Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Fearnley (Thomas)

Peintre norvégien (Halden 1802  – Munich 1842).

Il se forma en 1819 à l'École royale de dessin d'Oslo puis à l'Académie des beaux-arts de Copenhague (1821-1823), et à celle de Stockholm dans l'atelier de Fahlcrantz (1823-1827). Il fut ensuite à Dresde (1828-1830) l'élève de J. C. Dahl et s'initia à l'art de Caspar David Friedrich. À la suite de séjours à Munich, où il se lia d'amitié avec Morgenstern (1830-1832), et en Italie, où il fréquenta le cercle de Thorvaldsen (1833-1835), il perfectionna dans l'esprit de Dahl son talent de paysagiste romantique en communion avec la nature, dans de grandes compositions souvent spectaculaires (le Torrent de Labro, 1837, Oslo, Ng). Ses petites toiles et ses esquisses réalisées en Italie sont les plus finement colorées de son œuvre (la Terrasse des chênes, 1834). Fearnley séjourna en Angleterre (1836-1838) et fut le premier peintre norvégien à connaître la peinture de Turner et de Constable. C'est au cours de son voyage en Suisse (1836) et en Norvège (1839) qu'il conçut des œuvres majeures telles que le Glacier de Grindelwald (1838, id.), le Bouleau de Slinde (1839, id.).

Federle (Helmut)

Peintre suisse (Soleure 1944).

Après avoir fait ses études à la Kunstgewerbeschule de Bâle, de 1964 à 1969, Federle a séjourné à plusieurs reprises à Paris, à New York, où il est resté de 1979 à 1983, et à Genève. Il s'est installé à Vienne depuis 1985. Ses premières œuvres, très stylisées, montrent un art essentiellement tourné vers le paysage, avec des représentations de la montagne et du soleil dans un esprit symboliste. À partir de 1980, notamment grâce à l'influence de l'art américain, Federle va transformer son art et devenir davantage abstrait : ses compositions présentent un petit nombre de formes, toutes géométriques et disposées dans un espace strictement plat : un jeu de valeurs plus ou moins contrastées leur confère un aspect sévère. Ses tableaux sont souvent de dimensions monumentales comme MacArthur Park (1987, musée de Grenoble, dépôt du Fonds national d'art contemporain) : cette œuvre est constituée d'une puissante structure fondée sur des lignes horizontales et verticales de longueur inégale, qui traduisent un rythme très contrasté s'inscrivant en gris foncé sur un fond peint d'une couleur d'un jaune ambigu. Contrairement à de nombreux artistes de sa génération, Helmut Federle cherche à réintroduire dans la peinture des valeurs spirituelles. Des expositions ont été consacrées à Federle : musée de Grenoble en 1989 ; Paris, G. N. du Jeu de Paume en 1995.

Fedotov (Pavel Andreïevitch)

Peintre, dessinateur et graveur russe (Moscou 1815  – Saint-Pétersbourg 1852).

Narrateur humoriste, il employa son authentique talent de peintre, formé à l'étude des Hollandais et comparable à celui de Hogarth ou de Boilly, à railler la mesquinerie de la vie bourgeoise ou à s'apitoyer sur la détresse des humbles (Demande en mariage, 1848, Moscou, Gal. Tretiakov ; le Chevalier frais émoulu, 1848, id. ; Jeune Officier dressant son chien, 1850, id. ; la Jeune Veuve, 1850, Saint-Pétersbourg, Musée russe).

Fei (Paolo di Giovanni)

Peintre italien (documenté à Sienne de 1369 à 1411).

C'est sans doute à l'exemple de Francesco di Vannuccio qu'il dut la formation de son style : une vivacité de caractère gothique, un goût de la grâce dans l'expression des personnages et dans la recherche du détail. Les repères chronologiques qui permettraient de reconstituer son évolution demeurent problématiques, même si la critique s'accorde pour reconnaître dans une Vierge à l'Enfant de l'église S. Domenico à Sienne un élément du Retable Accarigi, que, d'après des documents, il aurait exécuté en 1387. Parmi les témoins les plus remarquables de son œuvre, relativement abondante, on peut citer le Retable de la nativité de la Vierge (signé, Sienne, P.N.), la Vierge d'humilité (cathédrale de Sienne), la Présentation de la Vierge au Temple (Washington, N. G., peinte pour la cathédrale et datée par un document de 1398), l'Assomption de la Vierge (id.), la Vierge à l'Enfant avec des saints (Metropolitan Museum, coll. Lehman) et les deux panneaux représentant Saint Pierre et Saint Paul (que l'on peut dater de 1409, Sienne, Gal. dell' Ospedale).

Feininger (Lyonel)

Peintre américain (New York 1871  – id. 1956).

Feininger reçoit de ses parents une première formation de violoniste : ayant, en 1887, gagné l'Allemagne afin d'achever ses études musicales, il découvre sa vocation de peintre et abandonne la musique. Il étudie à Hambourg, à Berlin, à l'Académie Colarossi de Paris et débute en 1893 à Berlin comme caricaturiste dans des publications satiriques telles que les Lustige Blätter ou le Harper's Young People. De 1906 à 1908, il réside de nouveau à Paris, où il publie des bandes dessinées dans le Chicago Sunday Tribune. En 1911, après avoir séjourné à Londres et à Berlin, il est de retour à Paris, où il rencontre Robert Delaunay, expose au Salon des indépendants et découvre le Cubisme.

   Durant ces premières années, son art s'inspire d'une sorte de Modern Style international où se retrouvent aussi bien la manière de Beardsley que celles de Lautrec ou de Steinlen (l'Émeute, 1910, New York, M. O. M. A.). En 1912, il rencontre Kubin, les peintres expressionnistes du groupe Die Brücke et se lie avec Schmidt-Rottluff. Avec Marc, Klee et Kandinsky, il participe en 1913 aux manifestations du Blaue Reiter à Munich et à Berlin. Son art subit une dernière influence, celle du Futurisme, pour parvenir à une expression originale où formes et espaces s'interpénètrent et se dissolvent dans le dynamisme des couleurs (le Bateau à aubes, 1913, Detroit, Inst. of Arts ; Autoportrait, 1915, University of Houston). Sa première exposition personnelle a lieu à la galerie Der Sturm (Berlin) en 1917. En 1918, il rejoint le Novembergruppe. Appelé par Walter Gropius, il rejoint le Bauhaus de Weimar en 1919, pour lequel il grave le frontispice du manifeste inaugural (Cathédrale de l'avenir). Jusqu'en 1933, il va enseigner la peinture et la gravure au Bauhaus. Pendant l'hiver de 1918-19, il taille plus de cent planches sur bois où se révèle l'originalité de son style, fondé sur les contrastes de valeurs, les formes anguleuses, les réseaux de lignes parallèles. Il fonde en 1924 avec Kandinsky, Klee et Jawlensky le groupe éphémère Die Blauen Vier (" les Quatre Bleus "), héritier de Der Blaue Reiter. Les thèmes architecturaux alternent avec des séries de marines, de vues campagnardes ou urbaines alors que la structure subtile et savante des plans subit une stylisation qui la réduit aux horizontales et aux verticales : le Vapeur " Odin " (1924, musée de Halle), série des Gelmeroda (1926, Essen, Folkwang Museum), Kolberg (1930, id.). Le Bauhaus ayant été fermé en 1933 et Feininger mis au rang des peintres " dégénérés ", il part enseigner en 1936 en Californie avant de s'établir à New York en 1937.

   Dans les œuvres américaines, l'architecture reprend quelque importance, notamment dans la série des Manhattan (New York, M. O. M. A.), mais elle est toujours traitée poétiquement. Attiré par la technique de la lithographie, Feininger exécute de nombreux paysages (Dorfkirche, 1954 ; Manhattan II, 1951, Lugano, coll. Ketterer) où des taches de couleurs aux frontières imprécises couvrent une construction très dense de lignes fines et toujours droites. Pratiquement inconnu en France, il a joui, à son retour aux États-Unis, d'un vif renom. Il est représenté dans les musées allemands (Essen ; Hambourg ; Cologne ; Munich, Neue Pin.), dans les musées américains (New York, Guggenheim Museum et M. O. M. A. ; Philadelphie ; Detroit ; Minneapolis ; Saint Louis, Washington University, Gal. of Art) et au M. N. A. M. de Paris. Une importante exposition Feininger a eu lieu à Lugano (Suisse) en 1991.