Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Opie (John)

Peintre britannique (Cornouailles 1761  Londres 1807).

Fils d'un charpentier de Cornouailles, il fut pris en charge à quatorze ans par le Dr John Wolcot (Peter Pindar), lui-même élève de Richard Wilson, qui lui apprit à connaître l'œuvre de Rembrandt et des " ténébristes ". En 1781, Wolcot mena Opie à Londres avec l'intention de lancer son " Cornish Wonder " (prodige de Cornouailles) sur la scène artistique londonienne. Ce fut le succès immédiat pour le peintre, qui débuta comme portraitiste. Opie réussissait particulièrement bien les portraits de personnes âgées : Mrs. Delany (1782, Londres, N. P. G.). En 1784, il exposa à la Royal Academy (où il fut reçu en 1787) un tableau de genre intitulé l'École (Angleterre, coll. part.) qui devait beaucoup à la peinture du XVIIe s. flamand et hollandais. Il commença à collaborer à la Galerie shakespearienne de Boydell en 1786 et, l'année suivante, peignit la Mort de Rizzio (Londres, Guildhall Art Gal.). Avec l'âge, la qualité de ses tableaux baissa. Ses peintures plus tardives appartiennent au Romantisme : le Père en colère ou la Découverte de la correspondance clandestine (1802, Birmingham, City Art Gal.). Dans les années 1780 et 1790, les tableaux d'Opie exercèrent plus d'influence que, dans le domaine de la peinture d'histoire, ceux de ses contemporains Copley et West, et l'artiste instaura une tradition, qui atteignit son apogée, avec les peintres français illustrant l'histoire médiévale, au cours des vingt premières années du XIXe s. Il est représenté notamment à Londres, au Guildhall, à la Tate Gal. (série de portraits) et à la N. P. G. (une quinzaine de portraits), aux musées d'Aberdeen, de Birmingham, de Bristol, de Glasgow, de Leeds.

Oppenheim (Dennis)

Artiste américain (Mason-City, Washington, 1938).

C'est au sein du Land Art qu'Oppenheim est apparu en 1967-1969 : Annual Rings (1968) rend factices les frontières nationales en reproduisant à grande échelle, sur chaque rive du cours d'eau qui sépare les États-Unis du Canada, les courbes de croissance d'un arbre. À partir de 1969, il réalise une série de " Body-Works " : Reading Position for Second Degree Burn (1971) montre l'empreinte d'un livre sur le torse de l'artiste par ailleurs couvert de coups de soleil. La recherche d'Oppenheim porte sur le fait d'objectiver la pensée sans traduire : " Pourquoi ne pas inverser le procédé et permettre à la pensée de s'insérer après que la forme a été mise en place ? " Ses œuvres se présentent comme des équivalents d'une structure mentale qui doivent empêcher toute déperdition d'énergie chez le spectateur. En 1972 commence la série des " Installations ", peuplées de marionnettes mettant en scène l'angoisse et la mort (Attemp to Raise Hell [1974] montre un personnage qui se frappe méthodiquement la tête contre une énorme cloche, et joue sur l'anglais hell et bell). Les années 80 voient apparaître les Constructions, à l'échelle humaine, de plus en plus proliférantes et catastrophiques : projectiles meurtriers dans Beyond the Tunnel of Hate (1979) ou mystérieuses usines immobiles et menaçantes.

   À la fin de la décennie, les Virus utilisent technologie domestique et gadgets : fantômes tourbillonnant au bout de perceuses électriques, échelles d'A. D. N. composées de personnages de Walt Disney. Oppenheim a été présent dans la plupart des grandes expositions internationales. Le Paris Art Center (1989) lui a consacré une manifestation importante, et une rétrospective a circulé en Europe (France exceptée) et aux États-Unis en 1990. L'artiste est représenté aux Pays-Bas dans le musée Boymans de Rotterdam, au Kröller-Müller d'Otterlo et au Gemeentemuseum de La Haye. Le M. N. A. M. de Paris et le C. A. P. C. de Bordeaux possèdent des pièces, de même que le Kunsthaus de Zurich, le musée d'Art et d'Histoire de Genève, le Louisiana Museum d'Humlebaek (Danemark), la Staatsgal. de Stuttgart.

Oppenheim (Meret)

Peintre et sculpteur suisse (Berlin  1913  – Bâle  1985).

Après avoir fréquenté diverses écoles en Suisse, elle se rend à Paris en 1932. Elle suit sporadiquement les cours de l'Académie de la Grande-Chaumière, mais elle préfère travailler seule, exécutant des dessins qu'elle complète parfois par des objets collés. En 1933, elle rencontre A. Giacometti et H. Arp qui l'incitent à exposer avec les surréalistes au " Salon des surindépendants " et, jusqu'en 1937, elle participera à toutes les expositions du groupe.

   Avec Meret Oppenheim apparaît une nouvelle application du principe du collage par la réunion d'éléments étrangers. L'exemple le plus célèbre est le Déjeuner en fourrure, 1936, qui, à peine achevé, est acheté par Alfred Barr pour le Museum of Modern Art de New York. Ce couvert tapissé de fourrure rend inutilisable un objet connu et devint le symbole de l'objet surréaliste. À cette date, elle voit sa première exposition personnelle à Bâle à la galerie Schulthess. À partir de 1937, elle connaît une crise artistique qui devait durer 17 ans. Oppenheim continue malgré tout de travailler, mais détruit ou laisse inachevées beaucoup d'œuvres. Elle reste pourtant en contact avec le Groupe 33 et participe aux expositions de l'Association artistique suisse " Allianz ".

   À la fin des années 50, elle entre dans une nouvelle période de production et elle exécute quelques idées de l'époque parisienne (Spectateur vert, 1959, Berne, Kunstmuseum). En 1974-1975, une rétrospective de son œuvre a lieu dans les musées de Soleure, Winterthur et Duisburg. En 1982, elle participait à la Documenta 7 de Kassel. Outre des peintures, dessins, collages et sculptures, elle a également réalisé des meubles et des bijoux (l'Oreille de Giacometti, 1933-1977). Une exposition lui a été consacrée (Chicago, Museum of Contemporany Art) en 1996.

Oppi (Umbaldo)

Peintre italien (Bologne 1889  – Vicence 1942).

Il s'inscrit en 1907 à l'Académie de Vienne, où il suit les cours de G. Klimt. Quittant l'Autriche où il avait passé son enfance, il voyage à travers l'Europe et s'installe à Paris en 1911. Durant son séjour, jusqu'en 1915, il va avouer un intérêt marqué pour la peinture italienne du Trecento et du Quattrocento qu'il étudie au Louvre ainsi que pour la " période bleue " de Picasso. Les toiles qu'il présente à la VIIIe Mostra de la Ca' Pesaro et à la galerie Paul Guillaume en 1913 témoignent d'un attachement particulier au Post-Impressionnisme et au Symbolisme. En 1920-21, il prend part au Salon des indépendants à Paris avant de regagner l'Italie. Les œuvres qu'il réalise à cette époque sont empreintes d'un caractère néoclassique (Autoportrait avec sa femme, 1920).

   De ses liens avec Dudreville, Bucci, Sironi et Malerba est issu en 1922 le mouvement du Novecento, formé à Milan, auquel il restera toujours attaché, en dépit de sa volonté de se démarquer parfois du groupe : il obtient en 1924 une salle personnelle à la Biennale de Venise. Salué par la critique comme un artiste capable d'une " discipline implacable de l'esprit et de la forme ", il produit en 1925 une série de peintures à thèmes religieux qui annoncent en quelque sorte les fresques qu'il réalise en 1928 dans la chapelle San Francesco au Campo Santo de Padoue. Son œuvre a figuré dans de nombreuses expositions particulières ou collectives comme celles du Novecento en 1926 à Milan, en 1930 à la Galleria del Milione à Milan, ou celle que le M. N. A. M. de Paris a organisée autour de " Réalismes de 1919 à 1930 " en 1981-82.