Loubon (Émile)
Peintre français (Aix-en-Provence 1809 – Marseille 1863).
Élève de Constantin, il accompagna Granet à Rome en 1829. Peignant sur le motif, il rapporta d'Italie des études dont il tira des tableaux sa vie durant. Venu à Paris en 1831, il y reçut une forte influence des peintres de Barbizon et plus particulièrement de Troyon. On soupçonne qu'il effectua un voyage en Orient, ce qui expliquerait certains aspects de son art, apparenté à celui de Decamps (Razzia par les chasseurs d'Afrique, 1857, musée de Rouen). Nommé en 1845 directeur de l'École de dessin de Marseille, il se fixa dans le Midi. Il traduisit par ses paysages, souvent animés de troupeaux, la lumière crue de la région écrasant le sol brûlé de soleil (Marseille vue des Aygalades, 1853, musée de Marseille ; le Col de la Gineste, 1855, musée d'Aix-en-Provence). Il fut à l'origine d'une véritable école provençale du paysage, qu'illustrèrent à sa suite ses élèves et ses amis, Guigou, Engalière, Grésy, Monticelli. Le musée d'Aix-en-Provence conserve un ensemble significatif de ses œuvres, qui figurent également dans les musées de Chalon-sur-Saône, Hyères, Le Puy, Marseille, Montpellier (Choléra à Marseille, 1850), Nîmes et Perpignan.
Louis (Morris)
Peintre américain (Baltimore, Maryland, 1912 – Washington, D. C., 1962).
Après des études au Maryland Institute of Art de Baltimore (1929-1933), il travailla à New York dans le cadre du W. P. A. Federal Art Project (1937-1940). En 1947, il s'installa à Washington (D. C.) et enseigna l'art dans différentes institutions. Il participa, au tout début des années 50, à l'Expressionnisme abstrait, mais de façon marginale. Il suivit alors cependant avec le plus vif intérêt le développement de la carrière de Pollock. En 1952, il se lia d'amitié avec le peintre Kenneth Noland, qui lui présenta l'influent critique Clement Greenberg à l'occasion d'un voyage à New York en 1953. Celui-ci s'intéressa à son travail et l'inclut dans l'exposition Emerging Talent à la Kootz Gal. (1954). En sa compagnie, Louis visita l'atelier de Frankenthaler, où il vit la toile Mountains and Sea (1952, Washington, National Gallery of Art), qui le décida à utiliser la même technique d'application de la couleur par immersion de la toile dans des bains de pigment. C'est ainsi que, en 1954, il crée sa première série de Veils, toiles qui reprennent de façon plus radicale la technique du staining (teinture). Les couleurs se déposent en voiles successifs d'une épaisseur impalpable, se chevauchant les unes les autres mais sans créer la moindre profondeur (Dalet Nun, 1958, Humlebeck, Louisiana Museum). Dans la seconde série des Veils (1958-59), la peinture est devenue plus dense (Saraband, 1959, New York, Guggenheim Museum) et elle s'épaissit encore dans la série des Unfurbed, où des bandes de couleurs ruissellent en obliques de chaque côté de la toile, parallèles les unes aux autres et séparées par des blancs non préparés. (Alpha, 1960, Buffalo, Albright Knox Art Gal.). Dans la dernière série, appelée Stripes, ou Columns, de 1961-62, des bandes de couleurs pures s'alignent les unes contre les autres au centre d'une toile nue. Ces bandes peuvent être horizontales, verticales (Third Element, 1962, New York, M. O. M. A.) ou diagonales (Equator, 1962, Washington, D. C., Coll. J. C. Eisenstein).
Au cours de ses recherches, Louis fut amené à considérer la couleur non pas comme le contenu d'un dessin linéaire, mais comme un phénomène physique apparu au-delà des limites mêmes de la toile et qui viendrait la balayer ou s'y fixer solidement. L'importance matérielle de ses toiles s'explique mieux de ce fait, car elle permet de saisir une image sans commencement ni fin et qui, théoriquement, dépasse toute dimension physique. L'artiste exposa d'abord à la Workshop Center Art Gal. de Washington (1953 et 1955), puis chez Martha Jackson (1957), chez French and Co. (1959-60) et enfin chez André Emmerich (1961). À son insu, il fut à l'origine d'une école appelée " Washington Color Painters ". En dehors de Kenneth Noland, Gene Davis et Thomas Downing se sont affirmés avec vigueur et semblent devoir à Louis leur intérêt pour la couleur. Il est bien représenté dans les musées américains. Après l'exposition de New York (M. O. M. A.) en 1987, une nouvelle sélection d'œuvres importantes a été présentée (musée de Münster et musée de Grenoble) en 1996.
Loutherbourg (Philippe Jacques)
Peintre et graveur français (Strasbourg 1740 – Chiswick 1812).
Fils du miniaturiste Philippe-Jacques de Loutherbourg, établi à Strasbourg au début du siècle, puis en 1755 à Paris, le jeune Loutherbourg se forme auprès de son père, puis de Carle Van Loo et surtout, à partir de 1757-58, auprès de F.-G. Casanova, dont il devient le collaborateur. Il s'attire les éloges de Diderot au Salon de 1762 avec un Combat de cavaliers ; l'Académie l'agrée en 1763 et le reçoit en 1767. Il travaille pour le prince de Condé et collabore à l'illustration des Fables de La Fontaine éditées par Tessard. Après un voyage en Provence en 1768, il se rend à Londres en 1771, s'y lie avec l'acteur Garrick et devient décorateur du théâtre de Drury Lane jusqu'en 1781. Cette même année, il présente au public son spectacle panoramique et mécanique, éblouissant d'effets, l'Eidophysikon (Spectacle de la nature), qui lui vaut les éloges de Reynolds et de Gainsborough. En 1780, il était entré à la Royal Academy ; il y fit des envois jusqu'en 1788. Il abandonne un temps la peinture pour s'adonner aux pratiques de son ami Cagliostro, mais reprend ses pinceaux en 1789. En 1793, il suit le duc d'York en Flandre pour dessiner les combats. Il donne enfin, dans les années 1790, nombre de dessins pour la Bible publiée par Macklin (8 vol. 1791-1800).
Peintre de genre, de batailles (Bataille du 1er juin 1794, Londres, Greenwich Maritime Museum), peintre de théâtre inspiré par Servandoni, Loutherbourg fut avant tout un paysagiste. D'abord influencé par les Flamands, puis par les Néerlandais (Berchem : Paysage avec animaux avant l'orage, musées de Strasbourg et d'Amiens), il est ensuite captivé par les spectacles fortement animés de la nature : les Chutes du Rhin à Schaffhouse (1775, Londres, V. A. M.). Ensuite, sous l'effet de ses voyages et de son séjour en Angleterre, il y mêle des annotations réalistes et pittoresques relatives aux occupations humaines, comme dans l'Après-midi de la Saint-Jean (Ottawa, N. G.), annonçant le Romantisme (Philosophe dans une abbaye en ruine, 1790, New Haven, Yale Center for British Art). La production de Loutherbourg est particulièrement bien représentée au musée de Strasbourg par plusieurs paysages d'orage et par une œuvre religieuse inattendue, le Christ chez Simon.