Maître à la Vue de Sainte-Gudule
ou Maître de la Vue de Sainte-Gudule
Peintre flamand (actif à Bruxelles dans le dernier quart du XVe s. et le début du XVIe s.).
Il fut ainsi désigné pour avoir fait figurer dans l'Instruction pastorale (Louvre) la vue de la collégiale Sainte-Gudule de Bruxelles en construction. Il a collaboré avec le Maître de la Légende de sainte Barbe et fourni des volets peints pour des retables sculptés destinés à l'exportation. La production, très abondante, que l'on rassemble actuellement sous son nom est plutôt le fait d'un atelier que celui d'un seul artiste. Les meilleures œuvres du Maître (la Vierge et l'Enfant avec une donatrice et sainte Madeleine, Liège, Musée diocésain) sont d'une facture très fine.
Maître au Feuillage en Broderie
Peintre flamand (actif sans doute à Bruxelles à la fin du XVe s. et au début du XVIe s.).
Imitant souvent Gérard David, à qui ses œuvres ont été parfois attribuées, ce peintre a été désigné par son curieux mode d'expression du feuillé : des petits points souvent empâtés formant une sorte de broderie. Son tableau le plus important est le Triptyque de la Vierge à l'Enfant de Santa Maria degli Angeli de Polizzi, Generosa (Sicile). Sa collaboration avec des maîtres bruxellois dans un triptyque de la N. G. de Melbourne paraît localiser son activité dans la capitale du Brabant. Parmi ses œuvres, on peut citer un triptyque de la Vierge aux anges au musée de Lille et une Vierge aux anges au Louvre (donation Grog).
Maître d'Alkmaar
Peintre néerlandais (actif à Alkmaar au début du XVIe s.).
Ainsi désigné d'après une suite de 7 panneaux — les Œuvres de miséricorde — provenant de Saint-Laurent d'Alkmaar et conservés à Amsterdam (Rijksmuseum), il a été parfois identifié avec le frère de Jacob Cornelisz Van Oostsanen, Cornelis Buys, actif à Alkmaar de 1490 à 1524, et plus récemment avec le Harlémois Pieter Gerritsz, qui apparaît à Alkmaar en 1502, est payé en 1518 pour une maquette de Saint-Bavon de Haarlem, travaille régulièrement pour l'abbaye d'Egmond entre 1515 et 1529 ainsi que pour Saint-Laurent d'Alkmaar et meurt à Haarlem en 1540. En faveur de cette dernière identification joue le net souvenir de Geertgen, dont témoignent les panneaux d'Amsterdam, ce qui implique bien chez son auteur une formation harlémoise, tandis que le soin apporté aux fonds d'architecture des Œuvres de miséricorde se laisse mettre facilement en rapport avec les travaux de maquettes peintes de ce Pieter Gerritsz. La réserve générale d'un coloris porté sur les tons clairs, le réalisme un peu caricatural des visages, la saveur régionale de cette peinture assez traditionaliste et la rare beauté de certains détails, qui ont déjà valeur de natures mortes, donnent la note proprement hollandaise de ce bon suiveur de Geertgen. Les œuvres regroupées sous son sigle restent inégales et dénotent la participation d'un assez vaste atelier ou, ce qui revient fondamentalement au même, plusieurs personnalités distinctes.
Maître d'Ambrass
Peintre tchèque (actif sans doute à Prague à la fin du XIVe s.).
Il est l'auteur d'un cahier d'esquisses employé dans les ateliers de peinture, que l'on situe au début du XVe s., d'après le style des figures représentées : bustes du Christ, de la Vierge, de Saint Jean, Saints, Saintes, Crucifixion, Annonciation (Vienne, K. M.). Ces dessins, groupés 4 par 4, sont présentés sur 14 planchettes encadrées ; celles-ci sont dessinées à la mine d'argent, reprises au pinceau, parfois modelées au blanc de céruse et nuancées de carmin. On rattache généralement cet album au retable de Pähl et à l'épitaphe de Jean de Jeřeň (1395, musée de Prague). Beaucoup de critiques prétendent qu'il s'apparente aux peintures sur panneaux des artistes de la génération précédente, notamment au cycle dit " des Capucins " (v. 1410, id.). C'est surtout par son réalisme, dû à un contact probable avec l'école franco-flamande, que l'album se rapproche du Maître et de l'atelier du Martyrologe de Gérone et du Maître du Retable de Rajhrad ; il s'apparente à une Annonciation (Cambridge, Mass., Fogg Art Museum). Trois dessins indépendants ont dû en faire partie — Philosophe et astronome, la Sibylle et Saint Jean l'Évangéliste, attribués aux Junkers de Prague (bibl. de Dessau et d'Erlangen) —, de même que les Trois Mages (v. 1370-1380, bibl. de Brunswick). L'album du Maître d'Ambrass compte parmi les meilleurs recueils de dessins du Moyen Âge, cependant nombreux à la fin du XIVe s. (cahier d'esquisses de Brunswick, v. 1380-1390).
Maître d'Amiens
ou Maître des Puys d'Amiens
Peintre néerlandais (actif à Amiens entre 1518 et 1521).
On désigne ainsi l'anonyme auteur de 4 étranges tableaux de la confrérie poétique du Puy Notre-Dame d'Amiens, offerts de 1518 à 1521 par les " princes " successifs de celle-ci — suivant une coutume observée chaque année depuis 1451 — et conservés aujourd'hui au musée d'Amiens. M. J. Friedländer, en 1937, les a judicieusement rapprochés de 2 panneaux d'un style aussi exubérant, une Mort de Marie à Anvers (musée Mayer Van der Bergh) et une Présentation de la Vierge, jadis sur le marché d'art munichois (1917). Leur fantaisie décorative, aux complications parfois inexplicables (on n'a pu donner un sens raisonnable aux curieuses petites scènes de l'arrière-plan des Puys), l'expressionnisme de leur facture miniaturiste, d'une liberté digne de Bosch, leur préciosité fondamentale — sans analogues dans la peinture française de l'époque — imposent l'hypothèse d'un artiste étranger étroitement mêlé aux maniéristes anversois, peut-être le plus fascinant de tous ces gothiques attardés des années 1520. Mais le rare talent de portraitiste du peintre permet sans doute, par comparaison avec plusieurs portraits de Lucas de Leyde et de l'école leydoise, de penser à un Néerlandais ayant séjourné à Anvers plutôt qu'à un pur Flamand. La fraîcheur de certains paysages des Puys, qui appelle des rapprochements avec le milieu mi-anversois, mi-leydois de Jan de Cock, comme la nervosité générale de l'écriture renforcent le caractère néerlandais du Maître d'Amiens.