Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
M

Mostaert (les)

Peintres flamands.

Frans et Gillis Mostaert, qui étaient jumeaux, arrivèrent très jeunes à Anvers avec leur père, artiste de talent médiocre.

 
Frans (Hulst v. 1534 – id. 1560) eut une carrière extrêmement courte, puisqu'il mourut à peine âgé de vingt-six ans. Il fut l'élève de Herri Met de Bles et devint maître de la gilde de Saint-Luc à Anvers en 1554. D'après Van Mander, il passait pour un paysagiste distingué. On ne connaît pas d'œuvres signées de sa main. Deux paysages, qui naguère figuraient sous son nom au K. M. de Vienne, sont aujourd'hui attribués à Gillis. Un autre paysage avec la représentation d'Agar, Ismaël et l'Ange, dans la même collection, semble être dû à la collaboration des deux frères, Gillis ayant exécuté les figures et Frans le paysage, conçu dans la manière de Herri Met de Bles.

 
Gillis (Hulst v. 1534 – Anvers après 1598) fut l'élève de Jan Mandyn et devint franc maître de la gilde de Saint-Luc à Anvers en 1554. Ses premiers biographes le présentent comme un vrai bohémien, rieur et facétieux, irrespectueux et mystificateur. Cependant, il était connu comme un artiste doué, inventif et productif. Il a peint des sujets aussi bien religieux que mythologiques et historiques. Peintre de genre et paysagiste, il peut être comparé à Maarten Van Cleve et à Jacob Grimmer, avec qui, à l'occasion, il a collaboré. Les inventaires anciens mentionnent un grand nombre de ses œuvres. On recherche surtout ses petits paysages d'hiver, appelés " Winterkens ", et ses sujets nocturnes aux effets lunaires et aux lueurs d'incendies. Gillis a collaboré à des tableaux de Cornelis Dalem, de Jacob Grimmer et de Vredeman de Vries. La Destruction de Sodome et de Gomorrhe, œuvre tardive (Bruxelles, M. R. B. A.), appartient à une série de compositions à sujets dramatiques, éclairées par des incendies, comme la Scène de guerre et d'incendie du Louvre datée, elle, 1569. Ici, comme ailleurs, on décèle l'éclectisme du peintre, qui se réfère aussi bien aux modèles italiens qu'à ceux de ses compatriotes.

   Ses œuvres se trouvent dans les musées d'Anvers, de Brême, de Budapest, de Copenhague, de Münster, de Naples, de Stockholm et de Vienne.

Motherwell (Robert)

Peintre américain (Aberdeen, Washington, 1915  – Provincetown 1991).

Il étudia quelque temps la peinture à l'école des Beaux-Arts de San Francisco avant d'entrer à l'université Stanford, où il obtient le " B. A. " de philosophie en 1937. Il poursuivit ses études à Harvard et en 1938, lors d'un voyage en Europe, passa l'été à l'université de Grenoble. Doué d'un sens spéculatif aigu, il s'intéressa aux théories du Surréalisme et devint l'ami intime du peintre chilien Matta, en compagnie duquel il peignit en 1941 à Mexico. Il se trouva ainsi placé dans une position privilégiée pour participer aux mouvements qui conduisirent à l'Expressionnisme abstrait. Il exposa pour la première fois à l'exposition surréaliste internationale de New York (1942), puis à la gal. Art of this Century de Peggy Guggenheim (1944). Il enseigna en 1945 à Black Mountain College et fonda en 1948 avec Rothko, Hare et Baziotes l'école Subjects of the Artists, qui par la suite devint un groupe de débats entre artistes réputés, familièrement connu sous le nom de " The Club ". Comme ses collègues de l'école de New York, il préfère travailler dans les très grands formats (les toiles de l'" Open Series ", commencées en 1967, en témoignent). La partie la plus connue de son œuvre est, comme celle de Kline, réduite au blanc et au noir. Motherwell, cependant, contrôle davantage son travail, dont l'inspiration est d'un caractère plus universel. Son œuvre reflète d'autre part ses vastes connaissances théoriques et une très grande curiosité qui n'exclut pas les problèmes politiques. Un de ses thèmes les plus fréquemment repris au travers de multiples versions porte le titre d'Élégie pour la République espagnole (1961, Metropolitan Museum). Motherwell est également très admiré pour une série magistrale de collages exécutés vers la fin des années 40 (The Elegy, 1948, Cambridge, Mass., Fogg Art Museum). Il est en même temps l'auteur d'œuvres de petites dimensions, d'un caractère intime, comme les variations intitulées Beside the Sea (v. 1960-61, Hanover, Penns., coll. Sophie et Boris Leavitt), où les bleus étincelants et les verts, évocations de la côte méditerranéenne, succèdent à l'atmosphère dramatique des élégies espagnoles. On ne saurait oublier enfin qu'il a été l'éditeur de plusieurs publications telles que Possibilities (1947-48), The Documents of Modern Art (1944-1951) et Modern Artists in America (1952). Une rétrospective lui a été consacrée au M. A. M. de la Ville de Paris en 1977. En 1982 a eu lieu l'ouverture de la galerie Motherwell au Musée national bavarois d'Art moderne de Munich.

motif

Sujet ou thème d'un tableau. Sujet à partir duquel un tableau est élaboré. Par extension, " aller sur le motif " (Paul Cézanne) signifie peindre en plein air, devant le paysage.

Mottez (Victor)

Peintre français (Lille 1809  – Bièvres 1897).

Mottez, l'un des plus doués parmi les disciples d'Ingres, vécut à Rome dans son intimité. Engoué de peintres " primitifs ", il étudia leurs procédés et remit en honneur la technique de la fresque. Il traita ainsi son chef-d'œuvre, Portrait de Madame Mottez (1836 ou 1837), fresque transposée sur toile à la demande d'Ingres (Louvre) ; sa femme lui servit encore de modèle pour deux beaux portraits à l'huile, l'un de 1833, au musée de Lille, l'autre de 1842, Madame Victor Mottez, au Petit Palais de Paris, qui conserve aussi le Portrait d'Edmond Caillard, 1847. Il prit une part active à la décoration des églises de Paris (Saint Martin partageant son manteau, 1862, à Saint-Sulpice ; Saint-Séverin) ; mais la plus importante décoration, le porche de Saint-Germain-l'Auxerrois, exécutée sur fond d'or, est maintenant détruite. Le Louvre conserve aussi le portrait d'Henri Mottez, enfant, Salon de 1879. Il donna, en 1858, la traduction du Traité de peinture de Cennino Cennini, réédité en 1911.