Maître du Jugement de Pâris du Bargello
Peintre italien (Florence [?] actif pendant la 1re moitié du XVe siècle).
Autour d'un plateau d'accouchée (desco da parto) représentant le Jugement de Pâris (Florence, Bargello), on a réuni un petit groupe de tableaux très délicats (l'Enlèvement d'Hélène, autref. dans la coll. Cook à Richmond ; un Saint Sébastien, au Petit Palais d'Avignon ; des Anges, à Kansas City, Nelson Gal. of Art ; Madone et saints avec des scènes de la vie, Cambridge, Mass., Fogg Art Museum ; Annonciation, Londres, Courtauld Inst.), attribuables à un peintre actif à Florence v. 1430. En raison des éléments de culture propres à la peinture gothique internationale de l'Italie du Nord présents dans son style, on a proposé d'identifier ce maître avec un certain Cecchino da Verona, qui aurait pu exécuter ces œuvres lors d'un séjour à Florence, après son voyage à Sienne, documenté en 1432.
Maître du Jugement de Salomon (Maestro del Giudizio di Salomone)
Peintre d'origine française ou nordique [?] (actif à Rome [?] entre 1615 et 1625 [?]).
R. Longhi regroupa en 1943 autour du Jugement de Salomon de la Gal. Borghèse de Rome certaines œuvres dont 5 Apôtres de sa propre collection (auj. à Florence, fondation Longhi) et le Reniement de saint Pierre de la G. N. (Gal. Corsini) de Rome. Furent rattachés ensuite au groupe d'œuvres de ce " Maître du Jugement de Salomon " notamment le Christ et les docteurs (Langres, église Saint-Martin) et 2 Apôtres (Naples, Capodimonte). Ces tableaux, qui montrent, dans de sévères coloris gris et bruns, des personnages enveloppés d'amples draperies, dénotent un Caravagisme aux puissants effets lumineux marqué souvent par une tendance classicisante (profils, éléments sculptés antiques). Leur auteur reste mystérieux ; son art présente des rapports avec celui de Manfredi, de Valentin, de Baburen, de Ribera et des Napolitains. L'identification du peintre avec le Liégeois Gérard Douffet, dont les types des personnages et la facture sont voisins, ou avec le Français Guy François est aujourd'hui le plus souvent abandonnée.
Maître du Liber Viaticus
Enlumineur tchèque (troisième quart du XIVe s.).
Peintre de la cour de Prague, il travailla surtout pour Jean de Neumarkt, chancelier de l'empereur Charles IV et l'un des premiers humanistes des pays situés au nord des Alpes. Le Bréviaire de voyage (Prague, Galerie nationale), achevé probablement avant 1360, et qui a donné son nom au Maître, contient environ 80 miniatures, dont quelques-unes, parmi les dernières, sont d'un style différent. Le peintre, présume-t-on, est parti de la tradition locale de la peinture des manuscrits : caractère décoratif de la mise en page, accord de la peinture avec les initiales et l'écriture, motifs " en camaïeu ", emploi de la feuille d'acanthe ; le bréviaire offre également beaucoup d'analogie avec la peinture sur panneaux de son temps et de l'époque précédente : cycle du Maître de Vyšší Brod, diptyque de Karlsruhe, Vierges dites " de Rome ", de Boston, panneaux de la collection Morgan. On a également fait remarquer la parenté du Liber viaticus avec la peinture murale de la cour de Prague. On pense que le maître a connu directement la peinture italienne du trecento, surtout l'enluminure siennoise des années 1350.
De tous ces éléments, caractérisés par une conception de l'espace et une plasticité italianisantes, par la délicatesse du coloris, par la profondeur et le lyrisme du sentiment, par l'adoption de la feuille d'acanthe (bientôt devenue caractéristique de l'enluminure tchèque comme motif décoratif), le peintre a su tirer un style personnel.
On groupe avec le Liber viaticus le manuscrit Laus Mariae, de Conrad de Haimburg (musée de Prague), et le Missel de Nicolas de Brno (av. 1360, Brno, Archives municipales), dont se rapproche une Résurrection, page isolée enluminée (Olomouc, résidence épiscopale). Trois manuscrits postérieurs restent dans le sillage du Liber viaticus : Orationale Arnesti (apr. 1360, Prague, Galerie nationale), le Missel de Jean de Neumarkt (apr. 1364, Prague, bibl. du chapitre) et l'Évangéliaire de Jean de Troppau (1368). Dans ces manuscrits plus récents, les figures, se conformant à l'évolution de la peinture, sont plus dynamiques et la lumière nivelle les formes au lieu de les modeler. Le Maître a imposé à l'enluminure tchèque sa conception du décor. Ce bréviaire et les manuscrits groupés autour de lui constituent les chefs-d'œuvre de l'enluminure en Bohême sous le règne de l'empereur Charles IV de Luxembourg.
Maître du Livre de Raison (Hausbuchmeister)
ou Maître du Cabinet d'Amsterdam (Meister des Amsterdamer Kabinetts)
Peintre et graveur (actif à la fin du XVe s. dans la région du Rhin moyen).
Le Maître du Livre de raison est ainsi désigné d'après un recueil de dessins à la plume qui sont de sa main (château de Wolfegg, coll. du comte de Waldburg). D'autre part, le grand nombre de ses gravures conservées au cabinet des Estampes d'Amsterdam a valu à cet artiste d'être appelé Maître du Cabinet d'Amsterdam. On a tenté à de nombreuses reprises, depuis le XIXe s., de faire sortir de l'anonymat ce maître de tout premier ordre : ces tentatives n'ont pas abouti jusqu'ici à un résultat convaincant.
Le Maître du Livre de raison fut d'abord un peintre. On lui attribue une série de tableaux d'un puissant réalisme, tels le Retable de la Passion (v. 1480-1485, panneaux partagés entre les musées de Fribourg-en-Brisgau, les musées de Berlin et de Francfort [Städel. Inst.]), le Couple d'amants (v. 1484, musée de Gotha), et un cycle de 9 panneaux consacrés à la vie de la Vierge (Mayence, Mittelrheinisches Landesmuseum). Mais l'originalité du maître transparaît davantage dans ses gravures. On connaît de lui 89 pointes-sèches (70 d'entre elles ne sont conservées qu'en un seul exemplaire), consacrées à des sujets religieux (Ancien Testament, Enfance du Christ, Passion, saints, images de dévotion) ou profanes (les Trois Vifs et les Trois Morts, le Jeune Homme et la Mort, le Couple amoureux).
L'usage exclusif de la pointe-sèche, technique permettant une plus grande spontanéité dans le trait, mais restreignant le nombre de tirages de qualité à quelques exemplaires seulement, n'a cependant pas permis aux estampes du Hausbuchmeister de connaître le rayonnement des burins de Martin Schongauer.