Feito (Luis)
Peintre espagnol (Madrid 1929).
Il fréquente l'École des beaux-arts de Madrid, où, en 1954, il est professeur de dessin et réalise sa première exposition particulière (gal. Bucholz), la seconde ayant lieu en 1955 (gal. Fernando Re). Muni d'une bourse, il vient à Paris en 1954 et expose en 1955 à la gal. Arnaud, qui, a montré régulièrement ses œuvres. Ses premières toiles font une place importante au graphisme, qui dessine en lignes claires sur des fonds plus sombres des sortes de plans évoquant architectures ou jardins. Très vite, cependant, Feito découvre la matière à laquelle il restera fidèle pendant de longues années, cette pâte épaisse, granuleuse, évoquant les terres calcinées de son pays ; elle est encore striée, incisée de minces graphismes, de lignes qui s'entrecroisent, mais qui disparaîtront peu à peu pour donner passage à la lumière en des contrastes accentués de zones claires et sombres. Peu à peu, les couleurs " naturelles " s'effaceront pour faire place presque uniquement au rouge et au noir. À partir de 1964-65, la couleur domine (Diptyque n° 563, 1966, Marseille, musée Cantini), notamment dans les grandes toiles présentées à la Biennale de Venise en 1968 : d'épaisses masses de teintes vives s'organisent en rythmes simples avec une sorte de force élémentaire et s'opposent souvent à de vastes aplats unis en des diptyques d'un caractère monumental (exposés gal. Arnaud, 1968). Le M. E. A. C. de Madrid a consacré une rétrospective à Feito en 1988. Ses œuvres des années 1980 confirment son intérêt pour la clarté géométrique des grandes touches colorées. Il est nommé en 1985 officier des Arts et des Lettres de France. Ses œuvres figurent dans les musées de Bilbao, de Cuenca, de Madrid (collection Juan March), de Marseille, d'Alexandrie, de Rome, de Montréal, de New York (Guggenheim Museum), de Houston, de Rio de Janeiro, de Paris (M. N. A. M. et M. A. M. de la Ville).
Felixmüller (Conrad)
Peintre et graveur allemand (Dresde 1897 – Berlin 1977).
Il se forme à l'Académie de Dresde et commence en 1913 à graver sur bois et à lithographier. Dès 1916, il expose à Berlin, au Sturm, et, l'année suivante, il donne des gravures sur bois pour le journal Die Aktion. Il fut d'abord marqué par le style graphique de Die Brücke et par les simplifications volumétriques de l'art nègre. À partir de 1920, la région de la Ruhr et l'univers minier lui inspirent une suite très cohérente de grands dessins à l'encre de Chine et de gravures ; les licences expressives, réservées aux personnages, s'intègrent dans une vision plus objective des sites (le Grand Mineur, 1922, coll. part.). Les peintures et les aquarelles, souvent dénonciatrices également de la condition ouvrière (l'Homme dans la ville, 1922-23, Stuttgart, Staatsgal.), témoignent parfois d'un expressionnisme fantastique, aux couleurs stridentes, dans la lignée de celui de Meidner, avec lequel il était lié depuis 1915 (le Suicide du poète Walter Rheiner, 1925, Hagen, coll. part.). Felixmüller joua un rôle actif à Berlin et à Dresde dans les milieux artistiques, engagés politiquement, relevant du cercle de Walden et du Sturm comme des expressionnistes de Dresde (Die Brücke). Il évolua à partir de 1927 vers un réalisme plus direct, auquel ses dernières œuvres se rattachent encore. L'artiste est représenté dans les musées allemands (Halle, Dresde, Wiesbaden, Stuttgart, Düsseldorf, Leipzig, Berlin, N. G.).
Fényes (Adolf)
Peintre hongrois (Kecskemét 1867 Budapest 1945).
Il débuta comme élève de B. Székely, étudia ensuite à Weimar et vint à Paris. Il peignit v. 1900 des toiles sombres, d'esprit naturaliste, d'une étonnante force d'expression (Mère et enfant, 1901, Budapest, G. N. H.). En 1903, il s'établit à Szolnok. Sa peinture s'éclaircit sous l'influence du pleinairisme et évolua quelque temps parallèlement au style de l'école de Nagybánya (Rue à Szentendre, 1904, id.) Vers 1910, Fényes abandonna l'Impressionnisme pour un style décoratif, s'exprimant le plus souvent en des natures mortes de couleurs vives, d'une grande élégance de composition (Gâteau au pavot, 1910, id.).
Férat (Serge Jastrebzoff, dit Serge)
Peintre français d'origine russe (Moscou 1881 – Paris 1958).
Il arrive à Paris v. 1901 ou 1902. Après avoir été l'élève de Bouguereau, il subit l'influence des Italiens du Quattrocento, puis de Cézanne. Puis il se lie avec l'avant-garde des poètes et des artistes et collectionne des œuvres du Douanier Rousseau. Les œuvres de Picasso, dont il fait la connaissance v. 1910-11, sont pour lui une révélation et il s'oriente peu à peu vers le Cubisme, qu'il adopte définitivement en 1913. Ses peintures, d'un cubisme très orthodoxe (Nature morte : verre, pipe et bouteille, 1914-15, Paris, M. N. A. M.), font preuve de grandes qualités de goût, mais son apport créateur se révèle assez mince.
Le rôle joué par Férat dans la diffusion du Cubisme fut en revanche fort important. Avec sa cousine, la baronne d'Œttingen, il recevait dans le salon de celle-ci toute l'avant-garde parisienne et fut notamment le commanditaire de la deuxième série (nov. 1913-juill.-août 1914) de la revue les Soirées de Paris, organe officieux du " Cubisme écartelé " d'Apollinaire. En 1917, il réalise les décors et les costumes de la pièce de ce dernier, les Mamelles de Tirésias. Serge Férat détruisit nombre de ses œuvres et mourut dans le dénuement et un oubli presque général.
Ferenczy (les)
Famille d'artistes hongrois.
Károly (Vienne 1862 – Budapest 1917). Il étudia d'abord à Munich, puis de 1887 à 1889 à Paris, où il fréquenta l'Académie Julian et suivit parallèlement l'enseignement de Bastien-Lepage (Jeune Jardinier, 1891, Budapest, G. N.). Après une période naturaliste à Szentendre (1889-1892), il retourna à Munich et évolua vers un style personnel plus décoratif et aux couleurs éclatantes (Au jardin de Neuwittelsbach, 1894), dont les développements donneront naissance à l'école de Nagybánya ; l'un des premiers à s'installer à Nagybánya, il en devint non seulement le maître le plus important, mais celui qui, par son talent, l'a définitivement imposée, assurant un foyer central à la peinture hongroise renaissante. Préoccupé par les problèmes du plein air, d'abord voilé de nuages, puis radieusement ensoleillé (les Trois Mages, 1898, Budapest, G. N. H. ; Harmonie du soir avec chevaux, 1899, id. ; Femme peintre, 1903, id. ; Matin ensoleillé, 1905, id.), il traduisit de plus en plus la lumière puissante, envahissante, de la plaine hongroise. Sa conception synthétique s'opposait à la touche divisée de l'Impressionnisme français, sa facture recherchait de larges accents et aboutit dans sa dernière période à un style dont la force évocatrice ne le cédait en rien à l'efficacité décorative (Double Portrait, 1908, id. ; Béni avec barbe, 1912, id.). Il eut une influence déterminante sur les peintres nés à la fin du siècle.
Béni (Szentendre 1890 – Budapest 1967). Fils de Károly, considéré comme le plus grand sculpteur hongrois de sa génération, il est aussi un remarquable dessinateur, dont l'œuvre indépendante, rayonnante de tendresse et de vivacité, se rattache au style de Postnagybánya (Portrait de Béla Bartók, Réveil).
Noémi (Szentendre 1890 – Budapest 1957). Sœur jumelle du précédent, elle exécuta des cartons de tapisserie, des dessins et des aquarelles. Elle étudia à la manufacture des Gobelins à Paris, et ses premières œuvres reflètent encore l'influence des verdures françaises (Création, 1913, coll. part.), puis elle évolua vers un style personnel apparenté à l'école de Postnagybánya. Dans ses tapisseries, l'effet décoratif est subordonné à la représentation picturale. Ses esquisses à l'aquarelle et ses études graphiques reflètent fidèlement un art d'une tendre simplicité, exempt de pathétique, mais non de sens monumental (Bergère, Vignobles en automne, Budapest, G. N. H.).