Degottex (Jean)
Peintre français (Sathonay, Ain, 1918 – Paris 1988).
Il commence à peindre v. 1939 pendant un long séjour en Afrique du Nord (paysages fauves). De retour à Paris, il s'engage bientôt dans des recherches non figuratives et obtient le prix Kandinsky en 1951. Son expérience ontologique de la gestuelle picturale, caractérisée par un constant et périlleux rétablissement au bord du vide, est unique dans l'art contemporain occidental (Aware II, 1961, Paris, M. N. A. M.). D'ailleurs, Degottex a déclaré capitale sa rencontre avec la pensée zen, qu'André Breton avait déjà soulignée en présentant son exposition dans la galerie " À l'étoile scellée " en 1955. Son œuvre, très abondante, se répartit en " séries " bien définies, celle des Vides, exposée en 1959, (Vide de l'inaccessible, 1959, musée d'Évreux), celle des Sept Métasignes, en 1961, celle des Écritures (1962), les suites Rouges, Rose-Noir, Obscures de 1964, avant les Métasphères de 1965 et les Horsphères de 1967. Degottex a étendu ses recherches à d'autres matériaux (la Révolution continue, 1970, neuf-éléments : bois blanc vinyle et Altuglas). La Suite Média (1972-1974 ; exposée gal. Germain en 1974 et gal. Fournier, en 1976) associe en noir et blanc des matériaux extrême-orientaux et contemporains : encre de Chine, acrylique, papier et toile, découpe géométrique et tache. Cette réflexion s'est poursuivie avec les Papiers pleins (gal. Germain, 1976), dans lesquels le grattage et le décollage sur le papier clair font naître des reliefs cicatriciels balisant rythmiquement la surface. Le peintre a exposé à Paris gal. Kléber, Gal. internationale d'art contemporain, gal. Fournier, gal. Germain et gal. de France. Des séries comme les Lignes-report (1977-78), les Report terre/noire (1981) ou les Lignes-bois (1984) font jouer des suites de lignes superposées sur toute la surface du tableau, soit comme des sillons, soit comme de fines raies un peu tremblantes, qui poursuivent les recherches de l'artiste. Il est représenté à Paris (M. N. A. M.) et dans de nombreux musées français (Dijon, Grenoble, Marseille, Toulon), à Bruxelles (M. R. B. A.), au musée de Liège, à Minneapolis (Inst. of Arts), à New York (Guggenheim Museum), à Osaka (Pin. de Gutai) et à Vienne (musée de XXe siècle). L'artiste a fait l'objet d'importantes expositions au musée de Grenoble (1978), à l'A. R. C. à Paris (1978), aux musées d'Évreux et de Bourg-en-Bresse (1988), au Carré d'Art à Nîmes (1992).
Degouve de Nuncques (William)
Peintre belge d'origine française (Monthermé, Ardennes, 1867 – Stavelot, Belgique, 1935).
Sensible, racé, issu d'une famille noble et cultivée, l'artiste rêvait d'être musicien. Après des études à Bruxelles, il se forma, à Malines, au contact de Jan Toorop, qui fit de lui, en 1891, un portrait et dont il devait, par la suite, partager l'atelier. Il exposa un Paysage brabançon à la Société nationale des beaux-arts à Paris en 1894. Dès cette époque, il était lié avec le poète Émile Verhaeren — dont il devait épouser la belle-sœur en 1894 — et avec les poètes de la Jeune Belgique. Appartenant au mouvement symboliste bruxellois, il fit partie des Vingt, de la Libre Esthétique, de Vie et lumière. En 1898, il organisa sa première exposition particulière à Rotterdam. Jusqu'en 1914, il fit de fréquents voyages à travers l'Europe (Italie, Baléares, Autriche, sud de la France, Suisse, Allemagne). Au moment de la guerre de 1914, il choisit de s'installer à Blaricum, en Hollande, où il avait déjà acquis une certaine renommée. Rentré en Belgique en 1919, il se fixa bientôt à Stavelot. Son œuvre comporte de 700 à 800 tableaux, pastels, dessins et lithographies. La période la plus séduisante de son activité est celle d'inspiration symboliste, entre 1891 et 1899. Ses paysages, par le découpage souvent insolite de " morceaux " de campagne ou de ville et par les effets nocturnes, annoncent certains aspects du Surréalisme. Citons les compositions étranges que sont les Anges de la nuit (1891, Otterlo, Kröller-Müller), le Cygne noir (1896, id.) ; Effet de nuit (1896, pastel, musée d'Ixelles) ou l'Aube (1897, pastel, musée de Gand). Enfin, très caractéristique est le parti mystérieux que l'artiste sut tirer des troncs d'arbre, comme dans le Sous-bois (1894, pastel, Nancy, musée des Arts décoratifs). Par la suite, Degouve de Nuncques revint à un certain naturalisme, comme en témoigne le Puig Major Majorque (Bruxelles, M. R. B. A.). Le Kröller-Müller d'Otterlo conserve le plus bel ensemble de ses œuvres (17 tableaux, 8 pastels et dessins).
dégradé
Affaiblissement progressif de l'intensité lumineuse et chromatique d'une teinte ou d'une couleur en passant par tous les degrés de valeur intermédiaires.
" Parmi les différences entre les couleurs, celles du degré (du plus clair au plus foncé) au sein d'une même espèce ne posent d'autres problèmes que ceux du blanc et du noir dont elles participent et ces problèmes relèvent du clair-obscur. " (Roger de Piles, Dialogue sur le coloris, 1699, ou Cours de peinture par principes, 1707.)
Dehodencq (Alfred)
Peintre français (Paris 1822 – id. 1882).
Élève de Cogniet, il professa d'abord une admiration pour Géricault. Son art évolua après un voyage en Espagne et au Maroc. Dehodencq allia un orientalisme haut en couleur à un sens réaliste des types et des costumes (Course de novillos, 1850, musée de Pau). Il subit une influence superficielle de Delacroix (l'Adieu de Boabdil à Grenade, Salon de 1869, musée d'Orsay), lui empruntant des figures et des thèmes (Fête juive à Tanger, 1870, musée de Poitiers) sans atteindre à son génie de la couleur, de la lumière et de la technique. Il n'aborda que rarement le portrait ; citons une de ses meilleures réussites dans ce genre, le Prince Piscicelli (1850, musée de Bordeaux).
Dekkers (Ad)
Peintre néerlandais (Nieuwpoort 1938 – Gorinchem 1974).
Ad Dekkers étudie à l'Académie des beaux-arts de Rotterdam de 1954 à 1958. De 1960 à 1963, il enseigne à l'École technique de Culemberg. En 1960, il commence à peindre des œuvres marquées par le PostCubisme. Il crée ses premiers reliefs en 1960-61 sous l'influence du Néo-Plasticisme de Mondrian et du Britannique Ben Nicholson, orienté lui même dans sa recherche esthétique par la rencontre de Mondrian. Il pratique alors une manière très proche de celle de Jean Gorin, qui expose en 1930 avec le groupe Cercle et carré à Paris, ou encore des premières œuvres de Joost Baljeu dans leur structure et leur emploi des contrastes de formes. En 1965, il a sa première exposition à la gal. Swart, à Amsterdam, année où il exécute ses premiers travaux, qui relèvent d'une démarche systématique : chaque élément de la surface et chaque partie de la composition sont en effet justifiés. Ad Dekkers réalise de nombreux reliefs totalement blancs en utilisant des plans superposés et plus volontiers en incisant des lignes en creux dans la surface blanche. Ce champ vide ponctué de quelques signes linéaires est seulement animé par la lumière, qui joue sur les arêtes. Son évolution personnelle, qui va le porter à utiliser le moins de formes possibles, le fera aboutir à une formulation proche du Minimal Art. Ad Dekkers a eu de nombreuses expositions personnelles, au Stedelijk Museum d'Amsterdam en 1968, au Gemeentemuseum de La Haye en 1972 ; celle du Stedelijk Van Abbemuseum d'Eindhoven en 1974 sera posthume, l'artiste s'étant suicidé. En 1982, une exposition rétrospective de son œuvre a été organisée à Amsterdam au Stedelijk Museum, puis à la Kunsthalle de Baden-Baden ainsi qu'à la Maison de la culture de Chalon-sur-Saône. Ad Dekkers est bien représenté dans les musées néerlandais et allemands ainsi qu'au M. O. M. A. de New York et au musée de Grenoble.