Franco (Battista) , dit Semolei
Peintre italien (Venise v. 1498 – id. 1561).
Il se forma dans le milieu maniériste romain, sans que l'on sache exactement qui fut son maître. Ses premières œuvres sont exécutées à Venise. En 1530, Franco est à Rome, où il participe — avec Antonio da Sangallo — à l'apparato de l'entrée de Charles Quint (1536). La même année, à Florence, il aide Vasari dans l'élaboration des préparatifs du mariage du duc Alexandre de Médicis et de Marguerite d'Autriche, et, en 1539, à celui de Cosme Ier et d'Éléonore de Tolède. Il ne reste rien de ces travaux, connus par les seules descriptions de Vasari. De retour à Rome, Franco travaille à S. Giovanni Decollato (Arrestation de saint Jean-Baptiste, 1542), copie le Jugement dernier de Michel-Ange et les sculptures de la Sagrestia Nuova de S. Lorenzo, récemment terminées et qui l'influenceront certainement (Descente aux limbes, 1542, Rome, Gal. Colonna). Après un passage à Urbino (Madone avec saint Pierre et saint Paul, Urbino, Museo diocesano) et dans les Marches (Osimo, Fabriano), il passe les dernières années de sa vie à Venise, où il travaille notamment à la Libreria Vecchia de Sansovino (1556, 3 tondi), au Palais ducal et au Fondaco dei Tedeschi. Parmi les œuvres demeurées à Florence et fortement marquées par l'étude de Michel-Ange, il faut retenir l'Allégorie de la bataille de Montemurlo (Florence, Pitti) et le Noli me tangere de la Casa Buonarroti, attribué à Battista Franco par C. de Tolnay.
François (Guy) , dit Guido Aniciensis, Guido Francesco ou François du Puy
Peintre français (Le Puy, Haute-Loire, v. 1580 – id. v. 1650).
Il est documenté en 1608 à Rome, où il reste probablement jusqu'en 1613. Une Sainte Cécile et l'ange (Rome, G. N., Gal. Corsini) généralement attribuée à Saraceni pourrait être une œuvre de lui remontant à ce séjour ; d'autres œuvres données jusqu'ici à Saraceni (Famille du menuisier, Hartford, Wadsworth Atheneum ; Sainte Famille, musée de Brest) sont sans doute aussi des toiles romaines de Guy François, comme la Sainte Madeleine pénitente du Louvre.
Le peintre travailla dès 1613 à Montpezat (Tarn-et-Garonne). Il a laissé ses œuvres au Puy (le Christ en croix, 1619, église des Jésuites ; le Rosaire, 1619, et l'Incrédulité de saint Thomas, église Saint-Laurent ; Saint Félix de Cantalice, 1619, Carmes) ainsi que dans les autres cités du Languedoc : à Montpellier (le Christ en croix, 1634, Notre-Dame-des-Tables), à Tournon (la Présentation, collégiale), à Toulouse pour l'église des Chartreux (Purification, Sainte Famille, Mariage mystique de sainte Catherine, musée de Toulouse). Mais il travailla aussi pour les églises d'Auvergne (deux Adorations des bergers [1630, Gannat, et 1631, Saint-Bonnet]) et de Gascogne (Saint Bruno au désert [Saint-Bruno de Bordeaux], naguère considéré comme une œuvre de Dominiquin). Citons aussi la Sainte Famille avec saint Bruno et sainte Élisabeth de Hongrie (1626, musée de Bourg-en-Bresse). Le style de Guy François, marqué par Saraceni, s'apparente aussi à celui des Bolonais ; il évolue, vers la fin de sa carrière, vers plus de lourdeur et de surcharge. Les musées du Puy et de Saint-Étienne ont consacré une exposition à l'artiste en 1974.
Son frère cadet, Jean Ier (Giovan Francesco) [1580 – av. oct. 1650], est en 1630 à Rome, en 1649 à Toulouse, où il peint les Disciples d'Emmaüs (musée de Toulouse).
Jean II, le fils de Guy, consul du Puy, a laissé dans cette ville un Christ en croix (1663, Carmes) , un Tableau consulaire (1667, Jésuites) et la Naissance de la Vierge (1679, Carmes).
Frankenthal (école de)
En 1587, fuyant les persécutions religieuses, un groupe de protestants des Pays-Bas s'établissait à Frankenthal, village de la Bavière rhénane, non loin de Spire. Parmi eux se trouvait le peintre Gillis III Van Coninxloo, originaire d'Anvers, qui devait révolutionner l'art du paysage. Le Jugement de Midas (1588, Dresde, Gg) — peut-être inspiré par les décorations de Paul Franck à Kircheim —, aboutissement des tentatives de peintres comme Patinir, Herri Met de Bles, Gillis Mostaert ou Hans Bol, est à l'origine de l'art baroque néerlandais du paysage. Au lieu de vastes panoramas lumineux, les artistes influencés par Gillis Van Coninxloo représentent des sites romantiques ou tragiques ; ils ont une prédilection pour les forêts touffues, les arbres aux troncs noueux, les architectures fantastiques et les villes incendiées. Les effets d'éclairage accentuent encore par leurs contrastes le rythme violent des compositions.
Parmi les artistes nés ou ayant travaillé à Frankenthal, il faut citer, outre Joos Van Liere, Jan de Witte, Antoine Mirou, Pieter Schoubroek, Hendrick Van der Borcht le Vieux, Jakob Marrel, Jan Vaillant.
L'influence de l'école de Frankenthal apparaît aussi chez des peintres comme Karel Van Mander, Kerstiaen de Keuninck, Peter Stevens II, David Vinckboons ou Mattheus Molanus. Par ailleurs, il est difficile de la dissocier de celle de centres comme Nuremberg, Augsbourg et surtout Francfort, tout proche, où travaillèrent Frederick Van Valckenborch et Hendrick Van der Borcht le Jeune ; Y. Thiéry a rappelé que le style romantique des artistes de Frankenthal survécut longtemps en Allemagne et il l'a reconnu dans un tableau du Herzog Anton Ulrich-Museum de Brunswick daté de 1641, la Bataille des Israélites contre les Amalécites, signé H. V. Jos. Enfin, R. Oldenbourg a rattaché à l'école de Frankenthal les œuvres de jeunesse d'Adam Elsheimer. Frankenthal étant un lieu de passage privilégié entre les Pays-Bas et l'Italie, il n'est pas étonnant de noter des similitudes de style entre son école et celle des paysagistes travaillant en Italie au début du XVIIe s., et l'on comprend le rôle que la ville joua dans la diffusion du style italo-flamand, créé à Venise et qui se propagea rapidement au nord des Alpes.
Frankenthaler (Helen)
Peintre américain (New York 1928).
Élève de Tamayo et de P. Feeley, elle suivit en 1949 les cours de Meyer Schapiro à Columbia University avant de participer, l'année suivante, à la Summer School de Hans Hofmann à Provincetown. Sa première exposition personnelle eut lieu en 1951 à la gal. Tibor de Nagy (New York).
Helen Frankenthaler joua un rôle primordial dans le développement de la peinture abstraite américaine après la guerre. Très jeune, elle sut assimiler les influences de Pollock, de Gorky et de Kandinsky. Tout en retenant dans sa célèbre toile Mountains and Sea (1952) un équilibre des volumes qui n'est pas sans rappeler les Jardins de Sochi de Gorky (1941, New York, M. O. M. A.), elle sut résoudre le conflit caractéristique des œuvres de la première génération abstraite entre dessin et peinture en employant une technique d'application directe du pigment sur la toile. Ce procédé permet à la couleur de s'épancher " naturellement " sur la toile, de s'y " dessiner " et de mettre en valeur l'existence même de celle-ci. Connu sous le nom de " soaked " ou de " stained canvas ", il fut, dès lors, adopté par des peintres tels que Morris Louis et Kenneth Noland, qui, grâce à Clement Greenberg, devinrent familiers de l'œuvre de H. Frankenthaler dès 1953.
Les empreintes de couleur prirent dans les tableaux une importance de plus en plus grande, faisant passer au second plan les aspects narratifs ou anecdotiques de la toile : Jacob's Ladder (1957, New York, M. O. M. A., Mauve District, 1966, id.).
Depuis les années 60, obéissant à la même exigence, Frankenthaler a utilisé successivement des formes plus denses et maîtrisées, des effets de fluidité d'une couleur unique ou le blanc de la toile en réserve, repoussant la couleur sur les bords de la toile. En 1975, elle a fait une série de peintures sur céramique, aux tons délicats. Modulant de grandes plages de couleurs, Frankenthaler continue de disposer sur ses toiles des combinaisons de signes calligraphiques, taches, traits, parfois empâtements et de longs plans de couleurs fluides (Salomé, 1978, Vienne, M. A. M.), l'œuvre étant parfois inspirée par les maîtres classiques (Portrait de Marghareta Trip, 1980, d'après Rembrandt). L'artiste est bien représentée dans les collections américaines (New York, M. O. M. A., Whitney Museum ; Washington, Hirshhorn, N. G. ; Los Angeles, County M. A.). Sa peinture est régulièrement présentée à New York (gal. André Emmerich), où son œuvre graphique a été exposé en 1984 (Guggenheim Museum). Une rétrospective a eu lieu en 1989-90 (New York, Fort Worth, Detroit, Los Angeles).