Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
C

Chryssa

Artiste américaine d'origine grecque (Athènes 1933).

Après des études à la Scholi Kinonikis Pronias d'Athènes, Chryssa s'installe à Paris puis se rend en Californie. Influencée par les œuvres primitives des Cyclades, elle réalise dans les années 50 des bas-reliefs où dominent les effets de structure, de formes répétées et où déjà apparaissent des lettres qui sont utilisées comme élément plastique. Par la suite, son œuvre va présenter de nombreux rapports avec l'art des artistes européens du Nouveau Réalisme et du pop art comme en témoigne le cycle qu'elle a entrepris à partir de 1958 sous le titre de Newspaper Images. Elle s'installe en 1957 à New York et a sa première exposition personnelle en 1961 à la Galerie Betty Parsons. Son travail évolue de plus en plus dans les trois dimensions à partir de cette date. C'est en 1962 qu'elle se consacre à l'utilisation du néon en réalisant des œuvres soit murales, soit dans les trois dimensions, où le motif qui domine est celui de la lettre, de l'hiéroglyphe ou du signe abstrait pour composer des écritures lumineuses scandant l'espace. Chryssa a participé à de nombreuses expositions internationales, en particulier en 1966, à l'exposition " Kunst Licht Kunst " organisée au Stedelijk Van Abbe Museum d'Eindhoven. Ces œuvres sont conservées dans de nombreuses collections particulières et publiques notamment aux États-Unis.

Chtchédrine (Semion Fiodorovitch)

Peintre russe ( ? 1745  – Saint-Pétersbourg 1804).

Formé à l'Académie de Saint-Pétersbourg, puis à Rome et à Paris chez F. Casanova, il a laissé de jolies vues des environs de Saint-Pétersbourg dans l'esprit de J. Vernet et de Moreau l'Aîné (le Pont de pierre à Catchina, v. 1800, Moscou, Tretiakov Gal.).

 
Son neveu Silvestre Feodossievitch (Saint-Pétersbourg 1791 – Sorrente 1830) est un des meilleurs paysagistes européens de son époque. Il étudia à l'Académie de Saint-Pétersbourg (1800-1811). Il vécut en Italie (Rome et Naples) de 1818 à sa mort prématurée ; ses petits paysages de la campagne romaine et du littoral napolitain obtinrent un grand succès auprès de la clientèle internationale des " touristes ". Ces tableaux, où la nature est interprétée avec une émotion de romantique et un sens des formes et de la lumière qui appellent le rapprochement avec les œuvres italiennes du jeune Corot, se trouvent aujourd'hui pour la plupart à la Tretiakov Gal. à Moscou (Vue de Rome avec le château Saint-Ange, 1825 ; Vue de Sorrente, 1826 ; Grotte à Sorrente, 1827) et au Musée russe de Saint-Pétersbourg (la Terrasse, 1829). Le Louvre possède de Chtchédrine une Terrasse à Sorrente (1826).

Church (Frederick Edwin)

Peintre américain (Hartford, Conn., 1826  – New York 1900).

Formé d'abord localement, il fut remarqué par le mécène et collectionneur D. Wadsworth, qui lui permit d'aller étudier avec Thomas Cole, dont il fut le dernier élève, avant de se rendre à New York, à la N. A. D. (1845). Il en fut élu associé (1849) puis membre. Il élargit le cadre géographique de l'Hudson River School aux dimensions du monde connu. Auteur de paysages panoramiques gigantesques, d'une très grande minutie d'exécution, il voyagea en Amérique du Sud (1853), aux Antilles, au Labrador (1861), puis il visita l'Etna, le Parthénon, Jérusalem et Baalbek (1867). Influencé par le Cosmos de Humboldt (1847), il considéra la peinture comme un instrument scientifique d'exploration du monde en même temps qu'un moyen d'éducation pour une symbolique théologique. Il réunit souvent dans ses toiles différents points de vue sur un même site. Son succès fut immense à partir de Niagara (1857, Washington, Corcoran Gal. of Art) ; le Crépuscule dans la nature sauvage (1860, musée de Cleveland) représente au mieux sa conception de la nature, qui est un reflet de la présence divine. Church se préoccupait beaucoup de la présentation de ses toiles (ainsi que l'a montré l'exposition rétrospective de la N. G. of American Art de Washington en 1987-88). Une arthrose de la main l'obligea à se rééduquer pour continuer à peindre (1877), mais son succès déclina rapidement après 1880 et il mourut oublié. Son œuvre est aujourd'hui réévaluée.

Chwistek (Léon)

Peintre et écrivain polonais (Cracovie 1884  – Moscou 1944).

Dès 1902, Chwistek suit des études poussées de logique mathématique tout en apprenant le dessin et la peinture. Les artistes de Cracovie constituant l'avant-garde polonaise le reconnaissent comme théoricien leader des Formistes à partir de 1917. L'influence du cubisme et du futurisme se ressent dans ses peintures — particulièrement en ce qui concerne la composition (l'Escrime, 1919) —, dans ses projets architecturaux, ainsi que dans ses nombreux écrits, dont ceux édités par la revue Formis'ci (1917-1921). Rapidement, un combat théorique au sein du groupe l'oppose à Witkiewicz, ce qui engendre la désintégration du mouvement en 1922. Il rédige seul son manifeste pictural (le Strefizm, 1925), où il prône une interprétation sensuelle de la nature. Dès le début des années 1930, des publications variées constituent son activité essentielle. Il s'affirme tout à la fois écrivain (son roman les Palais de Dieu sort en fragments entre 1934 et 1939), philosophe concerné par des recherches sur la culture de masse (Problèmes de la culture spirituelle en Pologne, 1933), et éminent logicien (son essai The Limits of Science est publié en 1948 à New York et à Londres).

Ciardi (Guglielmo)

Peintre italien (Venise 1842  – id.  1917).

Issu de la jeune école de peinture vénitienne, Ciardi voyage à Florence en 1868 et s'impose rapidement comme le peintre de Venise (Dans la lagune, Venise, G. A. M.). Doué de qualités techniques extrêmement solides, malgré une certaine affectation de coloris antinaturels, il entre en contact avec les Macchiaioli et échappe ainsi à l'académisme vénitien qui persiste alors (Matin d'automne). Après de nombreux voyages en France et en Allemagne — où il obtient à Berlin en 1886 une médaille d'or —, Ciardi revient enseigner en 1894 à l'Institut des beaux-arts de sa ville natale. Le musée d'Orsay à Paris conserve de l'artiste le Lac de Weissenfields. L'artiste est bien représenté dans les musées italiens (Venise, G. A. M. ; Milan, G. A. M. ; Rome, G. A. M.).