Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Longo (Robert)

Artiste américain (Brooklyn, New York, 1953).

Créateur d'un univers mythique plaçant la personne humaine au cœur du monde contemporain, Robert Longo, parallèlement à des études au State University College de Buffalo, expose dans une galerie dont il est le cofondateur, Hallwalls, avec de nombreux artistes tels que Serra, Borofsky ou Acconci. À partir de 1977, très influencé par le cinéma de Fassbinder, Scorsese ou Godard, il exécute une série de dessins inspirés de films d'Andy Warhol ou de Clouzot avant d'entreprendre une série d'œuvres, Men in the Cities, juxtaposant des personnages quotidiens dans des positions contortionnées. Progressivement, il développe des compositions ambitieuses réalisées en matériaux variés, tel Corporate Wars — Walls of Influence, présenté en 1982 à la Documenta de Kassel, intégrant dans un triptyque un relief en aluminium moulé avec une bataille de jeunes hommes d'affaires pris entre des hauts-reliefs de gratte-ciel. Violence et théâtralisation se retrouvent dans de nombreuses compositions mettant en scène des guerriers (Samourai Overdrive, 1986 ; All you Zombies : Truth before God, 1986), illustrant le caractère bouleversé de la culture contemporaine. En 1988, une visite à Gettysburg l'amène à réaliser des œuvres inspirées par la guerre civile américaine (Nostromo, A House Divided : Re enactor). En 1989, une rétrospective a lieu à Los Angeles, au County Museum.

Longobardi (Nino)

Artiste italien (Naples 1953).

En 1979, lors de l'exposition " Europa 79 " organisée par H. J. Müller à Stuttgart, Longobardi choisit de présenter une peau de tigre clouée sur le sol et sur le mur. Plus tard, il peint ou dessine des silhouettes sur le mur qui sont mises directement en relation par un geste ou une attitude avec des objets disposés dans la salle, jouant ainsi avec la représentation et la réalité (Terrae motus, 1984, où un homme dessiné sur le mur feint de saisir un drap posé sur un canapé). Puis il s'oriente vers la peinture et pose sur la toile des objets qui s'intègrent à la composition. Il dispose des couches blanchâtres de peinture, en touches plus ou moins épaisses, qui cernent des silhouettes ou des natures mortes dessinées au crayon (Sans titre, 1986). Depuis 1985, le thème récurrent de son œuvre est la mort, comme le montrent ses compositions présentes où figurent souvent des squelettes, des ossements. En 1989, il a réalisé, sur des fonds gris sombre, une série de nus masculins et féminins dont les poses évoquent les œuvres des artistes du quattrocento ou du Tintoret. Par sa démarche qui fait référence à l'art traditionnel et par les moyens employés, Longobardi se situe à mi-chemin de la Trans-avant-garde italienne et de l'Arte povera.

Lonhy (Antoine de)
ou Antoine de Loigney

Peintre et enlumineur français (actif au 3e quart du XVe s.).

Sous le nom d'Antoine de Lonhy ou de Loigney, on a pu récemment regrouper les œuvres de l'enlumineur nommé Maître des Heures de Saluces et du peintre nommé Maître de la Trinité de Turin. C'est un artiste français dont la curieuse carrière itinérante est jalonnée d'ouvrages ; il semble avoir eu également une importante activité de peintre-verrier. Il apparaît en Bourgogne méridionale comme auteur de vitraux (perdus) pour le chancelier Rolin en 1446, et de plusieurs manuscrits pour des destinataires bourguignons. On le rencontre ensuite à Toulouse en 1460, où il enlumine un luxueux missel, dont subsistent les deux pages du canon (Prague, G. N., et San Francisco, coll. part.), et qui a influencé l'enluminure toulousaine. Passé à Barcelone, il peint le Retable des Augustins de Miralles (Barcelone, musée) et exécute en 1461-1462 la magnifique rosace de Santa Maria del Mar. De son activité en Savoie et en Piémont datent, vers 1470-1480, ses principaux ouvrages conservés : plusieurs manuscrits, dont les Heures de Saluces (Londres, British Library) et un graduel pour les Dominicains de Turin (Detroit, Institute of Arts), et tout un ensemble de peintures, d'origine indéterminée, comme le panneau de la Trinité (Turin, Museo civico) et deux volets de Saint Jean-Baptiste et de Saint Antoine avec des donatrices, ou précisément localisées, comme les fragments du Retable de saint Pierre (Aoste, Saint-Ours) ou de celui de Saint François de Battagliotti di Avigliana (Turin, Gal. Sabauda). D'un tempérament à la fois puissant et doux, il interprète la leçon des peintres flamands avec une monumentalité qui reflète sans doute son expérience de peintre-verrier, et frappe par l'ampleur de ses drapés et par la profondeur de l'expression de ses visages. Il est le représentant le plus éminent de la culture française en Savoie-Piémont au 3e quart du XVe siècle.

Loon (Theodor Van)

Peintre flamand (Bruxelles 1585  – Louvain av.  1660).

Auteur de compositions religieuses, il se tint à l'écart du Baroque anversois de Rubens et s'inscrit dans la tendance néo-romaniste. Cité à Rome en 1602 parmi les élèves de Jacob de Haase, il fit partie de l'Académie de Saint-Luc en 1603. Il résida à Rome jusqu'en 1608 et effectua un voyage à Florence. Il revint à Bruxelles en 1612. Sa Pietà, jadis attribuée à Otto Venius, et son Saint Pierre aux liens — tous deux pour l'église Saint-Jean-Baptiste, au Béguinage à Bruxelles — s'inspirent du clair-obscur et du réalisme caravagesques (Borgianni et Valentin, avec lesquels Van Loon fut probablement en rapport à Rome). Son Martyre de saint Lambert (1617, église de Woluwe-Saint-Lambert) est sans doute l'une des premières œuvres caravagesques réalisée au nord des Alpes. L'influence de Caravage, conjuguée avec celle des modèles des Carrache et de Dominiquin, lui inspire son Assomption de la Vierge et sa Vierge entre les deux saints Jean (tous deux à Bruxelles, M. R. B. A.). Vers la fin de 1623, Van Loon réside à Louvain, où il entreprend une suite de 7 tableaux de la Vie de la Vierge pour l'église de Montaigu, ensemble dont l'Assomption pour le maître-autel est son chef-d'œuvre ; cette époque constitue, au reste, l'apogée de sa carrière de peintre. Van Loon se rendit de nouveau à Rome en 1628, où il résida jusqu'en 1632. Il se fixa ensuite à Louvain, où il termina sa carrière. Les documents font défaut sur cette dernière période de sa vie. En France, il faut citer de lui la Vocation de saint Mattieu (Toulouse, musée des Augustins).