Lami (Eugène)
Peintre français (Paris 1800 – id. 1890).
Élève d'Horace Vernet, puis de Gros, il subit une plus grande influence de Géricault et de Bonington, qui transparaît dans les deux aspects très différents de son art. Tantôt, animé d'un souffle romantique, il donna une peinture sombre et épique, non dénuée de grandeur (tableaux de batailles historiques à Versailles : Combat de Puerto da Miravete, 1824 ; l'Affaire de Claye, 1831 ; Bataille de Wattignies, 1837 ; Bataille de Hondshoote, 1838 ; Siège d'Anvers, 1838), tantôt, cédant au goût des scènes de genre aimables et colorées (Entrée de la duchesse d'Orléans aux Tuileries, v. 1840, Louvre ; série de tableaux au musée Condé de Chantilly ; les Grandes Eaux à Versailles, 1864, Versailles), il témoigna, ainsi que dans ses brillantes aquarelles (Louvre), de ce qu'il dut à l'école anglaise. Peintre de mœurs, il fut l'historiographe de la société élégante de Paris et de Londres, où il prolongea ses séjours. Il laissa en outre un œuvre abondant d'illustrateur et de lithographe.
Lampi (les)
Peintres autrichiens.
Johann Baptist l'Ancien, dit le Chevalier Lampi (Romeno, Tyrol du Sud, 1751 – Vienne 1830). Il s'installa à Trente après un apprentissage à Salzbourg, qui reste assez obscur, et une période d'activité indépendante. En 1783, il part pour Vienne parès avoir transformé son véritable nom, Lamp, en celui, plus harmonieux, de " Lampi ". En 1786, il est nommé professeur à l'Académie. Cependant, dès 1788, il voyage de nouveau : on le trouve en Pologne, en 1791 en Russie, en 1797 il rentre à Vienne. Il a peint des tableaux d'autel, mais surtout des portraits, effigies pompeuses dans l'esprit baroque de Largillière et Rigaud, dont le style se simplifie progressivement et tend à devenir plus bourgeois. Ses portraits de l'Empereur Joseph II avec les insignes de grand maître de la Toison d'or (Vienne, Österr. Gal.), de l'Impératrice de Russie Catherine II (Ermitage) et de Maria Feodorovna (Chantilly, musée Condé) ont encore très grande allure. Une plus grande simplicité caractérise son Autoportrait de 1810 (musée d'Innsbruck) et le portrait du Dr Franz Rollett (Bade, près de Vienne, Rollettmuseum), bien qu'ils soient encore marqués d'esprit baroque, comme le Comte Potocki et ses deux fils du Louvre. Lampi a également peint de beaux portraits de femme (Vienne, Österr. Gal.). Son morceau de réception à l'Académie de Vienne ne manque pas d'ampleur. Lampi fut l'un des derniers virtuoses de tradition baroque sillonnant l'Europe, peignant de cour en cour, d'évêché en évêché, ce qui explique la dispersion de ses œuvres que l'on rencontre dans la plupart des musées.
Johann Baptist, dit Lampi le Jeune (Trente 1775 – Vienne 1837). Fils du précédent, il arrive en 1783 à Vienne avec son père et fait des études à l'Académie de 1786 à 1794 auprès de Füger et Maurer, puis il est de nouveau élève de son père. À partir de 1796 il réside à Saint-Pétersbourg où, en 1797, il est nommé membre d'honneur de l'Académie. En 1804 ou 1805, il revient à Vienne, où il fera une assez brillante carrière de portraitiste de la bonne société. Le Portrait d'Antonio Canova (v. 1805, Vienne, Österr. Gal.) a beaucoup contribué à établir la réputation de peintre mondain de Lampi le Jeune, qui resta très influencé par son père bien qu'il ait aussi été marqué par les portraitistes anglais, plus particulièrement par Lawrence.
Lancret (Nicolas)
Peintre français (Paris 1690 id. 1743).
Élève de P. Dulin avant 1708, puis de Gillot de 1712 à 1718, il fut reçu à l'Académie en 1719. Cet émule de Watteau se spécialisa très tôt dans les fêtes galantes, sans en retenir tout l'aspect de réflexion mélancolique sur la destinée humaine. Ses brillantes mascarades, son talent, un peu froid mais aimable, lui valurent de très nombreuses commandes des grands collectionneurs, comme le duc d'Antin, le comte de Carignan, Crozat, le comte Tessin, Frédéric II (qui posséda plus de 25 tableaux du peintre, dont le Moulinet, la Danse, le Jeu de pied-de-bœuf, le Bal [Berlin, Charlottenburg]) et le surintendant des Bâtiments royaux. Lancret travailla pour Fontainebleau (Noce de village, 1737, in situ), la Muette (les Saisons, 1738, Louvre), Versailles (Déjeuner de jambon, 1735, Chantilly, musée Condé). Très lié avec Lemoyne, qui admirait autant que lui Van Dyck, il ne toucha guère à la peinture d'histoire (Chasse au tigre, 1736, peint pour Versailles, musée d'Amiens). Les deux esquisses du Louvre (le Lit de justice tenu à la majorité de Louis XV, la Réception à Versailles des chevaliers du Saint-Esprit ) constituent des exceptions dans son œuvre. Lancret s'inspire aussi des Fables et des Contes de La Fontaine, et il retient essentiellement des Pays-Bas le goût un peu familier des sujets de genre, traités sur un ton plus léger (le Montreur de boîte d'optique, Hechingen, château des Hohenzollern ; la Chercheuse de poux, Londres, Wallace Coll. ; la Cuisine, Ermitage), bien que les scènes purement rustiques se trouvent plus nombreuses dans son œuvre après 1736. Ses portraits (la Famille Bourbon-Conti, Illinois University, Krannert Art Museum) sont traités comme des scènes de genre. De même, Lancret, goûtant fort le théâtre, en introduit des scènes dans un décor champêtre, à l'instar de Watteau ; si Gillot s'est contenté de représentations de la comédie italienne, il s'intéresse aux types de Gilles et d'Arlequin, puis aux artistes français eux-mêmes, qu'il portraiture (la Camargo, 1730, Ermitage, Londres [Wallace Coll.] et musée de Nantes) ; mais, à la différence de Pater, il paraît beaucoup plus sensible aux problèmes de la décoration qu'à ceux mêmes de la peinture. Son œuvre, moins émouvant et moins vibrant que celui de Watteau, est l'un des témoins les plus brillants — par sa note d'humour, sa touche vive et par le chatoiement de ses couleurs — du goût de la société du XVIIIe s. pour un art aimable. Nicolas Lancret a laissé de beaux dessins à la sanguine et aux trois crayons (Paris, musée Jacquemart-André ; musée de Dijon ; British Museum ; Stockholm, Nm ; Washington, N. G.).