Gallait (Louis)
Peintre belge (Tournai 1810 –Schaarbeek, Bruxelles, 1887).
Il reçut à l'Académie de Tournai (1830), puis à celle d'Anvers (1832) un enseignement conforme à l'esthétique davidienne. En 1832, son Denier de César (musée de Gand) le fit connaître. Mais, élève d'Ary Scheffer à Paris, où il séjourna de 1834 à 1841, et lié à Paul Delaroche, il se consacra à la peinture d'histoire dans le style romantique, alors en vogue, et acquit dans ce genre une réputation internationale (l'Abdication de Charles Quint, 1841, Bruxelles, M. R. B. A., en dépôt au musée de Tournai ; Dernier hommage aux comtes d'Egmont et de Hornes, 1851, musée d'Anvers ; la Peste de Tournai, 1883, musée de Tournai). Très estimé en France, il reçut la commande de plusieurs toiles pour Versailles : Baudouin couronné empereur de Constantinople, 1847, salle des Croisades. Il fut également un portraitiste de talent (Portrait de Mme Gallait et son fils, 1848, Bruxelles, M. R. B. A. ; Léopold II, 1875, id.). Il est représenté dans la plupart des musées belges, et particulièrement à Tournai. Le M. R. B. A. de Bruxelles conserve maints esquisses et dessins de lui, qui furent exposés au musée de Tournai en juin 1971.
Galland (Pierre-Victor)
Peintre français (Genève 1822 – Paris 1892).
Tout jeune encore, Galland est élève de l'architecte Labrouste, puis du peintre Michel-Martin Drolling. Décorateur virtuose, il est engagé en 1843 chez un décorateur de théâtre, Ciceri ; en 1851, il fournit les projets du décor intérieur d'un palais de Constantinople (jamais construit) et pour l'église Saint-Eustache à Paris. Ses vastes décorations, entreprises alors pour le ministère des Finances et pour Saint-Cloud, seront entièrement détruites en 1871. Dès 1854, il donne des projets de tapisseries pour les Gobelins. De nombreux particuliers lui commandent le décor de leur hôtel (Paris, Marseille, Madrid, Londres, Stuttgart ; grandes compositions pour le prince Narischkine à Saint-Pétersbourg et pour M. Van der Bilt à New York). Protégé par le marquis de Chennevières, Galland est nommé professeur à l'E. N. B. A. et obtient la commande d'une des peintures murales du Panthéon (Prédication de saint Denis). Il travaille à la fin de sa vie aux décors de l'Hôtel de Ville de Paris, achevés en 1891, et à une suite de tapisseries pour l'Élysée (Salon des poèmes), terminée en 1890. Doué d'imagination féconde, brillant improvisateur qui sait unir le souvenir des décorateurs de Fontainebleau à celui des grands Vénitiens et de Boucher, Galland mêle la figure à l'architecture peinte, créant des décors qui répondent aux désirs de luxe de sa clientèle. Précurseur dans le domaine de l'ornement, il crée en 1873 à l'École des beaux-arts un cours supérieur d'art décoratif ; on compte parmi ses élèves A. Moreau-Neret, son fils, Jacques. En 1885, il publie la Composition décorative ; par ses dessins, il précède E. Grasset qui publie, en 1897, la Plante et ses applications ornementales. Quelques œuvres de l'artiste sont conservées au musée d'Orsay, à Paris.
Gallego (Fernando)
Peintre espagnol (actif dans la région de Salamanque de 1466 à 1506).
Il est le plus original des créateurs du style hispano-flamand, à côté de Bermejo, mais on ignore la date de sa naissance, celle de sa mort et le lieu de sa formation. En 1468, Gallego travaille à la cathédrale de Plasencia, puis, en 1473, il peint 6 retables (perdus) pour la cathédrale de Coria. Entre 1478 et 1490, il travaille à l'église S. Lorenzo (Toro) et à la bibliothèque de l'université de Salamanque et au retable de Ciudad Rodrigo. Il commence en 1495 le grand retable de la cathédrale de Zamora (auj. démonté dans l'église d'Arcenillas), collabore en 1507 à la décoration de la tribune de l'université de Salamanque et dut mourir peu de temps après. Certains critiques estiment que l'artiste fit un voyage en Flandre, alors que, pour d'autres historiens, cette influence passe par l'intermédiaire de Jorge Inglés. On peut également déceler par le sentiment dramatique et la manière particulière de draper les étoffes certains rapports avec Conrad Witz. Cependant, chez le peintre espagnol, demeure toujours un goût pour les types régionaux et le paysage de sa province. Dans ses premières œuvres, il tend à allonger les figures et casse durement les plis des étoffes, mais emploie l'or sans excès. Ces caractères, de même que la richesse du coloris, s'atténuent au cours des années. Dans sa production ultime, la technique est moins soignée et plus réaliste.
Sa première œuvre semble être le Retable de saint Ildefonse de la cathédrale de Zamora. On a pensé qu'il avait été peint v. 1466, mais la relation entre ce retable et les gravures de Schongauer le situent plutôt v. 1480. Le triptyque de la cathédrale de Salamanque (la Vierge, saint Christophe et saint André) doit être de la même période. La décoration de la voûte de l'université de Salamanque exécutée à l'huile et à la détrempe est spécialement intéressante par ses thèmes, empruntés à la mythologie classique (Signes du zodiaque, Hercule). Gallego prête plus d'attention à l'aspect décoratif dans le grand retable de la cathédrale de Ciudad Rodrigo (en grande partie au musée de l'University of Arizona à Tucson, coll. Kress) exécuté avec ses collaborateurs. Le Retable de S. Lorenzo de Toro peut être daté grâce au blason du donateur Pedro de Castilla, mort en 1492 ; le panneau central se trouve auj. au Prado. D'autres œuvres sont également dignes d'intérêt, comme la Vierge de pitié (Prado), le Saint Évangéliste (musée de Dijon) et les retables de Peñaranda, Villaflores et Cantelpino, répartis dans des collections particulières. Parmi les élèves de Fernando Gallego se distinguent Francisco Gallego et Pedro Bello. Le premier est l'auteur du Retable de sainte Catherine, 1500-1501 (musée diocésain de Salamanque), et le second a exécuté plusieurs panneaux du musée diocésain de Salamanque.
Gallen-Kallela (Axel Gallén, dit Akseli)
Peintre finlandais (Pori 1865 – Stockholm 1931).
Formé à Helsinki en 1881, à l'Association finlandaise des beaux-arts, puis dans l'atelier d'A. V. Becker, Gallen-Kallela poursuit ses études à Paris, à partir de 1884, à l'Académie Julian puis dans l'atelier de Cormon ; là, il fréquente la bohème internationale ainsi que la colonie d'artistes scandinaves de Paris, notamment A. Edelfelt et A. Zorn. Fortement influencées par le plein– airisme d'un Bastien-Lepage, ses premières peintures obéissent à un style naturaliste (Garçon à la pie, 1884, Helsinki, Atheneum ; la Vieille au chat, 1885, Turku, Turum Taidemuseo). Sensible aux courants nationalistes et libéraux des années 1880, il se passionne pour la mythologie finnoise à travers l'épopée du Kalevala qui demeure, jusqu'à la fin de sa vie, la source essentielle de son œuvre —, univers avec lequel il se familiarise par un voyage en 1890 en Carélie, inaugurant ainsi la vogue du " carélianisme " en Scandinavie. Confronté à Paris au mouvement symboliste, il vit, de 1892 à 1894, une crise morale et intellectuelle qui marque un tournant dans son œuvre ; il adopte un style nouveau, en accord avec la dimension épique du Kalevala, qu'il illustre dans des peintures très stylisées, d'un graphisme linéaire, aux couleurs cernées et disposées en aplats, qui font de lui le représentant de l'Art nouveau en Finlande (la Défense du Sampo, 1896, Turku, id. ; la Mère de Lemminkainen, 1897, Helsinki, id.). Stimulé par l'exemple de W. Morris et des Arts & Crafts lors d'un séjour à Londres en 1895, il explore le domaine des arts décoratifs, créant des modèles de tissus, de mobilier, des cartons de vitraux. La même année, il expose à Berlin avec E. Munch et participe à la fondation de Pan, organe du Jugendstil, aux côtés de Graefe, Zorn, Munch, Klinger et Whistler. Il exécute, en 1900, quatre grandes fresques kalevaliennes pour le pavillon finlandais de l'Exposition universelle de Paris. S'orientant vers une peinture aux couleurs de plus en plus saturées, de tendance expressionniste, il présente ses toiles, sur l'invitation de Kandinsky, à l'exposition Phalanx IV de Munich, à la Sécession de Vienne en 1903 et à Dresde en 1910, avec le groupe Die Brücke. Un séjour en Afrique puis au Mexique l'amène, une fois encore, à renouveler son style. Il consacre ses dernières années à illustrer le Kalevala dans son intégralité.