Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
S

Sano di Pietro

Peintre italien (Sienne 1406  – id. 1481).

Il est inscrit au rôle des peintres de 1428 ; sa première œuvre certaine qui subsiste est le grand polyptyque peint pour les Gesuati en 1444 (la Vierge et l'Enfant avec des saints, Sienne, P. N. ; prédelle avec des Scènes de la vie de saint Jérôme, au Louvre), où l'on remarque une fidèle reprise des modes du Maître de l'Observance, que certains auteurs tentent d'identifier à sa première activité. Peu marquée par l'évolution de la culture contemporaine, sa production de peintre et de miniaturiste reste monotone, mais considérable. De cet artiste très prolifique la P. N. de Sienne conserve un grand nombre de retables, qu'on trouve aussi dans les églises de la ville et de la région, au dôme de Pienza, et les musées du monde entier possèdent des panneaux de prédelle, des volets de polyptyques ou des Madone à l'Enfant avec des saints. Sano di Pietro représenta souvent saint Bernardin de Sienne (Saint Bernardin prêchant, 2 panneaux, dôme de Sienne).

Santa Croce (Girolamo da)

Peintre italien (Bergame, documenté à Venise à partir de 1503  – Venise 1556).

Élève de Gentile Bellini, suiveur de Giovanni Bellini, il imita et même copia, au cours de sa longue carrière, des œuvres de Catena, Cima, Lotto, Bonifacio de' Pitati et Titien, conservant, quels que soient ses modèles, une manière sèche et aigre rappelant plus la technique du quattrocento que celle de son temps. Ses peintures sont abondantes dans les musées (Accademia, musée Correr) et les églises de Venise. Il est également représenté à l'Accad. Carrara de Bergame, au Museo Civico de Padoue et dans de nombreux musées d'Europe et d'Amérique.

 
Son fils Francesco di Girolamo da Santa Croce (Venise 1516 – id. 1584) imita sa manière.

Sant'Elia (Antonio)

Architecte et dessinateur italien (Côme 1888  – Montefalcone 1916).

Diplômé, en 1905, des Ponts et chaussées, il travaille à Milan et poursuit des études d'architecture à l'Académie Brera (1911), où il rencontre un groupe de jeunes peintres qui détermineront son engagement dans l'avant-garde futuriste. Il participe, cette même année, à la fondation du groupe Nuove Tendenze. Ses dessins d'architecte, d'une remarquable valeur plastique, sont inspirés initialement par la Sécession viennoise et l'Art nouveau lombard. En publiant le " Manifeste futuriste de l'architecture " dans la revue Lacerba (1914), Sant'Elia confirme son approche visionnaire, mettant la monumentalité au service d'une conception prophétique de la cité moderne : dépouillement solennel des volumes, lignes obliques et elliptiques, formes légères et matériaux célébrant la modernité technologique (Centrale électrique, 1914). En juillet 1915, il s'engage sur le front avec ses amis futuristes Marinetti, Boccioni et Russolo. Il meurt au combat en octobre 1916, à l'âge de 27 ans. Si la plupart de ses projets d'architecture n'ont pas été réalisés, son œuvre graphique demeure intact et impose au débat architectural de l'après-guerre sa conception organique des grands ensembles urbains (Édifice monumental, Côme, Museo Civico).

Santerre (Jean-Baptiste)

Peintre français (Magny-en-Vexin 1658  – Paris 1717).

Élève du portraitiste François Lemaire, puis de Bon Boullogne, il fut reçu à l'Académie en 1704 avec Suzanne au bain restée son œuvre la plus célèbre (Louvre). Le roi lui commanda alors pour la chapelle de Versailles Sainte Thérèse en extase (1709, in situ), rappelant peut-être la sculpture de Bernin. Précédant Nattier dans le genre des portraits de fantaisie, Santerre a laissé dans ses nombreuses effigies allégoriques ou familières le témoignage d'une sensualité originale due en grande partie à une facture porcelainée et volontiers modelée dans des tonalités grises ou froides qui annonce certains aspects du néo-classicisme : Deux Actrices (1699), Jeune Femme avec un voile (id., Ermitage), Portraits de femme (1701, musée de Valenciennes), Marie-Adélaïde de Savoie, duchesse de Bourgogne (1709, Versailles). Il aime par ailleurs traiter des sujets réalistes (la Cuisinière, musée de Rouen).

Santi (Giovanni)

Peintre italien (Colbordolo v. 1440  – Urbino 1494).

Élève de Melozzo, père et initiateur de Raphaël, tels sont les deux principaux titres de cet artiste, qui fut, par ailleurs, l'un des éléments stables et productifs de la cour des Montefeltre. Sa première œuvre datée est la Madone à l'Enfant entre les saints Étienne, Sophie, Jean-Baptiste et Michel (retable du château de Cradara [1484]). La puissance formelle de ses Madones (Londres, N. G. ; Urbino, maison de Raphaël) s'accompagne souvent de couleurs fraîches et saturées. Ses œuvres diffusèrent à travers la province la vision poétique et savante de Melozzo, en un langage serein, familier, inspiré d'une certaine sentimentalité religieuse annonciatrice du raphaélisme.

Santi di Tito

Peintre italien (Borgo San Sepolcro 1536  – Florence 1603).

Il reçut sa première formation à Florence, où son inscription à l'Académie de Saint-Luc est attestée en 1554 et où il étudia les œuvres de Bandinelli et de Bronzino. Cependant, c'est un séjour à Rome, entre 1558 et 1564, qui marqua de façon fondamentale l'orientation de ses recherches. En contact avec Federico Zuccari, Basoche et Nicolò Pomarancio, il compléta son éducation maniériste et put ainsi participer à plusieurs cycles de décoration dans des palais de la ville (voûte de la chapelle du palais Salviati, 1559 ; Belvédère au Vatican, 1562-64 ; Casino de Pie IV, 1561-1563). La tendance à la verve décorative élégante et légère du milieu romain, qu'on relève encore dans les premières œuvres exécutées à son retour à Florence (Résurrection pour l'église de S. Croce, de 1565 Madone et Saints pour Ognissanti, 1566 ; Repas chez Emmaüs, pour Santa Croce, etc.), est ensuite rapidement abandonnée en faveur d'un retour au Classicisme florentin du début du siècle. Cette nouvelle poétique, appliquée aux impératifs formels et iconographiques de la Contre-Réforme, aboutit à une pureté de langage qui s'allie de façon fort heureuse avec le ton dévotionnel adopté par l'artiste : dans les dernières années du XVIe s., il se met au courant des nouveautés touchant à la lumière et à la couleur acquises à Venise par les Florentins, ainsi que des compositions plus complexes. Il utilise souvent dans ses dessins (Offices) les supports colorés et la sanguine. En 1570-71, l'Académie de Saint-Luc le charge du décor de la Cappella dei Pittori, au cloître de la S. Annunziata. En 1570, l'artiste travaille au décor du studio de François 1er au Palazzo Vecchio (les Sœurs Fetonte ; Hercule et Ide ; le Passage de la mer Rouge).

   Parmi ses tableaux les plus importants, on peut citer la Nativité de S. Giuseppe à Florence, qui le situe dans la tradition de Bronzino, la Résurrection de Lazare (1576), la Vision de saint Thomas d'Aquin, 1593, à S. Marco, et l'Annonciation à S. Maria Novella.