'on décèle dans le Massacre des Innocents (Dresde, Gg), qu'il envoie à son mécène. De retour à Dresde, il est nommé peintre de cour et se livre dès lors à une abondante production de tableaux allégoriques et mythologiques. Un souci d'élégance, des drapés vivement colorés et largement déployés, des visages pointus et des expressions parfois lourdes caractérisent ces œuvres : Loth et ses filles (musée d'Augsbourg), Renaud et Armide (Francfort, Städel. Inst.), Diane et Bacchus, Flore et Vénus, Jésus parmi les docteurs (musée de Nuremberg). Le trait vibrant et nerveux des dessins rappelle la manière vénitienne (Alexandre et la famille de Darius, id. ; Scène de sacrifice, Dresde, cabinet des Estampes).

Kersting (Friedrich Georg)

Peintre allemand (Güstrow 1785  – Meissen 1847).

Il fut élève, de 1805 à 1808, de l'Académie de Copenhague, puis de celle de Dresde, où il se lia d'amitié avec C. D. Friedrich (avec qui il fit un voyage dans le Riesengebirge [mont des Géants]), J. C. Dahl et Carus. Il fut nommé professeur de dessin à l'Académie de Dresde. En 1812-13, il prit part à la guerre de libération (contre les armées napoléoniennes). Nommé en 1816 professeur de dessin à Varsovie, il fut, à partir de 1818, directeur de la section de peinture à la manufacture de porcelaine de Meissen. Outre des portraits (Autoportrait, 1811, musée de Weimar), il a peint surtout de calmes intérieurs bourgeois (la Brodeuse, 1812, musée de Weimar), animés de subtils effets de lumière, avec des figures très dessinées qui trahissent l'enseignement qu'il reçut à Copenhague. Il fit à plusieurs reprises le portrait de son ami le peintre C. D. Friedrich au travail dans son atelier (1811, Hambourg, Kunsthalle ; v. 1811, musées de Berlin ; v. 1819, musée de Mannheim).

Kessel (les Van)

Famille de peintres flamands.

 
Hieronymus (Anvers 1578  – id.  1636). Il fut l'élève de Cornelis Floris en 1594. Il se rendit en 1606 à Francfort et à Augsbourg et aurait séjourné à Strasbourg entre 1609 et 1615. Il collabora avec Bruegel de Velours, dont il épousa la fille, Paschasie, en 1624. Il eut une importante activité de portraitiste (exemples à Cologne, W. R. M.).

 
Son fils Jan I (Anvers 1626 – id. 1679) fut l'élève de son oncle Jan II Bruegel et de Simon de Vos en 1634-35. Maître à Anvers en 1644, il a peint, souvent sur cuivre, des Bouquets de fleurs (musée de Tournai ; 1664, musée d'Angers) et surtout des Guirlandes entourant un cartouche dans la tradition de Daniel Seghers (1651, musée de Sibiù ; 1664, Ermitage ; 1672, musée de Marseille ; musées de Mayence et de Bordeaux ; Prado), sans toutefois atteindre à la puissance des volumes et à la simplicité monumentale des compositions de son modèle. Il collabora parfois avec Téniers : Guirlande avec la tentation de saint Antoine (Bruxelles, M. R. B. A.), Guirlande avec la Sainte Famille (Louvre). Jan I exécuta aussi, à la suite de Bruegel de Velours et de Hoefnagel, de minuscules Études de fleurs, de fruits ou d'insectes, présentées sur un fond gris clair (Rijksmuseum ; Oxford, Ashmolean Museum ; Cambridge, Fitzwilliam Museum), véritables planches de zoologie ou de botanique. Il eut deux fils peintres qu'il ne faut pas confondre avec Johannes (ou Johan) an Kessel (Amsterdam, 1641 – id. 1680), peintre de paysage, ami de Hobbema, auteur de Linge en train de blanchir (Moscou, musée Pouchkine).

 
Ferdinand (Anvers 1648 – Breda apr. 1696). Fils de Hieronymus, il travailla principalement à Breda dans le style de Bruegel de Velours. Son neveu et élève Jan Thomas (Anvers 1677 – id. 1741) fut maître à Anvers en 1704. Il peignit des scènes de genre et des corps de garde dans le goût de Brouwer et de Téniers : Deux Fumeurs (musée de Hanovre), l'Alchimiste (Vaduz, coll. de Liechtenstein).

 
Jan II (Anvers 1654 – Madrid 1708). Second fils de Jan I, formé par son père, il s'établit à Madrid en 1680, après un séjour probable en Italie. Nommé peintre du roi Charles II en 1686, il fut écarté de sa charge lors de l'accession au trône de Philippe V (1700), qui appela à sa cour des artistes français. Auteur d'un Portrait de famille dans un jardin (1680, Prado), il se libéra de la tradition flamande du portrait. Ses œuvres sont fort rares aujourd'hui.