Hoogstraten (Samuel Van)
Peintre néerlandais (Dordrecht 1627 – id. 1678).
D'abord élève de son père, Dirck, il entra ensuite v. 1640 dans l'atelier de Rembrandt, où il eut pour condisciples Carel Fabritius et Furnerius. Dès 1648, il était rentré à Dordrecht, puis il partit pour Vienne en 1651, pour Rome en 1652 et de nouveau pour Vienne en 1653, avant de rentrer l'année suivante à Dordrecht, où il demeura, excepté pendant les années 1662-1666 (Londres) et 1668-1671 (La Haye). Très vite, il renonça à la manière de Rembrandt, qui lui avait pourtant permis de faire quelques bons tableaux, comme son Autoportrait de 1644 (Rotterdam, B. V. B.), d'un beau coloris brun-rouge, chaleureux et vivant. Il se tourna au contraire résolument vers la peinture de genre des intimistes tels que Pieter De Hooch, Steen et Metsu, se faisant même une véritable spécialité de l'évocation de savantes perspectives d'intérieur, comme en témoigne sa fameuse boîte optique (Londres, N. G.), ainsi que du rendu illusionniste des objets, qui forçait l'admiration de son disciple Houbraken : l'Homme à la fenêtre (1653, Vienne, K. M.). Il traita les genres les plus divers : portraits, natures mortes, scènes bibliques et bien entendu les traditionnelles scènes d'intérieur, trop imitées de Pieter De Hooch et bien moins fines. On lui attribue aujourd'hui les Pantoufles,du Louvre, provenant de la coll. de Cröy. Excellent dessinateur, il donne à ses œuvres des effets picturaux par l'association savamment douée entre la plume, le pinceau, la pierre noire et la sanguine (Homme nu, Femme nue riant, Louvre, cabinet des Dessins). Hoogstraten fut aussi graveur, poète, écrivain et théoricien ; il reste surtout connu comme l'auteur de l'Inleyding tot de Hooge Schoole der Schilderkunst, publiée en 1678, document irremplaçable sur l'école hollandaise du XVIIe s. et classique de la littérature d'art, comme les ouvrages de Houbraken ou de Van Mander.
Hopper (Edward)
Peintre américain (Nyack, New York, 1882 – New York 1967).
Sa formation artistique s'effectua auprès de Kenneth Hayes Miller et de Robert Henri à la New York School of Art (de 1900 à 1906). Entre 1906 et 1910, Hopper fit trois voyages en Europe, durant lesquels il séjourna principalement en France. Contrairement à la plupart de ses compatriotes qui se rendirent à cette époque en Europe, il se montra relativement insensible aux développements les plus avancés de l'art européen. Il tira quelques leçons du Néo-Impressionnisme, ignora totalement le Cubisme naissant, et les toiles de cette époque qui nous sont parvenues indiquent déjà clairement l'acquisition d'un style solide et personnel, sobre et concerté, dont il ne se départit jamais (le Quai des Grands-Augustins, 1909, New York, Whitney Museum). Hopper exposa pour la première fois à l'Harmonie Club en 1908 en compagnie d'autres artistes et, bien que la toile qu'il montra à l'Armory Show (Sailing, 1913, coll. James H. Beal) eût trouvé acquéreur, le succès fut lent à venir. Aucun autre tableau ne fut vendu avant 1923. Entre 1915 et 1920, son activité de peintre fut d'ailleurs quelque peu réduite : pour subvenir à ses besoins, Hopper devait travailler comme illustrateur commercial et, dès 1915, il commença une série d'ailleurs brillante d'eaux-fortes (Night Shadows, 1921 ; Train and Bathers, 1930).
Hopper mena une vie calme, entièrement vouée à l'accomplissement de son œuvre. Il ne retourna jamais en Europe après 1910 mais voyagea abondamment aux États-Unis et au Mexique. Le choix de ses sujets, paysages américains, figures solitaires dans des chambres d'hôtels ou des bars, monde du théâtre, l'a souvent fait passer pour un simple illustrateur, ce dont lui-même se défendait. Son " américanisme " réside moins dans ses sujets que dans sa manière de peindre, franche, directe et solide, que les peintres pop admireront.
Sa production, considérable, ne saurait être caractérisée par époques. Son style accuse peu de différences entre 1913 et 1965. Cette obstination typique de son caractère est aussi l'une des raisons de la grandeur de son œuvre. Parmi ses toiles les plus célèbres, il convient de citer Early Sunday Morning (1930, New York, Whitney Museum), Room in Brooklyn (1932, Boston, M. F. A.), New York Movie (1939, New York, M. O. M. A.), Gas (1940, id.), Nighthawks (1942, Chicago, Art Inst.), Second Story Sunlight (1960, New York, Whitney Museum). Dès 1933, Hopper bénéficia d'une rétrospective au M. O. M. A. Le Whitney Museum lui en consacra plusieurs en 1950, en 1964, en 1971 ; le musée Rath à Genève en 1991-92 et, de nouveau, le Whitney Museum de New York en 1995, après que ce musée eut reçu en règlement de son testament plusieurs milliers d'œuvres — soit le contenu presque intégral de son atelier après décès.
Signalons enfin que Hopper représenta les États-Unis à la Biennale de Venise en 1948 en compagnie de Calder, de Stuart Davis et de Kuniyoshi. En 1989, le musée Cantini à Marseille a présenté une exposition rétrospective de son œuvre.
Hoppner (John)
Peintre britannique (Londres 1758 – id. 1810).
Élève à la Royal Academy en 1775, il exposa pour la première fois en 1780. Dans ses premiers portraits, comme la Princesse Mary (1785, Windsor Castle), il associe avec bonheur le style de Reynolds et celui de Romney. En 1789, il fut nommé portraitiste du prince de Galles, son fidèle protecteur, et, en 1793, A. R. A., puis, en 1795, R. A. Ses œuvres ultérieures dénotent l'influence de Lawrence, dont il fut le rival. Hoppner figurait parmi les portraitistes les plus en vue de son temps, surtout parce qu'il sut rendre l'élégance mondaine des beautés féminines et le charme des enfants qui étaient ses modèles.
Il n'acquit pourtant jamais un style personnel et continua de peindre selon les formules à la mode. Son œuvre, abondante, est représentée à Londres (N. G. et Tate Gal.), à Windsor Castle, à Petworth (National Trust Coll., Nymphe endormie) et aux États-Unis (H. E. Huntington Coll., Cal., Lady Beauchamp, marquise de Hertford ; New York, Frick Coll., Ladies Sarah et Catherine Bligh ; Detroit, Inst. of Arts).