Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
M

Muller (Harmen Jansz von)

Graveur néerlandais (Amsterdam 1540  – id. 1617).

Élève de Jan Ewoutsz, il vécut longtemps à Amsterdam. Il travailla avec C. de Cort et grava d'après les œuvres de Van der Straeten et de Maerten de Vos.

 
Son fils Jan Harmensz (Amsterdam 1571 – id. 1628) , qui fut dessinateur et aussi graveur, élève de son père puis de Goltzius, alla, vers 1594, en Italie, où il prit le surnom de Grunvinck ; il grava d'après Spranger et Cornelis Van Haarlem, et exécuta des dessins, influencés par Goltzius et Spranger, puis, après son retour d'Italie, par Barocci et Zuccaro, mais assez proches du style de Francken (Amsterdam : musée Fodor ; Louvre ; Haarlem, musée Teyler ; Albertina).

Müller (William James)

Peintre britannique (Bristol 1812  – id.  1845).

Fils d'un émigré allemand, conservateur du musée de Bristol et, par conséquent, lié aux cercles intellectuels de la ville, il fut élève de son concitoyen J. B. Pyne, dont l'influence fut dominante sur son œuvre. Il fonda en 1832 la Bristol Sketching Society. Essentiellement paysagiste, il travailla principalement à Londres et exposa à la Royal Academy de 1833 à 1845. De ses voyages en Allemagne, en Italie, en Suisse (1833-34), plus tard en Grèce et en Égypte (1838), probablement à l'exemple de D. Roberts, il rapporta de nombreux croquis et dessins. En 1840, il visita la France et publia une suite de lithographies, Picturesque Sketches of the Age of Francis the First. En 1843, il accompagna une expédition archéologique gouvernementale en Lycie. Parmi sa production, les scènes égyptiennes et orientales obtinrent un grand succès et lui valurent de nombreuses commandes (plusieurs exemples sont conservés à Londres, Tate Gal. et V. A. M.). Müller n'en récrimina pas moins contre les institutions artistiques, en particulier la Royal Academy, qu'il accusait de le desservir par de mauvais accrochages. Il se retira à Bristol et mourut très jeune, laissant une œuvre qui, traditionnelle par le dessin et la composition, se distingue par l'emploi de couleurs intenses aussi bien dans les aquarelles que dans les huiles : Vue de la cathédrale de Bristol (1835, Bristol, City Art Gal.).

Mullican (Matt)

Artiste américain (Santa Monica 1951).

Dès ses premières performances réalisées alors qu'il est encore étudiant (California Institute of the Arts, 1971-1974), Mullican s'attache au thème de la ville afin d'interroger les schémas perceptifs tels que les structure notre rapport à un environnement public, réel ou fictif. Une longue période s'avère nécessaire pour l'élaboration d'un vocabulaire de pictogrammes et de couleurs véhiculé par différents supports (bannières, granit, marbre...). Peu à peu, il met en œuvre sa " cosmologie " où se confrontent différents espaces symboliques au sein d'une temporalité transhistorique. L'exposition que lui consacre le M. O. M. A. de New York en 1989 (Project) marque un nouveau palier par l'intégration de l'image de synthèse aux installations— une recherche poursuivie encore aujourd'hui. Il intervient régulièrement en Europe depuis le début des années 1980. Une exposition lui a été consacrée (Valence, I. V. A. M.) en 1995.

Mulready (William)

Peintre irlandais (Ennis, Irlande, 1786  – Londres 1863).

Il se forma auprès du sculpteur Banks, puis à la Royal Academy, dont il suivit les cours de 1800 à 1805. Élève de John Varley, il se lia avec deux autres élèves, John Linnell et William Henry Hunt. Marié à dix-huit ans à la sœur de Varley, il fut contraint de concilier sa peinture avec le goût de ses clients, pour gagner sa vie et élever sa famille qui devait lui apporter de nombreux déboires.

   Il exposa d'abord des paysages (5 esquisses de paysages, Londres, V. A. M.). Puis, vers 1809, il aborda la scène de genre à la manière de Wilkie en puisant ses thèmes dans le monde des enfants. Le Combat interrompu (1816, Londres, V. A. M.) lui valut exceptionnellement d'être élu R. A., alors qu'il n'était A. R. A. que depuis 1815. Vers 1820, il changea de manière : il commença à utiliser des couleurs vives étendues en couches minces sur un fond blanc et montra un plus grand souci de précision dans son dessin.

   De 1839 à 1848, il exécuta ses chefs-d'œuvre (le Sonnet, 1839, Londres, V. A. M.), où il donnait dans le goût mélodramatique de l'art victorien, insistant sur le côté moralisateur : Enseigne à l'enfant la voie à suivre, devenu vieux il ne s'en détournera pas (1841, coll. du Forbes Magazine, New York), qu'il considérait comme sa toile la plus achevée ; gravement endommagée dans un incendie, il la retoucha lui-même et refusa de la peindre à nouveau. Illustrateur de The Vicar of Wakefield en 1843, peintre de genre (le Choix de la robe de mariage, 1845, Londres, V. A. M.), il fut un excellent professeur de dessin et multiplia sur la fin de sa vie les études de nus, qu'il utilisa dans quelques scènes de Baigneuses surprises (1849, Dublin, N. G.). Il eut une forte influence par sa technique sur les peintres préraphaélites et connut un réel succès.

   Lors de l'Exposition internationale de Paris en 1855, il fut nommé chevalier de la Légion d'honneur. Son œuvre est particulièrement bien représentée à Londres (V. A. M.) et à la N. G. d'Édimbourg. Une exposition rétrospective lui a été consacrée à Londres, Dublin et Belfast pour le bicentenaire de sa naissance.

Munari (Bruno)

Peintre et designer italien (Milan 1907-id. 1998).

Dès 1927, il prend part aux manifestations futuristes à Milan. À partir de 1935, il commence ses premières Machines inutiles, qui sont des mobiles suspendus. En 1948, il fonde avec Gianni Monnet, Gillo Dorfles et Atanasio Soldati le Movimento Arte Concreta (MAC) à Milan, qui regroupe de nombreux peintres abstraits, organisera des expositions et publiera un bulletin intitulé Arte Concreta. Les œuvres que réalise alors Bruno Munari, qu'il intitule Négatif-Positif et poursuit jusqu'en 1953, appartiennent tout à fait par leurs formes, leurs processus d'élaboration et leurs factures à la tendance la plus systématique de l'Art concret (Négatif-Positif, 1953), musée de Grenoble. Ce sont les derniers tableaux de Munari, qui, poussant jusqu'au bout sa réflexion, va abandonner définitivement la peinture pour se consacrer à la recherche et y trouver des applications, en particulier dans le domaine du design, dont il est un des acteurs historiques en Italie, de la fabrication d'objets produits en série qui vulgarisent les trouvailles de l'Art cinétique, de l'esthétique industrielle, enfin, en collaboration avec la firme italienne Danese, Munari cherche ainsi à trouver un nouveau mode de communication et va favoriser l'usage des formes contemporaines par le biais de l'esthétique.

   Bruno Munari a organisé en 1962 à Milan pour le compte de la firme Olivetti l'exposition Arte Programmata.