Perino del Vaga (Piero di Giovanni Bonaccorsi, dit)
Peintre italien (Florence 1501 – Rome 1547).
Élève, à Florence, de Ridolfo Ghirlandaio, il se forma surtout par l'étude attentive de Michel-Ange. Vers 1516-17, entré dans l'atelier de Raphaël, où il se distingua très vite, Perino participa, par des stucs et des grotesques, à la décoration des Loges du Vatican (achevées en 1519) et affirma sa maîtrise dans ce type d'ornementation. De cette première période romaine datent la Pietà (S. Stefano del Cacco, v. 1517-18), le Jugement de Zaleucus (fragment provenant du palais Baldassini de Rome, 1520-21, Florence, Pitti), le décor de la chapelle Pucci à la Trinité-des-Monts (1522-23), le Bon Larron et le Mauvais Larron (Hampton Court, fragments de la Déposition peinte pour S. Maria sopra Minerva, 1523).
La mort de Léon X, la peste de 1522, le sac de Rome, enfin, entraîneront, en 1528, le départ de Perino pour Gênes, où il restera pendant une dizaine d'années au service du prince Andrea Doria et où il exécutera son chef-d'œuvre, la décoration intérieure du palais princier. Les thèmes (salle du Naufrage, loggia des Héros de la famille Doria, salle des Géants), consacrés à l'exaltation des Vertus et des Gloires de la famille Doria, rappellent souvent ceux de Giulio Romano.
Après un passage à Pise, où il travaille au Dôme (v. 1535), Perino revient définitivement à Rome (1537-38), où il occupe très vite une position de peintre officiel, protégé par le pape Paul III et le cardinal Alessandro Farnèse (1520-1589).
En 1538-39, il décore la chapelle Massimi à l'église de la Trinité-des-Monts (disparue ; fragment [la Résurrection de Lazare] à Londres, V. A. M.). Il donne des projets pour le soubassement du Jugement dernier de Michel-Ange (1542) et commence à travailler, avec ses élèves, au château Saint-Ange (paiement à partir de 1545 ; salle Pauline, salle de Psyché), décoration qu'il laissera inachevée.
Il faut aussi souligner la part prise par Perino dans la diffusion des nouveaux modèles d'art décoratif, aux rythmes harmonieux et recherchés : décors de façades, ornements de galères, projets de costumes de fêtes, d'orfèvrerie, d'étoffes, modèles pour les graveurs. On ne connaît de lui que de rares tableaux de chevalet (Sainte Famille, Londres, Courtauld Inst. ; la Nativité avec des saints, 1533, Washington, N. G.). Ses nombreux dessins, comme le Martyre des Dix Mille (Vienne, Albertina), modèle d'un projet élaboré pour Florence qui l'opposa sans succès au Florentin Pontormo (1523), révèlent davantage sa recherche obstinée et incessante d'un maniérisme élégant tourné avant tout vers la grâce et la perfection formelle.
Permeke (Constant)
Peintre belge (Anvers 1886 – Ostende 1952).
Fils du peintre de marines Henri Permeke, il passe son enfance à Anvers, puis à Ostende, où son père s'installe en 1892. Inscrit comme élève libre à l'Académie des beaux-arts de Gand (1904), il y reçoit l'enseignement de Jean Delvin et fait la connaissance de Gustave De Smet et de Frits Van den Berghe. Après son service militaire, il gagne Laethem-Saint-Martin au printemps de 1909 et y demeure jusqu'en 1912. Ces trois années représentent une phase d'expérimentation de techniques encore en vogue en Belgique et relevant de l'Impressionnisme comme du Symbolisme ; mais le travail de certains Laethémois (De Saedeleer, Servaes) le retient davantage, et l'Hiver en Flandre (1912, musée d'Anvers), premier essai de synthèse du paysage et de l'homme, marque une volonté délibérée d'expression du terroir. D'autres thèmes (marine, maternité), abordés ensuite à Ostende (1912-1914), indiquent une direction analogue de recherches (Maternité, 1913, Rotterdam, B. V. B.). Permeke manifeste également déjà d'étonnants dons de dessinateur (la Mère de l'artiste, fusain, 1913, Jabbeke, musée Permeke). Mobilisé, il est grièvement blessé au siège d'Anvers et évacué en Angleterre. Convalescent, il s'installe dans le Devonshire, à Chardstock, puis à Sidford. C'est alors qu'il peint les grands tableaux de figures : l'Étranger (1916, Bruxelles, M. R. B. A.), le Boucher (1916, Bruxelles, musée d'Ixelles), le Buveur de cidre (1917), considérés plus tard comme les manifestes de l'Expressionnisme flamand, mais dont les formes arrondies, presque intégrées au plan, relèvent encore de l'esthétique symboliste. Les paysages du Devonshire sont, en revanche, très différents. Peut-être influencés par Turner dans leur gamme rouge et or, ils ont une allure quasi informelle (Moisson dans le Devonshire, 1917, musée d'Ypres). De 1919 à 1929, Permeke habite surtout Ostende. Le thème marin est privilégié jusque v. 1925, puis le thème rustique l'emporte peu à peu, à la faveur de séjours fréquents dans l'arrière-pays, à Astene (1922-1924), puis à Jabbeke, où il s'établit définitivement en 1929. La révélation du Cubisme et de l'art nègre (expositions à Anvers et à Bruxelles en 1920) entraîne une transformation profonde de son style. De petites et de grandes études au fusain (pêcheurs, femmes du peuple) précèdent et accompagnent la réalisation de vastes tableaux, où les apports du modernisme et de l'école de Paris sont aisément intégrés et où le caractère est affirmé de façon toujours véridique : les Fiancés (1923, Bruxelles, M. R. B. A.), le Pain noir (1923), les Frères marins (1923, musée de Bâle), l'Homme au panier (1925, musée d'Ostende). La palette demeure sombre, si la matière s'est beaucoup allégée depuis les débuts, et le dessin précis de certains détails équilibre les compositions les plus enlevées, suivant un principe de compensation observé dans les meilleures œuvres (la Femme au panier, 1920, musée d'Anvers). Par ailleurs, les marines proprement dites (1924-25) mènent l'artiste, avec l'élimination progressive des fabriques, à la conquête d'un métier plus pictural (musée de Grenoble ; Bruxelles, M. R. B. A.).
Entre 1926 et 1928, l'évolution des formes se traduit momentanément chez Permeke par l'adoption d'un parti tendant à respecter les deux dimensions et à opposer les tons (Famille de paysans au chat, 1928, musée de Bruges). L'installation à Jabbeke voit le début d'une période (1928/29-1935) qui représente peut-être l'apogée de la carrière de l'artiste. Une couleur plus claire et variée est réservée aux vues de fermes et de la campagne flamande (la Truie, 1928 ; Paysage d'automne, 1931, musée d'Anvers), mais les valeurs régissent toujours les grands tableaux de figures, et la maîtrise technique permet la fusion lyrique des moyens du dessin et de ceux de la peinture (Maternité, 1929, musée d'Ostende). Quelques œuvres comme le Semeur (1933, Jabbeke, musée Permeke), le Paysan grattant la terre (1934, musée d'Anvers), le Mangeur de pommes de terre (1935, Bruxelles, M. R. B. A.) représentent l'aboutissement d'une tradition septentrionale de la peinture de terroir, avec des références assez explicites à Bruegel et à Van Gogh, et comptent pourtant parmi les œuvres les plus personnelles de Permeke. À partir de 1935-36, celui-ci s'intéresse à la sculpture. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il dessine surtout des nus, dont il a toujours été un remarquable interprète. Portraits, paysages — ceux-ci riches de matière et évocateurs fidèles de l'atmosphère du pays flamand — occupent ses dernières années. L'exceptionnelle densité et l'unité de certains paysages (musée de Deurle ; Bruxelles, M. R. B. A.) ont pu retenir l'attention de De Staël quand il était en Belgique. Permeke fait un voyage en Bretagne (1951) peu de temps avant sa mort. Son art est une des synthèses figuratives contemporaines les plus puissantes. L'artiste sut utiliser les innovations techniques, les motivations spirituelles de son temps au service d'une expression dont les origines sont décelables, mais qui rejoint, grâce à une vertu exemplaire de participation, la plus large humanité. Il est représenté dans les musées belges à Anvers, à Jabbeke (musée Permeke, riche en dessins et en peintures de toutes périodes), au M. N. A. M. de Paris, à Amsterdam (Stedelijk Museum), à Londres (Tate Gal.) et dans les musées de Bâle, de Prague et de São Paulo. Des expositions ont eu lieu en 1975 à Knokke-Heist, Casino, et en 1986 à Ostende, musée provincial d'Art moderne.