Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Duck (Jacob)

Peintre néerlandais (Utrecht v.  1600  –La Haye apr.  1660).

Peintre de genre, il est élève de Droochsloot, et maître de la gilde des peintres d'Utrecht en 1630 et 1632 ; en 1656, il s'installe à La Haye et y restera jusqu'à sa mort. Il a peint des scènes de corps de garde : Écurie avec soldats (Rijksmuseum), Soldats dans une grange (Ermitage), Soldats jouant aux cartes (Munich, Alte Pin.), le Dépôt du butin (Louvre), le Corps de garde (Stuttgart, Staatsgal.) et des scènes de la vie bourgeoise : Réunion musicale et dansante (Munich, Alte Pin.), le Divertissement musical (Dresde, Gg), dans un style précis et délicat, attaché à la description des étoffes et des objets, et un coloris discret et raffiné nettement influencés par Pieter Codde.

Ducreux (Joseph)

Peintre français (Nancy 1735  –Paris 1802).

Installé à Paris en 1760, voyageant à Londres (1764 et 1791-1793) et à Vienne, où il séjourna quelques années à partir de 1769 (copie à Versailles du portrait de Marie-Antoinette par Charpentier), il devint premier peintre de la reine. Ce fut un portraitiste incisif, comme en témoignent ses Autoportraits (1784, musée de Rouen ; Paris, Louvre et musée Jacquemart-André), très expressifs, souvent grimaçants, où il se figure parfois riant aux éclats, baîllant ou se montrant du doigt. Comme son maître La Tour, il porte tout son intérêt sur le visage humain, qu'il veut vivant, voire spirituel (un Bénédictin, 1790, pastel au musée de Chartres) ; le refus des accessoires et un métier vigoureux lui permettent de rendre très émouvante l'effigie de ses modèles, même officiels (Louis XVI, Paris, musée Carnavalet). Ducreux exécuta aussi des miniatures pour des tabatières (Louvre).

Dudreville (Leonardo)

Peintre italien (Venise 1885  – Ghiffa 1975).

Après une brève formation à l'Académie de la Brera, à Milan, Dudreville s'installe à Paris, en 1906 et 1907, et y rencontre Severini. Sa peinture s'inscrit alors dans le courant divisionniste. De retour à Milan, il est signataire du Manifeste des peintres futuristes (1910), puis, en 1913, contribue à la préparation du groupe Nuove Tendenze il est chargé de contacter les artistes susceptibles d'être intéressés par le projet. Les toiles exposées à la Famiglia Artistica (1914) attestent un changement notable dans sa pratique : chromatisme influencé par Severini, dynamisme, réflexion sur le rayonnement circulaire et l'énergie lumineuse (Expansion de la poésie, 1913). Après la guerre, une oscillation entre diverses positions théoriques caractérise son attitude. Ainsi, il signe le manifeste futuriste Contre tous les retours en arrière dans la peinture (1920), puis, en 1921, se rapproche du groupe Valori Plastici, et, enfin, se trouve être un des fondateurs du groupe Novecento, qu'il quittera en 1924 suite à des désaccords avec Sarfatti quant à une orientation fasciste du mouvement. En définitive, le choix individuel du vérisme le retiendra jusqu'à la fin de sa carrière. Ses écrits théoriques et son autobiographie s'avèrent d'un intérêt certain.

duecento

Terme italien désignant le XIIIe s.

Dufour (Bernard)

Peintre français (Paris 1922).

Il obtient son diplôme d'ingénieur agronome en 1946 tout en fréquentant les académies libres de Montparnasse et commence à exposer au Salon de mai en 1948. Accueilli d'abord à la gal. Jeanne Bucher (Paris) de 1951 à 1953, Dufour est surtout soutenu par Pierre Loeb, chez qui il expose régulièrement à partir de 1955, ainsi que chez Albert Loeb, à New York, dès 1959. Il expose encore à la gal. L'Œil, en 1964, et est invité la même année à la Biennale de Venise. De 1964 à 1977, il n'a pas de marchand ; il est représenté depuis 1985 par la gal. Beaubourg (Paris). L'œuvre de Dufour s'est développée comme une exploration du réel à la limite de l'imaginaire, faisant une part égale à la sensibilité, voire à la sensualité, et à la démarche intellectuelle. À ses débuts, l'artiste conçoit l'épreuve nécessaire de l'abstraction sur les rapports des formes organiques et en dégage déjà une dynamique sensuelle. Aussi, quand la figuration (le nu féminin et l'autoportrait) apparaît dans ses toiles, en 1960, c'est tout naturellement par l'approfondissement de la même expérience charnelle et sans que l'on puisse vraiment parler, à ce moment précis, d'un " retour à l'image ". L'érotisme se manifeste dans la peinture de Dufour avec une gravité qui atteint parfois au tragique, et une inquiétude sourd de son espace pictural, celle des architectures labyrinthiques (peintures vénitiennes, 1960) ou celle des miroirs et des fenêtres ouvertes (autoportraits dans l'atelier aveyronnais, 1962), qui prêtent leurs jeux à une vision ambiguë. Peintre inspiré, Dufour devait rencontrer les poètes et a illustré notamment André Pieyre de Mandiargues, Michel Butor, Jean Paulhan. Il participe en 1977 à l'exposition " Guillotine et peinture " au M. N. A. M. de Paris avec un Holger Meinz (1975) au dessin incisif chargé de tension dramatique. Une exposition de ses dessins a été présentée (Paris, Bibliothèque nationale) en 1991.

Dufrêne (François)

Peintre français (Paris 1930– Paris 1982).

Tout l'œuvre de Dufrêne a été réalisé sous le signe de l'obsession du langage, de la lettre, du mot et de sa transcription plastique : de 1946 à 1953, Dufrêne est membre du mouvement lettriste, d'abord proche d'Isidore Isou, puis de Wolman et de Debord dans l'Internationale lettriste. En 1953, il donne des " crirythmes ultralettristes ", sortes d'improvisations enregistrées, sons automatiques nés de la gorge et du souffle. Mais ce sont les premiers dessous d'affiches (la Golonne fantôme), réalisés en 1957, après la rencontre avec Hains et Villeglé en 1954, qui constituent le principal apport plastique de Dufrêne : ils sont présentés au public pour la première fois lors de la première Biennale de Paris, en 1959. Abandonnant à Hains et Villeglé l'endroit des affiches, Dufrêne exploite les possibilités formelles des envers, où, par la technique du grattage, l'artiste laisse apparaître certaines lettres (Encore, 1965), des images fantomatiques presque effacées parmi les lambeaux de papiers collés (le Pop ? Tintin ?, 1961, la Demi-Sœur de l'inconnue, 1961) ou ne laisse subsister la moindre parcelle d'écrits ou d'images déchiffrables (le Décor de l'envers, 1960). En 1960, il signe la déclaration constitutive du groupe des Nouveaux Réalistes et participe aux activités collectives de celui-ci. Ses dessins d'affiches sont présentés dans des expositions personnelles : les Archi-Made, 1963, ou le Monumental, 1964, gal. J., série de panneaux formant l'image de ce mot découpé dans des dessous d'affiches. Parallèlement, il participe à des happenings (Meredith's blues dans la Catastrophe, happening de Jean-Jacques Lebel, Paris, 1962) ainsi qu'à la manifestation Fluxus festum fluxorum, Paris, 1962. Après avoir organisé en 1960 le premier panorama de poésie phonétique à la gal. des Quatre Saisons, il continue à produire de nombreuses poésies sonores, dont il avait donné, dès 1958, un exemple avec Tombeau de Pierre Larousse : en 1964, les Comptines ; en 1972, le Poème des mots carrés, réalisé au Centre Georges-Pompidou en 1977, expérimentation d'un système de progression arbitraire de syllabes dont une transcription visuelle est présentée gal. Raph en 1977. En 1973, il expose des stencils et des dessous de stencils (gal. Weiller, Paris) et il crée ses premières bibliothèques en ouate de cellulose. De 1979 à 1982, il participe à Polyphonie à l'American Center de Paris et en 1980, aux rencontres internationales de poésie sonore au Centre Georges-Pompidou. Une première anthologie de textes sonores est enregistrée en 1981 (Crirythme exprès). Les musées des Sables-d'Olonne, de Nemours et de Villeneuve-d'Ascq lui ont consacré une rétrospective en 1988. Son œuvre est représenté aux musées de Nice et de Toulon.