Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
K

Kotík (Pravoslav)

Peintre et graveur tchèque (Slabce, près de Rakovník, 1889  – Prague 1970).

Il fit ses études à l'École des arts et métiers de Prague, et ses débuts furent marqués par l'Expressionnisme. Au seuil des années 20, il créa le Groupe social, qui, dans un style " néo-primitiviste ", traite les thèmes de la vie quotidienne, particulièrement celle des milieux prolétariens (la Banlieue, 1925, musée de Prague). Viennent ensuite des œuvres d'un Cubisme librement interprété et où résonnent encore des accents expressionnistes. Dans les tableaux des années 50, tout lien avec le réel a disparu : la forme compacte cède le pas à l'arabesque rythmée des lignes, à l'entrecroisement de plans colorés. La dernière période de Kotík a pour thèmes les aventures de la matière vivante (les Cellules, 1964) et la " comédie humaine ", traitée dans des toiles souvent sarcastiques (la Communication, 1960).

Kounellis (Jannis)

Peintre italien (Le Pirée, Grèce, 1936).

Après avoir passé ses vingt premières années en Grèce, où il commence à suivre un enseignement artistique, Kounellis s'installe à Rome en 1956 et suit les cours de l'Académie des beaux-arts. Marqué par l'œuvre d'Alberto Burri et de Lucio Fontana, puis par celle d'Yves Klein et de Piero Manzoni, il peint à partir de 1958 de grands tableaux composés d'agencements de lettres, de chiffres et de signes (flèches ou symboles mathématiques), reports sur toile de signes appartenant à l'espace social de la vie quotidienne, présentés lors de sa première exposition personnelle à Rome (gal. la Tartuga, 1960). Après 1963, Kounellis peint des mots simples, jours de la semaine associés à des couleurs (Lunedì, martedì, mercoledì, 1963) ou des signes musicaux liés à des titres de partitions. Après une interruption de 1965 à 1967, où l'artiste prend conscience du caractère fragmenté de la société et de l'inadéquation de la peinture, mode d'expression d'une unité historique et de la mesure, à exprimer cet éclatement social, Kounellis développe des propositions plastiques radicalement nouvelles. Il combine dans de nombreuses œuvres des formes inorganiques quant à la structure avec des matériaux organiques quant à la sensibilité, comme la laine brute, le minerai de charbon ou des animaux vivants : ainsi, en 1967, un perroquet devant une plaque de métal rectangulaire. Ces œuvres sont présentes dans les expositions de l'" Arte Povera " (1969, Bologne) ou de l'" antiform " (Quand les attitudes deviennent formes, Berne, Londres, 1969). Ce besoin d'implication de l'art dans la vie réelle amène Kounellis à présenter douze chevaux vivants dans une galerie (gal. l'Attico, Rome, 1969), marquant une mutation physique des sens habituels de la perception dans un espace artistique. L'usage du feu, répondant à l'utilisation d'un matériau de perturbation, sans stabilité, commencé avec Margerita (1969), se poursuit avec la présentation de bonbonnes de gaz projetant des flammes au niveau des yeux (gal. Iolas, Paris, 1969), ou au sol dans la même direction (1971), ou fixé à des cadres de sommiers métalliques ; liée au feu, l'utilisation de la fumée apparaît dans de nombreuses œuvres, trace mélancolique de la fugacité du temps et de l'histoire, souvent conjuguée à l'usage du fragment, de l'image cassé, particulièrement des moulages brisés de sculptures classiques, dans une sorte d'" iconographie de l'iconoclasme ", signe de la cohésion brisée de l'histoire, créant des mises en scène de fragments posés sur des stèles superposées et alignées dans l'espace (Sans titre, 1981, Rochechouart, Musée départemental d'art contemporain). À partir de 1969, année où Kounellis réalise sa première porte murée à San Benedetto del Tronto, composée de blocs de pierres superposés selon un appareillage grossier, l'artiste réalise fréquemment des structures de blocage de la vision, d'enfermement de l'espace, jouant sur des matériaux divers, fragments de statues, planches (exposition Zeitgeist, 1982, Berlin), planches posées en diagonale (Bordeaux, Musée d'art contemporain, 1985). Au milieu des années 1970, Kounellis commence à favoriser les relations de cohérence entre les différents éléments de son vocabulaire formel, permettant une évocation poétique du présent à partir d'archétypes artistiques et mythiques : ainsi, en 1977, dans une installation à Lucerne où une série de bonbonnes de gaz et de feu est interrompue par un tableau de Soutine et un homme recouvert de pigments jaunes. À partir de 1980, l'artiste exécute des œuvres dans lesquelles des étagères présentent des matériaux de récupération qu'il utilise pour murer ses portes et fenêtres. Cet intérêt pour la surface murale s'accentue à partir de 1983 avec la réalisation de grands panneaux d'acier synthétisant plusieurs éléments de son vocabulaire : panneau avec poutres, sommier et bec de gaz, étagères d'acier avec objets dans des couvertures, fragments de bois, traces de fumée (1984), séries de panneaux d'acier avec feu et sacs de toile espacés (Sans titre, 1985, Bordeaux, Musée d'art contemporain ; Sans titre, 1985, musée de Grenoble). L'œuvre de Kounellis a fait l'objet de plusieurs rétrospectives (A.R.C., Paris, 1980 ; Rimini, 1983 ; Chicago, 1986 ; Amsterdam, 1991. Une nouvelle exposition Kounellis a été présentée (Madrid, Centro de Arte Reine Sofia) en 1996-97). Son œuvre est représentée dans de nombreux musées en France : Paris, M. N. A. M. ; Bordeaux, Musée d'art contemporain ; Nîmes ; Strasbourg, Musée d'art moderne ; et à l'étranger : Eindhoven, Rotterdam ; Londres, Tate Gallery ; Schaffhausen, coll. Crex.

Kowalski (Piotr)

Artiste français d'origine polonaise (Lwów 1927-Paris2004).

Après des études de science et d'architecture, Kowalski aborde, à partir de 1958, en France, un ensemble de réalisations se situant au carrefour de la science, de la technologie et de l'art. Installations mobiles, sonores et lumineuses, les œuvres de Kowalski sont l'objet de commandes et de projets pour des lieux urbains spécifiques (Tour lumineuse pour le théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine 1972-1973 ; Sculpture flottante EDF, Orléans-la-Source 1967-1973). Étudiant les rapports énergie/matière, son/mouvement, perception/environnement, l'artiste a recours à des moyens technologiques de pointe tels que l'informatique, l'image numérique pour créer dans l'espace des dispositifs monumentaux ou des objets interactifs manipulés par le public. Le Centre Georges-Pompidou de Paris lui consacre une exposition personnelle en 1981 dans laquelle est présentée l'une de ses réalisations les plus élaborées, " Time Machine I et II ". Conçue comme un ordinateur, cette pièce permet la mesure du temps par le son et par l'image, et la réversibilité de ces ordres de mesure. Doté de nouveaux outils, l'art selon Kowalski quitte le champ de la représentation des images pour une expérience du temps et de l'espace réel. Il s'inscrit dans une réflexion sur une redéfinition de l'espace-temps continu développée dans les domaines de la recherche scientifique, mathématique et philosophique.