Jaccard (Christian)
Peintre français (Fontenay-sous-Bois 1939).
Après des études à l'école des Beaux-Arts de Bourges (1956-1960), il travaille immédiatement par le biais de ce qu'il nomme des " outils " — objets naturels (plantes, insectes, etc.), papier, ruban, puis, à partir de 1971, cordes, ficelles, nœuds, échelles. Ces outils remplacent le pinceau pour produire des traces sur la toile, soit qu'il les trempe dans la peinture avant de les appliquer ou qu'il presse la toile contre eux grâce à un rouleau. Vers 1973, il brûle ces outils contre la toile, qui porte ainsi les traces de la combustion — l'outil disparaissant dans l'opération ; il présente également les outils pour eux-mêmes et, enfin, intègre les nœuds à la toile (1974-75). Au cours des années 80, il est revenu aux nœuds : Concept supranodal (1987) est constitué de quatre colonnes de ganse nouée et renouée tout au long de l'année. Généralement dépourvue de titre, l'œuvre se présente donc comme la mémoire d'une suite de gestes et de processus dont chaque étape signe la disparition de la précédente, dont elle recueille les restes. On a généralement rattaché C. Jaccard au courant un peu vague de la Nouvelle Peinture (à la fin des années 60), mais il semble actuellement beaucoup plus proche de Support-Surface, auquel il n'a pourtant jamais appartenu. Le musée des Sables-d'Olonne (1975), le M. A. M. de la Ville de Paris (1979), le musée Cantini de Marseille (1982 et 1990), la maison de la Culture de La Rochelle (1987), le M. A. M. de Saint-Étienne (1996), lui ont consacré des expositions personnelles. Ses œuvres sont présentes au M. N. A. M. (Paris), dans les collections du F. N. A. C., dans les musées de Céret, des Sables-d'Olonne, de Marseille, de Saint-Étienne.
Jacob Claesz van Utrecht
Peintre néerlandais (Utrecht v. 1480 – ? apr. 1530).
Mentionné comme maître dans la gilde d'Anvers en 1506, il demeure dans cette ville jusqu'en 1512. On le retrouve ensuite de 1517 à 1530 à Lübeck, où il peint le Triptyque de la Vierge à l'Enfant (1520, musée de Riga), proche de la manière anversoise de Joos Van Cleve et dont les volets représentent les donateurs, H. Herckring et sa femme. Ses tableaux datés s'échelonnent de 1520 à 1524 ; ce sont surtout des portraits, tels ceux d'un Homme avec un petit chien (Stockholm, Nm), d'un Homme (1523, musées de Berlin) et de la Jeune Femme à l'œillet (Louvre), signé " Jacobus Claes Trajectensis ". Précis et fins, ils représentent, comme ceux d'un Bruyn, une intéressante adaptation de la manière flamande aux exigences d'une clientèle allemande.
Jacobello del Fiore
Peintre italien (Venise v. 1380 – id. 1436).
L'une des personnalités les plus marquantes du Gothique tardif à Venise, il partagea entre cette ville et les Marches une vaste activité qui est bien documentée. Une partie seulement de sa riche production est conservée. Un petit panneau avec la Vierge à l'Enfant et deux saints, signé, autrefois dans la coll. Lederer (Vienne), un polyptyque avec le Couronnement de la Vierge, également signé, dans l'église S. Agostino à Teramo (Abruzzes), que l'on peut dater des débuts du XVe s., représentent sa première manière : grâce à ces œuvres, on peut lui attribuer le Polyptyque, peut-être antérieur, de S. Michelina (auj. au Museo Civico de Pesaro). Ces peintures de jeunesse sont encore conformes à la tradition du trecento vénitien de tendance byzantinisante (dans la ligne culturelle de Paolo Veneziano, de Guariento et de Semitecolo). Vient ensuite une phase moins conformiste et plus ouverte à la poétique du Gothique international, influencée de façon déterminante par la leçon de Gentile da Fabriano, qui travaille à Venise en 1408. On peut situer après cette date le Triptyque de Stockholm (Nm), animé d'un esprit narratif " courtois " particulièrement sensible dans la partie centrale du triptyque, qui représente l'Adoration des mages, de même que dans la Sibylle de Tybur montrant la Vierge à Auguste du musée de Stuttgart. Jacobello atteint son plus haut sommet poétique avec les petites Scènes de la vie de sainte Lucie de la pin. de Fermo : l'élégance mondaine, la fraîcheur des observations naturalistes, la préciosité de la couleur et la verve de la narration, suscitées par l'exemple de Gentile da Fabriano, font de ces 8 petits tableaux d'authentiques chefs-d'œuvre du Gothique international vénitien. Avec le triptyque de 1421 de l'Accademia de Venise, qui montre la Justice entre Saint Michel et Gabriel, les qualités stylistiques de Jacobello semblent décroître, au profit d'une graphie " baroquisante " riche en arabesques. Cependant, avec la Madone de la Miséricorde entre saint Jean-Baptiste et saint Jean l'Évangéliste, également à l'Accademia de Venise (1416 ?), Jacobello retrouve un meilleur équilibre formel, une réelle gravité gothique. Parmi les autres œuvres de Jacobello, on peut citer encore tout un répertoire de Madones, dont celle du musée Correr de Venise, tellement séduisante. Le Couronnement de la Vierge peint en 1432 pour l'évêque de Ceneda (auj. Venise, Accademia), reprise assez libre du Paradis de Guariento, au Palais ducal, conclut la carrière du peintre.
Jacobsen (Egill)
Peintre danois (Copenhague 1910-id. 1998).
Il suit les cours de l'Académie de Copenhague (1932-33) et hésite à ses débuts entre diverses esthétiques, du Surréalisme à l'Expressionnisme. En 1934, il vient à Paris, où il a la révélation de l'œuvre de Picasso, notamment de son " époque nègre ". De retour au Danemark, il inaugure un style original : l'art préhistorique et l'art populaire scandinaves, l'art primitif servent de références premières à ses grandes études intitulées " masques " ou " objets ", qu'il exécute à partir de 1935, et certaines peintures annoncent le meilleur " expressionnisme abstrait " des années 1955-1960 (Entassement, 1937 ; Accumulation, 1938, tous deux à Copenhague, S. M. f. K.). Participant actif du groupe de la revue Helhesten pendant la Seconde Guerre mondiale, puis de Cobra (1948-1951), Jacobsen joue un rôle important dans l'art danois contemporain. Ses compositions, rehaussées de vives couleurs, sont généralement évocatrices d'un univers fabuleux où l'être humain, l'animal et la plante se mêlent en un jeu spontané et pourtant rigoureux, mi-décoratif, mi-expressif (Masques verts sur fond vert, 1942, S. M. f. K.).
À partir de 1950, sans renoncer à ses thèmes, l'artiste évolue vers une stylisation dans laquelle le rythme linéaire est en faveur (En brun, 1963), puis il revient à une manière plus nourrie (Catelmaco I, 1971, Copenhague, Statens Kunstfond.). Entre 1956 et 1958, Jacobsen exécute une peinture murale pour la salle des mariages de l'hôtel de ville de Hvidovre. Le S. M. f. K. de Copenhague conserve une sélection de ses œuvres, de même que le musée d'Aalborg. Une exposition lui a été consacrée (Copenhague, M. A. M.) en 1996.