Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
L

Lieferinxe (Josse) , dit le Maître de Saint Sébastien

Peintre français (actif en Provence à la fin du XVe s.).

Son œuvre a d'abord été regroupé sous le nom provisoire de Maître de Saint Sébastien, d'après une série de 7 panneaux illustrant des épisodes de la légende de ce saint (Philadelphie, Museum of Art, coll. Johnson ; Baltimore, W. A. G. ; Ermitage ; Rome, G. N., Gal. Barberini). Charles Sterling a identifié ces scènes avec les panneaux latéraux (8 à l'origine) d'un retable commandé en 1497, par la confrérie de Saint-Sébastien à Notre-Dame-des-Accoules à Marseille, à deux peintres associés, Bernardino Simondi du Piémont et Josse Lieferinxe du Hainaut, et exécuté en 1498 pratiquement par Lieferinxe seul, Simondi étant mort dans l'intervalle. Lieferinxe est signalé à Marseille de 1493 jusqu'à sa mort, entre 1505 et 1508 ; il avait épousé la fille de Jean Changenet, le peintre le plus réputé d'Avignon. On peut lui attribuer également, par comparaison de style, un grand Calvaire (Louvre), un fragment de prédelle représentant une Pietà (musée d'Anvers) et cinq panneaux de volets fermants consacrés à la vie de la Vierge (Mariage de la Vierge, Bruxelles, M. R. B. A. ; Annonciation et Circoncision, musée d'Avignon ; Nativité et Visitation, Louvre) ainsi qu'un Ecce Homo sur toile (Milan, Ambrosiana). Ces tableaux, non documentés, doivent dater de la fin de la courte carrière de l'artiste, v. 1500-1505. De son origine, Lieferinxe tient une culture néerlandaise, qui transparaît dans l'iconographie, le paysage, la technique. L'influence de la peinture piémontaise, générale en Provence à la fin du XVe s., est particulièrement sensible chez lui, sans doute à cause de sa collaboration avec l'Italien Bernardino Simondi. Mais, peintre provençal avant tout, Lieferinxe ranime un demi-siècle plus tard la grande tradition d'Enguerrand Quarton, utilisant la lumière avec une franchise tranchante pour définir des volumes simples, unissant dans ses compositions monumentales la noblesse des figures et un pathétique retenu. Il est le dernier des grands peintres de l'école d'Avignon.

Lievens (Jan)
ou Jan Lievensz

Peintre néerlandais (Leyde  1607  – Amsterdam  1674).

Fils d'un brodeur de Gand, élève de Joris Van Schooten à Leyde v. 1615, puis de Lastman à Amsterdam v. 1619-1621, il s'établit en 1621 à Leyde, où il demeura jusqu'en 1631, s'y liant d'amitié avec Rembrandt, avec qui il aurait partagé un atelier (1624-25) et collaboré (Esther et Aman, Raleigh, North Carolina Museum). Entre 1632 et 1635, il serait allé en Angleterre, où il aurait peint des portraits et rencontré Van Dyck, qui l'influença. De 1634 à 1643, il est à Anvers, puis rentre en 1644 à Amsterdam, où il restera jusqu'à sa mort, à l'exception de quelques voyages qu'il fit à La Haye (1654-1658, 1670-71). Très lié dès 1621 avec Rembrandt, Lievens, qui paraissait à ses débuts plus doué et plus prometteur que celui-ci, reçut de lui une influence décisive qui marqua toute son œuvre ; lui empruntant sa lumière dramatique et ses clairs-obscurs, il arriva à créer des œuvres si proches de celles de Rembrandt qu'elles purent passer pendant longtemps pour des originaux de ce dernier. Parmi ses œuvres rembranesques, citons Élie et Samuel, Los Angeles, The J. P. Getty Museum, la Résurrection de Lazare (1631, Brighton, Art Gal.), Job (1631, Ottawa, N. G.), le Lavement des pieds (Chicago, Art Inst.), Vieille Femme lisant (Philadelphie, Museum of Art), les Quatre Évangélistes (Bamberg, Staatsgal.). Son séjour anversois (1635-1644) modifia le style de ses œuvres ; marqué par Rubens et Van Dyck, Lievens créa des portraits mondains (Autoportrait ; Anna Maria Van Schurman, Londres, N. G.), genre qu'il avait, du reste, déjà pratiqué, mais d'une manière plus intime, dès sa période leydoise (Constantin Huygens, 1626-27, musée de Douai ; Portrait de jeune homme, Édimbourg, N. G. ; Autoportrait, Copenhague, S. M. f. K.). Influencé aussi par Brouwer et Rubens, il exécuta des paysages fantastiques et étranges, aux troncs d'arbre tortueux et aux effets de contre-jour dramatiques (Paysage de dunes, Rotterdam, B. V. B. ; Paysage boisé, Édimbourg, N. G. ; Agar et l'ange, musée de Rouen). Installé à Amsterdam en 1644, il eut une activité de décorateur, travaillant en 1650 pour la Huis ten Bosch, puis en 1656 pour l'hôtel de ville d'Amsterdam ; il peignit des allégories (la Glorification de la Paix, 1652, Rijksmuseum) et eut une grande activité comme portraitiste (l'Amiral M. H. Tromp, Rijksmuseum ; dessin préparatoire au British Museum). Il a aussi laissé de nombreux dessins et plus particulièrement des paysages (Berlin ; Dresde, cabinet des Dessins ; Paris, Louvre, E. N. B. A. ; British Museum ; Albertina ; New York, Pierpont Morgan Library ; Rotterdam, B. V. B. ; Amsterdam, cabinet des Dessins).

ligne de fuite

Terme de perspective désignant l'intersection d'un plan passant par l'œil du spectateur (plan de fuite) avec le plan du tableau. C'est l'ensemble des points de fuite des droites du plan donné. Tous les plans parallèles entre eux ont même ligne de fuite. Les plans horizontaux ont pour ligne de fuite la ligne d'horizon. Les plans verticaux perpendiculaires au plan du tableau ont pour ligne de fuite la verticale principale. Tous les plans perpendiculaires au plan du tableau (ou plans de bout) ont leur ligne de fuite passant par le point de fuite principal.

Ligorio (Pirro)

Peintre et architecte italien (Naples 1513/14  – Ferrare 1583).

Il travaille à Rome comme peintre de façades dans le goût de Polidoro da Caravaggio (œuvres perdues). Au service, comme architecte, des papes Paul IV et Pie IV au Vatican (1557-1566), puis des princes d'Este à Ferrare (1568), il dirige la décoration des jardins et de la Villa d'Este à Tivoli (1566-1572), dans le goût mythologique un peu compliqué de Giulio Romano et de Peruzzi. Il est l'auteur d'allégories dessinées des Sciences et des Arts (Louvre, Albertina) ainsi que d'une suite de dessins relative à la généalogie des princes d'Este. La seule œuvre encore existante est la fresque de la Danse de Salomé à S. Giovanni Decollato à Rome (v. 1544) à laquelle se réfère un dessin préparatoire conservé au British Museum. Cette fresque révèle des similitudes avec Francesco Salviati et devient le témoin de l'émergence du ton érudit et antiquaire dont il use pour interpréter les modèles romains du début du Cinquecento. Son ouvrage, encore en grande partie inédit, Libro dell'Antichità (Turin, Archivio di Stato), est un témoignage important de la conception symbolique de l'Antiquité pendant la Renaissance.