Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
G

Gerz (Jochen)

Artiste allemand (Berlin  1940).

Sans formation artistique traditionnelle et après des études à l'université de Cologne, Gerz crée un œuvre qui se développe à travers un démontage des éléments du langage et de ses articulations, héritier de la poésie visuelle, dans un travail situé entre le réel et sa représentation. Gerz cherche à fonder une " critique de la production sociale dans le secteur de la culture ". Dans le cadre d'une critique d'une information circulant vidée de son sens, il montre l'inaptitude des modes de diffusion visuels (arts plastiques, photographie, cinéma) à transmettre le réel ou les émotions. Les premiers travaux de Gerz illustrent, dans une sorte de négativité, cette impossibilité, dans la société actuelle, de la communication et du langage, ce à travers des actions (Ce que l'on peut décrire peut arriver aussi [Wittgenstein], 1973), des photographies floues (Paul M., 1969-70), des installations éphémères (le mot " vivre " tracé de manière multiple à la craie sur le sol du musée et effacé progressivement par les pas des visiteurs (Leben, 1974). Les œuvres liant photographies et textes, commencées en 1970, prennent l'aspect, à partir de 1975, d'une recherche sur l'origine, à travers le thème du souvenir, de la mémoire, du départ et de l'inaccessibilité, illustrée dans des images redoublées, inversées, créant, dans un usage exclusif du noir et du blanc, des paysages souvent flous ou désolés, dans la lignée du romantisme allemand (série des Foto/Text). Cet intérêt pour l'origine s'exprime dans la série des pièces grecques (dix réalisées de 1975 à 1978), réflexion, sous forme de performances, sur la source du langage ou de la culture (les Difficultés du Centaure à descendre de cheval, Biennale de Venise, pavillon de la R. F. A., 1976).

   Les années 80 sont marquées, après un voyage au Canada, par un agrandissement des photographies, toujours entourées de textes, dans des œuvres exprimant, au moyen d'un langage poétique, la réconciliation, dans un état de nature quasi mythique, des hommes et de leur expression artistique, véritable transmission d'un message d'ordre spirituel (les Mots sacrés, 1984, Paris, F. N. A. C. ; le Paradis, 1976, Calais, musée des Beaux-Arts). Des expositions rétrospectives de l'œuvre de l'artiste ont lieu à l'A. R. C., Paris, 1975 ; à Ludwigshafen, Wilhelm-Hack-Museum, 1985 ; à Calais, musée des Beaux-Arts, 1986.

gesso
ou gypse

Pierre à plâtre (sulfate de chaux) appelée également blanc de satin.

   Le gypse, ou gesso, sert à charger ou à épaissir une peinture et à améliorer les qualités de résistance de la pellicule colorée. Obtenu très pur par précipitation, ce blanc minéral a une grande finesse de grain et dépose moins que le blanc de baryte (plâtre). Il sert aussi dans la composition des siccatifs en poudre pour mieux répartir la faible proportion de 2 à 5 p. 100 de siccatif (borate de manganèse) parfois nécessaire à l'huile de lin. Il peut entrer dans la composition de certaines préparations, être utilisé comme revêtement mural et mélangé avec de l'étoupe, permettre l'exécution d'ornements sculptés (staff).

   Le gesso duro, ou gypse très dur à grain très fin, étalé sur une première couche de plâtre argileux, a permis la réalisation de reliefs très plats sur lesquels on ajoutait, au pinceau, certains détails peints. L'emploi du gesso duro à des fins ornementales ou décoratives est très ancien : il existe, à Cnossos, des ensembles peints et sculptés d'une très haute maîtrise, tel le relief du prêtre-roi conduisant un griffon en laisse dans un paysage éliséen. Cette matière ne redeviendra guère en faveur qu'à l'époque gréco-romaine.

Gestel (Léo)

Peintre néerlandais (Woerden 1881  –Blaricum 1941).

Élève de l'Académie d'Amsterdam, il vint à Paris en 1904, en compagnie de Jan Sluyters. Comme lui, Gestel joua un rôle non négligeable en Hollande dans la diffusion de l'art moderne et fut marqué successivement par le Divisionnisme, Van Gogh, créant une série de paysages proche du fauvisme (Arbre d'automne, 1910-11, Blaricum, coll. Slijper) et le Cubisme (Femme debout, 1913, Amsterdam, Stedelijk Museum). Un séjour à Majorque en 1914 lui inspira une suite de toiles très homogènes dont certaines atteignent, à travers la leçon décantée du Cubisme et du Futurisme, à une densité formelle presque abstraite (Mallorca, La Haye, Gemeentemuseum). À Bergen, pendant la guerre, il fit sien le réalisme rustique qui y était en faveur et fut ensuite sensiblement influencé par l'Expressionnisme flamand de De Smet et de Van den Berghe (la Lys, 1927) ou de Permeke (Têtes de pêcheurs de Spakenburg, 1934). Il est bien représenté dans les musées d'Amsterdam (Stedelijk Museum) et de La Haye (Gemeentemuseum).

   Un musée Gestel a été créé à Blaricum. En 1983, les musées de Haarlem et de Bois-le-Duc lui ont consacré une exposition rétrospective.

Gheeraerts (Marcus) dit le Jeune
ou Marcus Gheeraedts, dit le Jeune

Peintre anglais (Bruges 1561 [ ? ] – Londres 1636).

Fils de Marcus Gheeraerts le Vieux, il vint à Londres en 1568. Il retourna sans doute à Anvers avant 1590, car l'influence de Pourbus marque ses premières œuvres. Dans sa jeunesse, il se trouva, avec son beau-frère, Isaac Oliver, à la tête de l'art officiel pendant les dix dernières années du règne d'Élisabeth Ire. Ils développèrent — par opposition à la tradition linéaire, sans relief et à deux dimensions, qui était celle d'Hilliard — un nouveau réalisme perspectif, rehaussé d'éléments fantaisistes et romanesques. On doit à Gheeraerts d'avoir, pendant cette même période, réhabilité le portrait en pied. Les 2 derniers chefs-d'œuvre élisabéthains de l'artiste sont le Portrait Ditchley d'Élisabeth Ire (1592 [ ?], Londres, N. P. G.) et celui du 2e Comte d'Essex (1596, Woburn Abbey, coll. du duc de Bedford). Sous Jacques Ier, Gheeraerts devint le portraitiste de la reine Anne de Danemark, mais perdit la faveur royale à l'arrivée de Van Somer et de Mytens. Les membres de sociétés savantes et ceux d'une noblesse provinciale furent, ensuite, ses seuls clients. Le portrait de Mary, lady Scudamore (1608, Londres, Tate Gal.) constitue un bon exemple de la manière tardive du peintre.