Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
T

tablette

Petite plaquette sur laquelle on écrivait à l'aide d'un poinçon, dans l'Antiquité et au Moyen Âge.

   Au Moyen Âge, les tablettes de buis, de cuir, de bois de figuier, voire d'ardoise, mais surtout d'ivoire, étaient parfois enrichies de peintures exécutées sur le support lui-même, ou sur un parchemin collé et préparé de poudre d'os et de plâtre. Deux tablettes reliées par des charnières formaient un « livret », maintenu par un fermoir.

   Des portraits de petites dimensions ont ainsi été exécutés sur des tablettes.

tachisme

Plus qu'un courant, le tachisme est une technique picturale caractérisée par des touches à l'aspect de taches, comme parfois chez les Macchiaioli, rénovateurs de la peinture en Italie dans la seconde moitié du XIXe siècle. Le tachisme définit également une tendance de la peinture abstraite et informelle dans les années 1950, caractérisée par l'emploi spontané de taches et de coulures. (Elle a été défendue par le critique Charles Estienne et représentée par Mathieu, Degottex, etc.)

Taddeo di Bartolo

Peintre italien (Sienne v. 1362 – id. 1422).

L'artiste est bien connu dans les archives siennoises grâce à la place importante qu'il tint dans la vie publique de sa cité. Son œuvre, très abondant, acquit une large résonance en dehors même de Sienne, puisque Taddeo di Bartolo travailla également à Gênes (1393 et 1397 ; il y put voir des œuvres de Barnaba da Modena, dont son œuvre porte trace), à Pise (1395 et 1397) et à Pérouse (1403). Sa formation initiale repose sur l'exemple de Francesco di Vannuccio et sur celui de Luca di Tommé, dans la tradition de Simone Martini, mais Taddeo sut se forger un métier sûr, qui oppose des préciosités de matière et de décor à l'idéal néo-giottesque alors prévalant en Toscane, tout en restant fermé à la fantaisie du Gothique courtois : manière bien personnelle, dont il ne se départit jamais.

   Le ton et le style de ses cycles de fresques ne présentent guère de variations au cours de sa carrière : à la collégiale de S. Gimignano (v. 1394, Jugement dernier, le Paradis, l'Enfer, Prophètes), à S. Francesco de Pise (1397, Scènes de la vie de la Vierge, Saints) comme au Palazzo Pubblico de Sienne (1406-1408, fresques de la chapelle ; 1417, fresque de l'avant-chapelle).

   Ses peintures sur bois présentent les mêmes qualités, qui, en dépit de certaines surestimations de la critique, restent celles d'un admirable artisan. Parmi ses retables (dont certains ont été démembrés et partagés entre plusieurs musées), on peut citer le Retable de San Gimignano (musée de S. Gimignano), le Retable de San Paolo all'Orto de Pise (1395, auj. au musée de Grenoble), le grand Polyptyque de l'Assomption (1401, Montepulciano, Duomo) avec plus de deux cents figures, le Retable de l'Annonciation de la P. N. de Sienne (1409), le Retable de Volterra (1411, pin.). Dans cette production de haut niveau constant, deux œuvres se détachent, où l'artiste réussit à forcer ses propres limites : le Polyptyque franciscain à double face de Pérouse (1403, G. N. ; panneaux de prédelle avec des Scènes de la vie de saint François au musée de Hanovre) et l'immense Crucifix de la P. N. de Sienne.

Taeuber-Arp (Sophie)

Peintre et sculpteur suisse (Davos 1889 – Zurich 1943).

Elle fréquenta les écoles des arts et métiers de Saint-Gall, de Munich et de Hambourg. En 1915, elle rencontre Jean Arp et participe avec lui, en utilisant des modes d'expression divers : peinture (Triptyque, 1918, Zurich, Kunsthaus), sculpture, marionnettes, numéros de danse, au mouvement Dada. Les deux artistes se marient en 1921, alors que Sophie Taeuber enseigne à l'École des arts et métiers de Zurich. Ils exécutent avec Théo Van Doesburg le décor de la brasserie de l'Aubette à Strasbourg (1927-1928, projets au musée de Strasbourg et au M. N. A. M. de Paris) ; cet ensemble (auj. détruit mais partiellement reconstitué en 1994) fut une importante réalisation montrant l'adéquation de l'abstraction au cadre architectural. De 1928 à 1940, Sophie Taeuber-Arp habite Meudon-Val-Fleury avec son mari dans une maison dont elle a dessiné les plans. En 1931, elle participe à l'association Abstraction-Création, puis crée avec César Domela la revue Plastique (1937-1939), dont 5 numéros verront le jour. La guerre la conduit avec son mari en Dordogne puis à Grasse (1941-1943), où elle retrouve Sonia Delaunay et Alberto Magnelli, enfin à Zurich, où elle meurt accidentellement. Son œuvre comporte un grand nombre de peintures et de reliefs ainsi que quelques sculptures et œuvres d'art appliqué. Dès 1916, l'artiste avait réduit son vocabulaire : carrés et rectangles de vives couleurs disposés perpendiculairement dans la surface, selon les horizontales et les verticales (Composition verticale-horizontale à triangles réciproques, 1918, Zurich, Kunsthaus). Dans les années suivantes, elle introduira des cercles, puis des courbes figureront parfois des animaux ou des objets stylisés. Toute son œuvre oscillera dès lors entre les ondulations linéaires et les constructions orthogonales les plus strictes avec l'utilisation de couleurs primaires (Quatre Espaces à croix brisée, 1932, Paris, M. N. A. M.). En 1936, l'artiste entreprend sa série de reliefs en bois constitués de formes géométriques simples appliquées sur un fond rectangulaire ou parfois découpé (Relief rectangulaire, cercles découpés, carrés peints et découpés, cubes et cylindres surgissant, 1938, Berne, K. M.). Sophie Taeuber-Arp est représentée notamment aux musées de Bâle et de Zurich, à Paris (M. N. A. M.), à Philadelphie (Museum of Art, coll. Gallatin), à Otterlo (Rijksmuseum Kröller-Müller), au musée de Winterthur et au musée de Grenoble. Une rétrospective lui a été consacrée en 1989-1990 au musée d'Art moderne de la Ville de Paris.

taille-douce

Nom donné à la gravure en creux. Ce terme s'applique en général à la fois à l'eau-forte et au burin. Néanmoins, on trouve le mot employé pour désigner la gravure au burin par opposition à l'eau-forte ; d'où la définition de Littré : « gravure exécutée avec le burin seul sans le secours de l'eau-forte. ». (Voir ESTAMPE.)