Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
K

Kesting (Edmund)

Peintre allemand (Dresde 1892  – Birkenwerder 1970).

Après ses études à Dresde, il fait partie de la deuxième génération de l'Expressionnisme, tout en étant proche de l'esthétique du Blaue Reiter. Ses tableaux restent figuratifs et utilisent des éléments déformés et stylisés. Ses compositions présentent la particularité d'intégrer le cadre, comme l'a fait dans un esprit différent Arthur Segal. Dans Village avec araignée (1920, Berlin, Berlinische Gal.), l'artiste joue sur les effets de profondeur et de plans grâce à ce procédé : le cadre est par endroits confondu avec la toile, avec laquelle il forme un plan continu ; à d'autres, il se trouve en saillie et fait apparaître la profondeur.

Ket (Dick)

Peintre néerlandais (Den Helder 1902  –Bennekom 1940).

Peu connu, le peintre Dick Ket est pourtant l'un des représentants les plus attachants du réalisme magique néerlandais. De 1921 à 1925, il est élève à l'École d'arts appliqués d'Arnhem.

   Les premières œuvres du peintre, des natures mortes, des portraits et des paysages, se situent dans la veine impressionniste d'un Breitner. Souffrant d'une maladie cardiaque qui devait l'emporter, il est contraint de ne pas quitter son atelier où il va trouver, à partir de 1929, ses sources d'inspiration, se représentant lui-même et peignant des natures mortes. L'Autoportrait de 1931 (Amsterdam, Stedelijk Museum) où il utilise le miroir, la Nature morte avec de nombreux objets de 1930 (Utrecht, Centraal Museum) sont caractéristiques de son style.

   L'artiste combine à la fois un réalisme minutieux dans la représentation, une construction rigoureuse et qui doit beaucoup au cubisme et au purisme français (les allusions à Cassandre y sont fréquentes), une culture savante dont témoignent des citations de la peinture ancienne souvent teintées d'ironie. Ainsi l'Autoportrait au géranium rouge (1932, Rotterdam, B. V. B.) évoque directement les modèles de l'art italien et allemand de la Renaissance, tandis que ses Trois Autoportraits (1930-1939, Arnhem, Gemeentemuseum) en forme de triptyque traduisent bien sa vision totalement dérisoire de l'humanité.

   Par sa construction et son sujet, la Nature morte aux nids d'oiseau (1940, La Haye, Gemeentemuseum) débouche sur une évocation tragique, annonciatrice de son propre destin et de celui du monde. Dick Ket a peu exposé de son vivant : en 1941, une exposition commémorative de son œuvre a été présentée au Stedelijk Museum d'Amsterdam ainsi qu'au Gemeentemuseum de La Haye.

Ketel (Cornelis)

Peintre et architecte néerlandais (Gouda  1548  – Amsterdam  1616).

Fils de G. J. Van Proyen, il fut l'élève de son oncle Cornelis Jacobsz Ketel, mort en 1568, et d'Anthonie Blocklandt à Delft (1565). En 1566, il voyagea à Fontainebleau et Paris. En 1568, il est cité à Gouda, puis partit en 1573 pour l'Angleterre où il dut rencontrer Federico Zuccaro. À Londres, il peignit le portrait de la reine Elizabeth (1578) et quelques portraits de nobles anglais, dont celui d'Edward Fiennes of Clinton (1574, Londres, N. P. G.). En 1581, il était de retour à Amsterdam, où il exécuta le dessin très libre représentant une Allégorie au miroir (Amsterdam, cabinet des Dessins). En 1590, il s'installa à Gouda. Peintre d'allégories complexes aujourd'hui perdues mais décrites par Van Mander et documentées par des gravures (Allégorie de la Nature humaine, Amsterdam, Rijksprentenkabinet), il s'illustra plus particulièrement dans le genre du portrait avec la Famille (musée d'Utrecht), le Portrait d'homme (1601, Rotterdam, B. V. B.), le Portrait de Dirck Barendsz (1590, Rijksmuseum) et les " Arquebusiers " (1588, la Sortie de la compagnie du capitaine Rosecrans, Rijksmuseum), type de portraits collectifs animés qui préfigurent ceux de Frans Hals. Dans le domaine de la peinture d'histoire, Ketel est une figure centrale du maniérisme tardif, à côté de Goltzius et de Cornelis Van Haarlem. Cornelis Ketel eut pour élève Dirck Barentsz.

Kettle (Tilly)

Peintre britannique (Londres 1735 Alep, Syrie, 1786).

Fils d'un décorateur de carrosses, il étudia à l'Académie de Shipley et à celle de Saint Martin's Lane et fréquenta la galerie du duc de Richmond. Ses premiers portraits reflètent l'influence de Reynolds. À partir de 1765, il exposa à l'Incorporated Society of Artists. En 1769, il partit pour les Indes, où il remporta un vif succès de portraitiste jusqu'en 1776, année de son retour en Angleterre. Il exposa à la Royal Academy de 1777 à 1783 des portraits d'officiers ou des scènes teintées d'exotisme, comme le Grand Moghol passant en revue les troupes de l'East India. À la suite d'une banqueroute et d'un échec à Dublin, il repartit pour les Indes et trouva la mort à Alep au cours du voyage. Le portrait d'un Jeune Homme à la veste de daim (Londres, Tate Gal.) et celui de Warren Hastings (Londres, N. P. G.) évoquent le talent sans génie de cet artiste qui donne à ses modèles une certaine raideur.

   Versailles conserve un tableau exotique qui lui est attribué, le portrait en pied de Choudjei-a Ed Poulah et son fils Hyrya.

Keuninck (Kerstiaen de)
ou Christiaen de Keuninck

Peintre flamand (Courtrai v.  1560  – Anvers 1635).

Élève de Hans Bol, fixé à Anvers en 1577, Franc maître dans cette ville en 1580, il s'y marie en 1585. La critique reconstitue depuis peu son œuvre, composée à ce jour d'une douzaine de paysages de conception fantastique, striés de coups de lumière vive, relevant des bruns et des bleu-vert d'un éclat froid très particulier. Keuninck reste dans l'esprit de H. Bol et de G. Van Coninxloo. Il leur doit ses compositions pittoresques, avec des branchages brisés, d'invraisemblables rochers et des villes imaginaires. Ses peintures n'évitent ni le désordre ni l'excès (Diane et Actéon, musée d'Anvers). Mais, suivant l'évolution de l'art de Van Coninxloo et de Bril, il se montre sensible aux valeurs d'atmosphère dans Paysages montagneux (Vienne, K. M.), l'Incendie de Troie (musée de Courtrai), la Montagne (Bruxelles, coll. du baron Coppée). Ses Calamités humaines (musée de Gand) révèlent un sentiment exalté de la nature et préludent à la conception du paysage héroïque de Rubens ; l'Ermitage conserve 4 Paysages. L'œuvre de son fils Kerstiaen II (Anvers 1587 - ? 1642) est souvent confondue avec la sienne.