Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
G

Guillaumet (Gustave)

Peintre français (Puteaux, Hauts-de-Seine, 1840  – Paris 1887).

Élève de Picot, puis de Barrias, il laissa un œuvre d'orientaliste. Tantôt inspirée de Fromentin, sa peinture est aimable et brillante (Campement au Maroc, musée de La Rochelle) ; tantôt empreinte d'un dépouillement pathétique, elle préfigure curieusement certains aspects du Surréalisme (le Désert, 1868, Orsay).

Guillaumin (Jean-Baptiste Armand)

Peintre français (Paris 1841  – id. 1927).

Fonctionnaire de son état, Guillaumin étudia la peinture à l'Académie Suisse, où il rencontra Cézanne en 1863, puis se lia avec Pissarro. Il exposa au Salon des refusés (1863), participa aux expositions du groupe impressionniste en 1874, 1877, 1880, 1881, 1882, 1886 et au Salon des indépendants en 1886. Grand admirateur de Cézanne, il peignit souvent avec lui au bord de la Seine v. 1873 et séjourna avec lui à Auvers-sur-Oise, chez le Dr Gachet. En 1891, il gagna dans une loterie une importante somme d'argent, qui le rendit indépendant. Il voyagea dans le Midi, en Auvergne, en Hollande, puis se fixa à Crozant, dans la Creuse (1893). Attiré d'abord, comme Pissarro, par la manière vigoureuse de Courbet, il exécuta ensuite avec Cézanne quelques paysages parisiens nuancés, aux tons clairs : le Pont Louis-Philippe (1875, Washington, N. G.), la Route tournante (1875-1877), le Port de Charenton (1878, Paris, musée d'Orsay). Après 1885, en partie sous l'influence de Signac, ses tons devinrent de plus en plus vifs et arbitraires (les Bords de la Creuse à Crozant, 1894, anc. coll. du comte A. Doria), et il exécuta de nombreux pastels des paysages limousins (Crozant, 1897, musée de Limoges ; Neige fondante dans la Creuse, 1898, Genève, Petit Palais, fondation Ghez). Ses paysages de Crozant ou des Ruines de Crozant (1920, musée de Guéret) sont caractéristiques de sa dernière manière : touches plus serrées, contrastes parfois violents. Il est représenté au musée d'Orsay à Paris et dans de nombreux musées, en particulier ceux d'Agen, Bayonne (coll. Personnaz), Guéret, Rouen, Saint-Quentin. Une rétrospective a été consacrée à l'artiste (Genève, Petit Palais) en 1992 et à Cologne (Wallraf-Richartz Museum) en 1996.

Guinovart (Josep)

Peintre espagnol (Barcelone 1927-id. 2007).

Étudiant en 1943 à l'école des Arts graphiques de Barcelone, il séjourne en 1952 à Paris. De retour en Espagne, il fonde en 1955 le groupe " Taüll " (Aleu, Cuixart, Jordi, Muxart, Tapiès, Tharrats). Sa peinture a connu une profonde évolution des premières compositions figuratives, quasi naïves, de la fin des années 40 (première exposition à Barcelone en 1948, gal. Syra) aux expériences matiéristes qu'il mène à partir de 1955, date à laquelle il commence à introduire des objets de rebut, à aborder des formats monumentaux. Un aspect important de son œuvre réside dans sa collaboration avec des architectes pour des peintures murales et des sculptures de grandes dimensions. Il a également illustré les textes de Lope de Vega, de García Lorca et d'Alberti.

   Depuis 1948, différentes expositions de ses travaux ont été organisées à Madrid, Majorque, Valence, Paris, Bâle, New York et Chicago. Il est représenté dans les collections des musées de Madrid (M.E.A.C.), de Bilbao, des musées d'Art moderne de Barcelone, de Mexico, du Guggenheim Museum de New York.

Guitet (James)

Peintre et graveur français (Nantes 1925).

Il étudie à l'école des Beaux-Arts de Nantes de 1942 à 1945 et aborde la peinture non figurative en 1948. Il participe au Salon des Réalités nouvelles dès 1953 et fait sa première exposition en 1954 à la gal. Arnaud (Paris), où il continuera régulièrement à montrer ses œuvres. Il pratique d'abord une peinture géométrique en aplats, mais s'attache bientôt à la recherche d'effets de matière et met au point une technique particulière à base de caséine, qui lui permet d'obtenir en relief les équivalents des textures de matières ligneuses ou pierreuses. Il traduit dans des compositions austères, mais délicatement nuancées, les structures fortement architecturées de la constitution physique du monde afin de créer ce qu'il a appelé " une géologie imaginaire dans un espace imaginaire ". Plus tard, il revient à la peinture traditionnelle sur toile, en se livrant au " jeu dialectique des surfaces lisses et des reliefs rugueux ". De même, en gravure, il utilise, simultanément, les techniques habituelles, comme le burin, et des procédés nouveaux, par l'encrage des textures de matériaux naturels ou fabriqués (comme les étoffes), réalisant ainsi dans ce domaine son expression personnelle, qu'il a adaptée aussi à la création d'objets mobiliers et à l'architecture (Textigravure, 1961). En 1969-70, il travaille pour les manufactures nationales de Sèvres et des Gobelins. Ses recherches l'amènent à décorer le hall d'entrée d'un immeuble parisien (1971) et à construire une maison près de Montréal (1972). Son œuvre est représenté dans les musées de Paris (M. A. M.), Marseille, Nantes, Toulouse, Helsinki, Prague.

Günther (Matthäus)

Peintre allemand (Hohenpeissenberg 1705  – Haid, Bavière, 1788).

Son renom et sa grande activité de fresquiste l'amenèrent à exécuter des commandes en Souabe, en Franconie, en Bavière et au Tyrol. Après être passé par l'atelier de C. D. Asam (de 1723 env. à 1728), il s'établit en 1731 à Augsbourg, où il devint directeur de l'Académie catholique des beaux-arts (1762-1784). Il peignit quelques tableaux d'autel et fit 13 gravures, mais l'essentiel de son œuvre consista en décorations d'églises et de palais, pour lesquels il travailla en étroite collaboration avec les stucateurs, qui donnèrent libre cours à leur verve décorative tout autour de ses peintures. Dans ses premiers plafonds, dans les églises de Welden (La Vierge intercède en faveur de la chrétienté ; l'Immaculée Conception, 1732) et de Sterzing (Sainte Élisabeth faisant l'aumône, 1733), les compositions sont chargées et des figures de grande taille évoluent devant des architectures lourdes et compactes, issues de l'enseignement d'Asam et de la connaissance des traités de Pozzo. Günther poursuit ensuite son évolution vers le Rococo : les plafonds de l'église de Neustift (Vénération de la Vierge par les continents ; Pentecôte ; Cène ; les Pères de l'Église ; Saints, 1743) sont conçus dans le même esprit que ceux d'Asam, avec la monumentalité et l'intensité en moins, mais le traitement de la lumière amène Günther à réaliser des contrastes plus vivants. À l'église d'Amorbach (Saint Benoît, 1745-1747), le coloris devient plus clair et plus froid et les figures sont disposées sur le pourtour du cadre avec une convergence contraignante de toutes les lignes vers le centre. Vers le milieu du siècle (à Wilten : Judith, Esther et Symboles de l'Ancien Testament ; la Vierge intercédant, 1754 ; à Rott am Inn, église des Bénédictins : Apothéose de l'ordre bénédictin, Mort et glorification de saint Arianus et de saint Marin, 1763), les figures, souples, légères et élégantes, sont dues à un dessin sûr et rapide, tandis que l'illusionnisme et les architectures feintes sont utilisés avec retenue. Dans l'Histoire d'Énée, conservée à la Staatsgalerie d'Augsbourg, réplique du plafond de la galerie sud du château de Stuttgart (exécuté en 1654, détruit en 1944), Günther démontre sa rapidité d'exécution et sa virtuosité dans la répartition des couleurs, dans un style rococo très mesuré. Le goût classique ne l'atteint pratiquement pas, si ce n'est dans une légère simplification des compositions (Gallwiese, chapelle du château de Mentelberg : Crucifixion, 1770). Son principal rival à Augsbourg fut Johann Evangelist Holzer.