Swanevelt (Herman Van)
Peintre et graveur néerlandais (Woerden, près d'Utrecht, v. 1600 – Paris [ ?] 1655).
Il séjourna à Paris en 1623 et, de 1629 à 1641, à Rome, où il avait déjà vécu en 1627 dans la même maison que Claude Lorrain, et le groupe d'artistes néerlandais (Poelenburgh, Breenbergh) qui travaillait dans cette ville le surnomma l'" Ermite ". Après son séjour en Italie, il habita alternativement Paris et Woerden, sa ville natale. Son curieux Paysage avec Jacob quittant sa famille (La Haye, musée Bredius) est son premier ouvrage daté (1630). Le robuste bouquet d'arbres et les reflets du soleil jaunâtre semblent annoncer Claude Lorrain, qui parvint au sommet de sa technique quelques années plus tard ; les qualités de leurs deux styles apparentés sont encore plus sensibles dans les dessins de Swanevelt. Une Vue du Forum (Cambridge, Fitzwilliam Museum), exécutée l'année suivante, inspira sans doute à ce dernier une toile qu'il peignit v. 1636 (Louvre). Peints entre 1630 et 1640, un certain nombre de paysages ont pu être attribués à Swanevelt : la Fuite en Égypte, le Christ jardinier, le Christ réconforté par les anges, le Repos pendant la fuite en Égypte, le Paysage avec pêcheurs, le Retour de la chasse (Rome, Gal. Doria Pamphili). Ce sont de grands sous-bois et des vues de montagne, rendus avec largeur, plus amples et plus monumentaux dans leur conception que ceux des autres peintres néerlandais de l'époque. Peut-être ont-ils été réalisés sous l'influence d'ouvrages de jeunesse de Claude Lorrain, à moins que les deux artistes ne se soient influencés réciproquement. Dans les paysages de la Gal. Doria, les couleurs brunes et jaunâtres dominent. Un coloris éclatant — où le vert pré l'emporte — caractérise en revanche les œuvres exécutées par Swanevelt de 1640 à 1650, : Paysage (1644, musée de Grenoble), Paysage au rocher (1648, Rijksmuseum), Paysage boisé (1649, musée de Chambéry).
Ces tableaux plus tardifs montrent un style pictural dégagé et beaucoup de liberté dans la manière de traiter les arbres, le feuillage étant suggéré par des taches mouchetées. Ils sont pourtant moins significatifs que ceux des années 1630, qui forment, avec ceux de Van Laer, la transition entre les œuvres de Poelenburgh et de Breenbergh exécutées v. 1620 et les tableaux de Both, Berchem et Asselijn datant des années 1640. Installé à Paris en 1641, cité dans cette ville en 1644 et 1645 (une Vue de l'arc de Constantin, Dulwich Picture Gal., datée de cette année, voit préciser par l'artiste qu'il l'a réalisée à Paris, comme deux petits Paysages sur cuivre du Louvre, datés 1654), Swanevelt, peintre du roi, est nommé en 1651 membre de l'Académie royale. C'est quelques années plus tôt (v. 1646-47) qu'il participa, en collaboration avec Patel et Asselijn, à la décoration de l'hôtel Lambert : Site d'Italie, Paysage au bac (Louvre), et son influence sur la peinture française contemporaine est considérable, puisqu'il lui retransmet la nouvelle manière du paysage classique créé en Italie par Le Lorrain. On ne sait pas exactement quand il faut situer ses eaux-fortes montrant de beaux paysages empreints de poésie. On trouve de ses dessins au Louvre, au Rijksmuseum, aux Offices, au British Museum, à l'Albertina ainsi qu'à Haarlem (musée Teyler) et à Paris (Inst. néerlandais).
Swart Van Groningen (Jan)
ou Giovanni da Frisa
Peintre et graveur néerlandais (Groningue v. 1500 – Anvers [ ? ] v. 1525).
Il aurait été l'élève de Scorel. Il voyagea à Venise à une date indéterminée, puis revint en Hollande ; on le retrouve à Gouda v. 1525. Son œuvre, qui s'étend de 1520 à 1540 environ, fut influencée par Scorel et Lucas de Leyde. L'artiste laisse dans ses tableaux une place assez importante au paysage, comme le montre la Prédication de saint Jean-Baptiste (Munich, Alte Pin.) et le Baptême du Christ (Indianapolis Museum of Art). Par les riches architectures, les costumes recherchés, les bijoux précieux et les draperies compliquées, le Triptyque de l'adoration des mages (Bruxelles, M. R. B. A.) et l'Adoration des mages (Anvers) s'apparentent au Maniérisme anversois. Il grava vers 1526 une série de Cavaliers turcs qui fut éditée à Anvers, où Swart dut travailler dès 1522 (un certain Jan de Hollandaere y est maître cette année-là) et où Lucas Vosterman édita une bible illustrée par Swart et Lucas de Leyde.
Swebach (Jacques-François) , dit Swebach-Desfontaines
Peintre et graveur français (Metz 1769 – Paris 1823).
Il fut élève de son père, Édouard (peintre de scènes militaires), et, à Paris, de Michel Hamon-Duplessis. Il collabora à la suite des Tableaux historiques de la Révolution (publiée en 1802 chez Auber), travailla à la décoration de Malmaison (Course dans les environs de Longchamp, 1800, musée de Montpellier), fut nommé premier peintre de la manufacture de Sèvres (1802-1813) et appelé à Saint-Pétersbourg (1815-1820) par Alexandre Ier. Habile pasticheur de Wouwerman, Swebach (rival de Demarne et de Boilly) fut un brillant paysagiste, également sensible à l'anglomanie illustrée principalement par Carle Vernet. Son œuvre est représentée aux musées de Dijon (l'Escarmouche), Gray (Chasse à courre), Metz (Scène militaire dans un paysage), Montpellier (Vue prise de la place de l'Étoile), Toulouse (le Coche, 1820) ainsi qu'au Louvre (Halte de cavaliers, Chasse à courre), à Versailles (le Campement de Saint-Omer sous le commandement du prince de Condé) et à Paris au musée Carnavalet (Profanation d'une église pendant la Révolution). On peut trouver de ses dessins et aquarelles dans les musées de Grenoble et de Sèvres ainsi qu'à Paris (Louvre et musée Carnavalet).
Sweerts (Michiel)
Peintre flamand (Bruxelles 1624 – Goa, Inde, 1664).
Ni tout à fait flamand ni vraiment néerlandais, c'est avant tout un " Romain ", un représentant typique de ces milieux d'artistes originaires du Nord si actifs dans la Rome du XVIIe s. et relevant, pour la plupart, du courant réaliste des Bamboccianti. Ainsi le nom de Sweerts apparaît-il dès 1646 comme membre associé de l'Académie de Saint-Luc à Rome et, régulièrement de 1646 à 1651, dans les archives de S. Maria del Popolo comme habitant la fameuse Via Margutta. Le peintre dut quitter cependant l'Italie (après 1654 ?), car, en 1656, on lui proposa de diriger à Bruxelles une école de dessin, ce qu'il semble avoir accepté, et, en 1659, il est reçu à la gilde des peintres de la ville, à laquelle il livre un Autoportrait en 1660 (mais il existe de lui un Autoportrait plus jeune aux Offices). L'année suivante, il rencontre à Amsterdam des lazaristes français alors qu'il mène une vie très religieuse, un peu exaltée — " il ne mange pas de viande, jeûne tous les jours et donne tous ses biens aux pauvres ", témoignage contemporain — et se propose d'entrer aux Missions étrangères. Il rejoint Mgr Pallu à Paris en novembre 1661 et part avec lui de Marseille en janvier 1662, en qualité de frère lai. Dès juillet 1662 cependant, dans une lettre écrite de Tabrīz (Perse), Pallu se plaint de l'humeur de Sweerts, qui se dispute avec ses compagnons de voyage et ne lui semble pas avoir sa place dans cette entreprise missionnaire. Après une brouille devenue inévitable, Sweerts se rend chez les jésuites de Goa, justement très hostiles à Pallu. On ignore la cause de sa mort. Il faut noter que Sweerts ne semble pas avoir cessé de peindre durant ses années de mission.
Sa première formation reste inconnue, car ses plus anciennes œuvres datent déjà de la période italienne (Soldats jouant aux dés, 1645 ou 1649, Louvre ; Dessinateurs, Rotterdam, B. V. B.) et ne font qu'attester une parfaite connaissance du genre de Pieter Van Laer et, dans une moindre mesure, de Cerquozzi et de Miel, peintres actifs à Rome avant l'arrivée de Sweerts. Les thèmes et la manière de ce dernier n'évoluent guère, sauf dans une tardive période bruxello-hollandaise : les sujets favoris sont des leçons de dessin de jeunes artistes devant les antiques, qui semblent justifier à l'avance l'activité de Sweerts à Bruxelles à la tête d'une académie (Rijksmuseum ; Rotterdam, B. V. B. ; Detroit, Inst. of Arts ; Haarlem, musée Frans Hals), des scènes de jeux dans des tripots (Louvre ; Rijksmuseum ; Madrid, fondation Thyssen-Bornemisza), des types populaires italiens traités dans un réalisme plein de gravité et annonçant le Corot des figures italiennes (Mendiant et Fileuse, Rome, Gal. Capitoline ; Belle à sa toilette, Vieux Buveurs, Rome, Académie de Saint-Luc ; Fileuse, musée de Gouda ; Mère épouillant son enfant, musée de Strasbourg). Citons encore quelques grandes scènes collectives, comme la suite des Cinq Œuvres de miséricorde au Rijksmuseum (qui datent précisément des années où l'artiste partit en mission) et surtout ces compositions ambitieuses et étranges que sont les Baigneurs du musée de Strasbourg, les Lutteurs du musée de Karlsruhe, la Peste d'Athènes, longtemps prise pour un Poussin (autref. dans la coll. Cook à Richmond), qui sont peut-être à mettre en relation avec des projets classicisants nourris pendant la période bruxelloise de l'Académie.
L'originalité de Sweerts, mis à part ces exceptionnels grands tableaux, réside dans l'utilisation d'un clair-obscur profond et de couleurs assourdies et subtilement accordées, notamment un bleu froid et des variations fort distinguées de bruns et de gris, qui renforcent, de la manière la plus efficace, ce réalisme à la fois désuet, grave et empreint de tristesse qui est si caractéristique de Michael Sweerts et d'où émane une très prenante poésie. L'artiste est, avec La Tour, Le Nain et Caravage, l'un des grands bénéficiaires du retour en faveur des Peintres de la réalité, si marquant depuis un demi-siècle.
Dans sa dernière période, renonçant à ces sujets italiens, Sweerts accentue encore sa perfection technique dans des petites têtes d'enfants souvent en pendants (Stuttgart, Staatsgal. ; Rotterdam, B. V. B.) et de ravissantes scènes de genre (musée de Lübeck, Louvre) qui le ramènent à la meilleure tradition de la peinture " fine " hollandaise et qui lui valent, par une sorte de minutie et de délicatesse glacée, de se situer entre un Dujardin (que rappellent les étonnants portraits grisâtres de l'Allen Memorial Museum d'Oberlin et du Rijksmuseum) et un Ter Borch (à qui était jadis attribuée l'Entremetteuse et le jeune homme, du Louvre), somme toute non loin d'un Vermeer par la pureté presque cristalline du coloris, en tons rares et particulièrement recherchés.