Melone (Altobello)
Peintre italien (Crémone v. 1480 – apr. 1523).
C'est la figure la plus singulière et la plus originale de la première génération des peintres crémonais du XVIe siècle. Son œuvre la plus importante est constituée par l'ensemble des fresques du chœur du dôme de Crémone (1516-1518 : Scènes de l'enfance du Christ et Scènes de la Passion), que l'on peut rapprocher de celles de Romanino par leur fantaisie de goût septentrional mêlée d'éléments vénitiens et ferrarais. La Montée au Calvaire (musée de Crémone) et la Pietà (Brera), où la couleur, influencée par Giorgione et Dosso, est rythmée par une structure plastique inspirée par Bramantino, apparaissent antérieures. Dans les œuvres postérieures, le Christ sur le chemin d'Emmaüs (Londres, N. G.) et le Triptyque Picenardi (Tobie ; Sainte Hélène, Oxford, Ashmolean Museum ; la Vierge, Columbia, Missouri, University Gal. ; prédelle au musée d'Alger), les formes s'adoucissent et rappellent plus nettement les modèles giorgionesques.
Melotti (Fausto)
Artiste italien (Rovereto 1901 – Milan 1986).
Brillant mathématicien et physicien, ingénieur de l'École polytechnique de Milan, poursuivant des études musicales, Melotti s'initie ensuite à la sculpture avant de l'enseigner à partir de 1932. Il traverse difficilement la période fasciste, séjournant à Paris, où il adhère à Abstraction-Création, faisant partie de manifestations privées d'art abstrait en Italie, écrivant sans pouvoir publier, ne se manifestant publiquement, ayant dû abandonner la sculpture, que comme architecte d'intérieur et comme céramiste. Il n'en poursuit pas moins un œuvre titré pour toutes les pièces Scultura suivi d'un numéro d'ordre, d'une rigueur abstraite telle que ses travaux des années 30 sont, avant la lettre, quasi minimalistes. À la Libération, Melotti, tout en poursuivant sa création de céramiste et de poète, se remet à la peinture et revient à la sculpture par de petits bas-reliefs de plâtre et des figurines qui deviendront les Teatrini. Homme réservé, Melotti attend 1967 pour exposer de nouveau après trente ans d'interruption. Entre-temps, son importance historique a du moins été reconnue ; c'est ainsi qu'il est présent à l'exposition " Aspects de la première abstraction italienne, Milan-Côme, 1930-1940 " à la XXXIIIe Biennale de Venise en 1966. Ce sont d'ailleurs ses sculptures épurées des années 30 qu'il prend comme bases de son travail du moment, œuvrant maintenant sur le métal. Le Museum am Ostwald de Dortmund lui a consacré une grande rétrospective en 1971. L'Italie, où il exposa régulièrement, a suivi cet exemple par de grandes manifestations, celle du Fort du Belvédère à Florence en 1981 et celle de la G. A. M. à Rome en 1983.
Melozzo da Forlì (Michelozzo degli Ambrogi, dit)
Peintre italien (Forlì 1438 – id. 1494).
Melozzo fut l'un des principaux propagateurs de l'art de Piero della Francesca dans une région qui s'étend de Rome à Ferrare en contournant la Toscane. Sa formation ne nous est pas connue ; on peut seulement imaginer le rôle de la petite communauté de peintres non négligeables dans sa patrie (Ansuino da Forlì, Guidaccio da Imola) et de la production paléochrétienne et byzantine de la proche Ravenne, qui a pu marquer très tôt la vision monumentale du jeune peintre, le préparant aux premiers rapports avec Piero della Francesca. On le trouve successivement à Rome, à Urbino, à Lorette et à Ancône sans qu'il soit toujours possible de préciser avec certitude les dates de ses passages. Dès 1465, il s'absente de Forlì, et l'on pense que, vers cette époque, il se rend à Rome, où il travaille à l'église S. Marco (Saint Marc écrivant, Saint Marc pape).
On le retrouve à Urbino en 1470-1472, où il participe peut-être à la décoration — exécutée par Pedro Berruguete et Juste de Gand — du studiolo et de la bibliothèque du duc de Montefeltre, dont il donna peut-être le dessin d'ensemble. Années capitales pour l'histoire de la peinture, car celui qui avait le mieux compris l'art de Piero, à travers un tempérament plus communicatif, se trouve en contact direct avec le Flamand Juste de Gand et l'Espagnol Pedro Berruguete, dont le style offre alors des possibilités techniques renouvelées ; preuve en serait le Portrait de Guidobaldo da Montefeltro (Rome, Gal. Colonna). Melozzo se situe ainsi dans le large mouvement de renouveau instauré par Antonello de Messine.
De nouveau à Rome en 1473, Melozzo travaille avec Antoniazzo Romano ; en 1478, il est cité comme " pittore papale " de Sixte IV : c'est l'époque de la grande fresque solennelle (Inauguration de la bibliothèque de Sixte IV, v. 1477) du Vatican, où la perspective savante et les volumes visent à un effet grandiose, puis celle des décorations de l'église des SS. Apostoli (Christ de l'Ascension, auj. au palais du Quirinal ; Anges musiciens et Apôtres, auj. au Vatican). Melozzo, de qui les audaces picturales de Bramante étaient connues, participe dans ses œuvres au grand style monumental qui se propage, de Piero à Raphaël, à l'écart du style " âpre " des squarcionesques et de beaucoup de Florentins. Ces traits sont également sensibles dans les deux dernières grandes décorations, exécutées en collaboration avec Palmezzano : les coupoles de la chapelle du Trésor (Prophètes et Anges) à Lorette et celles, détruites en 1944, de la chapelle Feo (v. 1493, Forlì, S. Biagio), où de colossales silhouettes de prophètes, assis autour du parapet sous une fausse voûte à caissons, produisent un prodigieux effet illusionniste.
Melzer (Moriz)
Peintre allemand (Albendorf, Bohême, 1877 – Berlin 1966).
Après ses études à Weimar, il se rend à Berlin en 1908. En 1910, il est cofondateur de la Neue Sezession. Après un séjour à Paris en 1912, il fonde à Berlin, avec Georg Tappert, l'École des arts libres et appliqués. Il collabore ensuite aux revues expressionnistes Der Sturm et Die Aktion. À partir de 1917, son œuvre témoigne de l'influence de l'Expressionnisme qui reste marqué par le Cubisme. En 1918, Melzer est cofondateur du Novembergruppe. À partir de 1921, il enseigne à l'école Reiman et à l'École municipale des beaux-arts de Berlin. Les œuvres qu'il réalise à cette époque restent figuratives, bien qu'à la limite de l'abstraction par leurs contrastes de couleurs, leurs formes excessivement fragmentées et la multiplicité des lignes obliques qui strient la surface (Ville-pont, 1923). Melzer montre dans les expositions du Novembergruppe des tableaux retrouvant le procédé traditionnel des lamelles verticales peintes qui permettent de voir changer la composition selon l'angle de vue. En 1933, Moriz Melzer est déclaré " artiste dégénéré " et trente œuvres de sa main, conservées dans les musées allemands, sont détruites. Il poursuivra son activité après 1945.