Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
E

Estes (Richard)

Peintre américain (Evanston, Illinois, 1936).

Estes est un ancien élève de l'Art Institute de Chicago. Il travaille aujourd'hui à New York. Comme la plupart des peintres du courant hyperréaliste, dont il fait partie, il emprunte ses thèmes au monde de la vie urbaine : cimetières de voitures, intérieur vide d'un wagon de métro, vitrines de magasins, scènes de rues encombrées naturellement d'automobiles, d'où semble bannie toute présence humaine (Bus Reflexion, 1972). Estes travaille d'après la photographie : après avoir fait plusieurs clichés du sujet choisi, il en sélectionne un qui lui sert de canevas. Il élimine ensuite du motif tout ce qui le rend confus. Mais l'intervention de l'artiste se remarque dans le fait qu'à la différence de la photographie, qui comprend des parties floues et des parties nettes, ses toiles accordent la même importance à tout ce qui est représenté, donnant ainsi l'impression d'une " mise au point " générale. Une sorte de minéralisation s'étend à tout le tableau et abolit, indirectement, les effets de perspective réalistes sur lesquels repose l'organisation de l'œuvre. Cependant, la facture, loin d'être sèchement descriptive, procède par petites touches qui relèvent d'une sensibilité proprement picturale.

Esteve (Agustín)

Peintre espagnol (Valence 1753  – Madrid, 1820).

Il étudia à Valence et à Madrid, et travailla de bonne heure pour les ducs d'Osuna. Après 1780 et jusqu'en 1808, il collabora avec Goya à l'exécution de répliques. En 1800, il est nommé peintre de la Chambre et académicien à l'Académie Saint-Charles de Valence. Il acquit une certaine renommée comme portraitiste mondain grâce à son sens de l'élégance, mais la puissance de Goya, dont il s'était assimilé la manière, lui fit défaut. Ses œuvres sont conservées au musée de Valence (Duchesse d'Albe, 1738), au Prado (Don Moriano San Juan y Pineda, Doña Joaquina Tellez-Girón), dans la coll. d'Albe et à l'Hispanic Society de New York (Marquis de Villafranca et son épouse).

Estève (Maurice)

Peintre français (Culan, Cher, 1904-id. 2001).

Venu à Paris v. 1919, il fréquente les académies libres de Montparnasse et travaille comme typographe. En 1923, il fait un séjour d'un an en Espagne, où il dirige à Barcelone un atelier de dessin dans une fabrique de tissus. De retour à Paris, il travaille de nouveau à l'Académie Colarossi jusqu'en 1927 et commence à exposer aux Salons d'automne, des Tuileries et des surindépendants. En 1937, sous la direction de Robert Delaunay, il participe à l'exécution des grandes décorations des pavillons de l'Aviation et des Chemins de fer à l'Exposition internationale de Paris. Sous l'Occupation, il figure en 1941 à l'exposition des Jeunes Peintres de tradition française à la gal. Braun, en compagnie de Bazaine, Gischia, Lapicque, Manessier, Pignon.

   Tenant compte à la fois des constantes de l'école française et des dépassements déjà opérés par Cézanne, Gauguin, Bonnard et les cubistes, il tente diverses synthèses, corrigées chaque fois par sa sensibilité. Après avoir peint en 1929 un Embarquement pour Cythère réduit à des éléments géométriques purs, il réalise diverses compositions figuratives, plus ou moins stylisées, apportant chacune une proposition formelle et spatiale particulière (la Toilette verte, 1934 ; le Canapé bleu, 1935 ; la Cantate de J.-S. Bach, 1938), avant de retenir une solution chromatique à la mise en ordre de ses sensations optiques avec la Jeune Fille à la cafetière de 1941 et surtout la Jeune Fille au pichet de 1942, où il s'est attaché à donner une dimension picturale aux espaces multiples qui séparent les objets familiers. Aussitôt après, il dégage de l'observation du réel des réseaux de lignes structurales (l'Arbre ébranché, 1944) qui, associés à la couleur plus intense, constituent la base du système constructif qu'il allait mettre au point les années suivantes dans des toiles de moins en moins figuratives (l'Homme de barre, 1947). Se succèdent ensuite, simultanément, des transpositions purement géométriques en tons plats (Nature morte fond jaune ou le Ring, 1952) et d'autres où la vibration de la touche tempère d'une lumière naturelle la rigueur de la construction mentale (Trophée, 1952 ; Hommage à Jean Fouquet, 1952). À partir de telles œuvres, Estève avait enfin fixé sa démarche créatrice et réuni les éléments fondamentaux de son style qui se développera désormais sans rupture notable et que P. Francastel a remarquablement analysé dans un ouvrage qu'il lui consacra en 1956. Son œuvre compte, à côté de ses toiles, de nombreux dessins et aquarelles et, à partir de 1965, des collages. En 1985, la ville de Bourges installa dans son hôtel des Échevins, devenu musée Estève, la donation faite par le peintre. Une exposition rétrospective de son œuvre fut présentée, à Paris, au Grand Palais en 1986.

estompe

Petite tige faite de papier, de peau ou de coton roulé, terminée en pointes plus ou moins émoussées. Elle est utilisée pour étendre le crayon ou le pastel sur un dessin. Ce procédé permet de produire les ombres et les demi-teintes sans avoir recours aux hachures.

étendard

Enseigne de forme rectangulaire (en ital., " stendardo " ou " gonfalone "), en toile, en soie ou en velours, que les confréries et les communes portaient en procession lors d'une fête ou d'une calamité publique.

   En Italie, notamment à la Renaissance, les étendards, qui pouvaient être brodés ou tissés, furent aussi peints comme de véritables tableaux, et leur exécution était souvent confiée à des artistes de premier rang. Ce fut le cas de l'étendard de Julien de Médicis, peint par Botticelli en 1475 (l'œuvre, perdue, représentait une Pallas, comme le rapporte Augurello Augurelli dans un de ses Carmina). En Italie septentrionale, l'étendard d'Orzinuovi fut décoré par Vincenzo Foppa. Mais c'est en Ombrie que l'étendard peint fut le plus en faveur. L'exemple le plus remarquable est celui de Raphaël, auteur d'un étendard à sujet religieux peint pour la confrérie de la Sainte-Trinité de Città di Castello (auj. à la Pin. communale). La G. N. de Pérouse possède plusieurs étendards peints par Niccolò da Foligno, Bonfigli et d'autres artistes ombriens.