Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Zix (Benjamin)

Peintre français (Strasbourg 1772  –Pérouse 1811).

Il apprit la gravure de Christophe Guérin à Strasbourg. On connaît de lui essentiellement des dessins descriptifs des Vosges (1797) et de la Suisse (1798). Recommandé par l'impératrice Joséphine à Vivant-Denon (1805), Zix devint dessinateur officiel des exploits impériaux et fournit notamment à Gros un dessin pour la bataille d'Eylau. Ses croquis (1806-1810) évoquent le passage des armées impériales en Prusse, en Pologne, en Espagne, en Italie, ainsi que de nombreux sites célèbres (Versailles) et certains événements officiels, comme le Mariage de Napoléon et de Marie-Louise dans la Grande Galerie du Louvre (1810, Louvre, projet aquarellé pour un vase de Sèvres, resté inachevé). De nombreux dessins de Zix sont conservés au musée de Strasbourg.

Zóbel (Fernando)

Peintre espagnol (Manille, Philippines, 1924  – Rome 1984).

Après une étape figurative d'un Expressionnisme humoristique, sa peinture devient abstraite v. 1955. Influencé par la calligraphie orientale, son style se simplifie ensuite pour aboutir en 1960 à des signes noirs tracés sur un fond blanc. Zóbel revient progressivement à la réalité, et ses tableaux commencent à évoquer des valeurs spatiales et luministes. En 1965 s'effectue un retour à une gamme de couleurs plus ample, puis le peintre adopte une palette composée d'ocres, de verts, de gris, de roses, de jaunes et de marron. La lumière, le dessin, l'espace sont les éléments essentiels de cette peinture, qui se situe dans la tendance lyrique de la peinture espagnole, l'expérience informelle une fois assimilée. Après 1980, les œuvres de plus en plus épurées de Zóbel manifestent l'intérêt renouvelé de l'artiste par le vide dans la peinture orientale.

   Zóbel fut d'autre part fondateur et directeur du musée d'Art abstrait espagnol de Cuenca, installé dans les fameuses " Casas colgadas " (maisons perchées) de la ville. Ces édifices traditionnels ont été modifiés et réorganisés pour conserver les œuvres des meilleurs peintres espagnols contemporains.

   La remarquable harmonie entre l'espace architectural et les œuvres abstraites que contient le musée est un exemple de restauration et d'utilisation intelligente d'un édifice ancien. Zóbel est représenté également au M.E.A.C. et à la Fondation March de Madrid, au Fogg Art Museum de Cambridge (Mass.) et au musée de Bilbao.

Zoffany (Johann)

Peintre d'origine allemande actif en Grande-Bretagne (Francfort v.  1735  – Londres 1810).

Élève de Martin Speer à Ratisbonne, il compléta sa formation à Rome chez Agostino Masucci et chez Mengs pendant sept ans environ ; en 1760, il travaillait avec Januarius Zick à la décoration du palais de Trèves, et en 1761 il arriva à Londres. Il découvrit outre-Manche une peinture qui s'inspirait du théâtre et rencontra l'acteur David Garrick, que lui présenta Benjamin Wilson ; il vécut chez Garrick en 1762, et le représenta dans le Retour du fermier (1762, Lambton Castle, coll. part.). Ce fut le début d'une série de Conversation Pieces inspirées du théâtre, dont l'origine se trouve chez Hogarth (Garrick dans le rôle de Richard III, Liverpool, Walker Art Gal.), série qu'il peignit jusqu'en 1770 à l'intention du célèbre acteur, qui, soucieux de sa propre publicité, avait instauré ce genre : David Garrick (Londres, Garrick Club ; Dublin, N. G.), Garrick dans le rôle d'Abel Drugger (Oxford, Ashmolean Museum ; autre version à Castle Howard). Zoffany exécuta également des œuvres de fantaisie et quelques portraits grandeur nature. Vers 1765, il bénéficia des faveurs de George III et représenta de nombreuses fois la famille royale : le Prince de Galles et le prince Frédéric en Cupidon (1765), la Reine Charlotte et deux de ses enfants (1766), George III et la famille royale (1766), Windsor Castle et Londres, Buckingham Palace), la Reine Charlotte, le prince de Galles et le duc d'York (Londres, N. P. G.), la Princesse Amélie d'Angleterre (Detroit, Inst. of Arts). Devenu membre de la Royal Academy en 1769, il y exposait en 1772 la Classe d'anatomie à la Royal Academy (Windsor Castle), immédiatement achetée par George III. Il partit pour Florence en 1773, y exécuta la Tribune des Offices (achevée en 1776, id.) et revint en Angleterre, après un détour par Vienne en 1779. C'est à cette époque, alors que les Conversation Pieces commençaient à se démoder, qu'il donna son chef-d'œuvre : Charles Towneley et ses amis dans Park Street Gallery, Westminster (v. 1782, Burnley, Towneley Hall Mus. and Art Gal.). Il visita ensuite les Indes de 1783 à 1789 : Warren Hastings et sa femme (Calcutta, Victoria Memorial Hall). Outre la peinture d'inspiration théâtrale, dont il reste l'un des plus brillants illustrateurs, il fit apprécier à la famille royale les Conversation Pieces, qui n'étaient jusque-là prisées que de la classe moyenne. Ainsi ses tableaux exécutés pour George III contribuèrent-ils à introduire la libre représentation de groupes familiaux dans la clientèle aristocratique. Outre l'importante série conservée dans les coll. royales, à laquelle il faut ajouter le Portrait de John Cuff et de son assistant (1772), Zoffany est représenté à Londres, à la N. P. G. : Autoportrait (1760) ; autres versions : aux Offices ; à Cortone, Accad. Etrusca ; au musée de Würzburg), le Major Palmer et sa famille, le Comte J. Montagu, Sir E. Impey, le Baron Mulgrave ; à la N. G. : la famille Brashaw, Mrs. Oswald ; à la Tate Gal. : Stephen Rimbault (1764), Charles Macklin dans le rôle de Shylock (1762-1768 ; autre version à Dublin, N. G.). L'artiste est également représenté à Oxford (Ashmolean Museum) : le Capitaine Hall, Esquisse pour le portrait du capitaine Hall ; à Glasgow (Art Gal.) : le Menuet ; à Greenwich (National Maritime Museum) : la Mort du capitaine Cook (entre 1789 et 1797) ; à Paris (Louvre) : le Révérend Burroughes et son fils (1769) ; à Boston (M. F. A.) : Henry Perkins Weston et sa famille, ainsi qu'au musée de Kansas City : Famille dans un parc.

Zoppo (Marco di Antonio di Ruggero, dit Marco)

Peintre italien (Cento 1433  – Venise 1478).

Il fit ses débuts à Bologne, mais, attiré à Padoue, sans doute par le renom de Mantegna, il devint v. 1453 l'élève de Squarcione (la signature de la Madone du Louvre mentionne cette allégeance), qu'il quitta deux ans après, à la suite d'un différend. Ce n'est d'ailleurs pas dans l'atelier de ce maître à la réputation douteuse qu'il fit ses expériences les plus marquantes : le climat culturel de Padoue, par la présence de Mantegna et sa réceptivité aux nouveautés toscanes, fournit une base solide à la formation de Zoppo. Celui-ci séjourna à Venise entre 1455 et 1460 env. et retint tout au long de sa carrière la leçon du colorisme vénitien. C'est à Bologne, où il retourne de 1461 à 1468, que son style atteint la maturité : ses rapports avec Mantegna sont évidents, mais son trait plus fluide et sinueux, ses couleurs aux nuances délicates révèlent sa formation bolonaise, ses expériences vénitiennes (il revient à Venise de 1468 env. à 1478) et enfin ses rapports avec la grande culture ferraraise : le grand retable à compartiments représentant la Vierge parmi des saints au Collegio di Spagna à Bologne (exécuté entre 1461 et 1468) est son œuvre la plus importante. Parmi les autres peintures incontestables, on peut citer un Crucifix au monastère de S. Giuseppe à Bologne, une Pietà à Londres (N. G.), des Madones (musée d'Altenburg ; Washington, N. G.), Saint Jérôme pénitent (Bologne, P. N.), des panneaux avec des Saints à mi-corps provenant d'un même retable (Londres, N. G. ; Oxford, Ashmolean Museum ; Washington, N. G. ; Baltimore, W. A. G.), et surtout un grand retable peint à Venise en 1471 pour l'église S. Giovanni de Pesaro (la Vierge et l'Enfant avec quatre saints dans un paysage, musées de Berlin ; le Christ de pitié du musée de Pesaro faisait partie sans doute de ce retable). Zoppo est aussi l'auteur de dessins nerveux et d'une saisissante puissance plastique, qui comptent parmi les plus remarquables du quattrocento (Hambourg, Kunsthalle ; Louvre ; Francfort, Städel. Inst. ; British Museum ; Munich, cabinet des Dessins ; Brunswick, Herzog Anton Ulrich-Museum).