Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
B

Brosamer (Hans)

Peintre et graveur allemand (Fulda v. 1500  – Erfurt [ ?] v. 1554).

À l'exception des portraits de Wolfgang Eisen (1523, musée de Karlsruhe) et de Johannes von Otthera (1536, Zurich, coll. part.), il est difficile de se faire une idée de sa peinture, la critique actuelle tendant à lui enlever les œuvres qui lui étaient attribuées pour les ranger sous l'étiquette du monogrammiste HB de 1520 ou du monogrammiste HB à la tête de griffon. On connaît mieux ses gravures, sur bois ou sur cuivre, d'un style souvent assez libre, parmi lesquelles on trouve des illustrations pour la Bible de Martin Luther (1550) et pour une Bible publiée en 1561.

Brossa (Joan)

Peintre espagnol (Barcelone 1919-id. 1998).

Artiste complexe et prolixe, il est aujourd'hui reconnu pour son œuvre plastique poétique, essentiellement visuelle. Créateur de nombreux poèmes-objets, il est également l'auteur de collages et de conceptions graphiques sur papier dont les qualités picturales sont indéniables. Marqué par sa rencontre avec Miró en 1941, il fonde avec Tapiès, Ponç, Cuixart, Tharrats et Puig la revue Dau al Set en 1948 à Barcelone. Ses premières créations sont exposées en 1951 (Sala Caralt, Barcelone). Artiste accompli, poète, éditeur de ses propres livres de poésie visuelle, concepteur d'affiches pour différentes manifestations artistiques, Brossa est l'incarnation la plus complète de l'artiste d'avant-garde, inspiré par le Surréalisme, le Lettrisme et l'esprit du Bauhaus.

   Depuis 1951, il a présenté ses réalisations en Espagne et en France et publié l'ensemble de ses écrits et livres dans des villes européennes : Stockholm, Madrid, Barcelone, Cologne, Milan... La fondation Miró de Barcelone a consacré en 1986 une importante rétrospective à l'œuvre de l'artiste alors que la même année une anthologie de ses poèmes fut publiée à Madrid. Une exposition lui fut aussi consacrée à Madrid, en 1991.

   Des pièces originales comme les poèmes visuels et les poèmes-objets sont conservées dans de nombreuses collections particulières.

brosse

La brosse est une sorte de pinceau généralement assez large, de forme plate ou ronde, formé de poils ou de fibres plus ou moins flexibles (poils ou soies de porc, de blaireau, de bœuf, d'oreille de veau, de petit-gris, de martre ; fibres de Nylon) et d'égale longueur. Selon les matériaux utilisés (colle, vernis, huile, chaux) et la nature de son travail, le peintre emploie différents types de brosses.

Broto (José Manuel)

Peintre espagnol. (Saragosse 1949).

Broto abandonne des études de magistrature et se consacre à la peinture dès la fin des années 60, période au cours de laquelle il réalise des toiles d'inspiration constructiviste. Il s'installe à Barcelone en 1972. Aux côtés de Javier Rubio, de Gonzalo Tena et de Xavier Grau. José Manuel Broto représente une jeune génération d'abstraits dont les œuvres sont exposées à Saragosse (gal. Atenas, 1974), à Barcelone (gal. Maeght, 1976), à Valladolid (gal. Durango, 1976).

   Influencé par la peinture minimaliste américaine de Ryman et de Reinhardt, Broto propose des tableaux blancs puis des peintures noires sur papier (1978). Après 1979, il découvre les qualités propres de la couleur et développe une peinture abstraite, plus expressionniste (Rosa, Apache, 1981) qui le rapproche des expériences de Clyfford Still, de Robert Motherwell ou de Joan Mitchell. À la suite d'un voyage en Italie en 1982, le peintre introduit dans ses toiles des formes architecturales monumentales (colonnes tronquées, ruines...). Cet hommage au passé est une étape qui lui permet d'aborder dès 1984-85 une recherche plus personnelle à travers la peinture d'un univers de signes mi-abstraits, mi-figuratifs (La Puerta, 1987). En 1985, il s'installe à Paris, rejoignant de plus jeunes artistes espagnols comme Barceló ou Sicilia, qui n'hésitent pas à le reconnaître comme l'un des Espagnols les plus marquants de sa génération. Broto travaille jusqu'en 1987 dans un atelier à Montrouge, en banlieue parisienne, alors que ses peintures sont exposées à Amsterdam (gal. Laurens A. Daane, 1986), au Danemark (gal. Moderne, Silkeborg, 1987), à New York (gal. Germans Van Eck, 1986). En 1987, le M. E. A. C. de Madrid lui consacre une importante exposition personnelle et il a réalisé une peinture murale pour le pavillon aragonais de l'Exposition universelle de Séville. Le Centro de Arte Reina Sofia lui a consacré une exposition en 1996. Ses œuvres ont été acquises par les musées de Cuenca, de Marseille, par la fondation March, le M. E. A. C. de Madrid, le Metropolitan Museum de New York.

Brouni (Fiodor Antonovitch)
ou Fiodor Antonovitch Bruni

Peintre russe (Milan 1799  – Saint-Pétersbourg 1875).

À Rome de 1818 à 1836, il est l'auteur en 1824 d'une Mort de Camille (Saint-Pétersbourg, Musée russe), qui lui vaut d'être reçu à l'Académie de Saint-Luc. Directeur de l'Ermitage et recteur de l'Académie, où il fonda l'atelier de mosaïque, il fut le tenant de l'académisme officiel, nuancé par l'apport des Nazaréens (Serpent d'airain, 1838, id., peint pendant un second séjour en Italie). Il est l'auteur de compositions religieuses pour les cathédrales Notre-Dame de Kazan, Saint-Isaac de Saint-Pétersbourg et du Saint-Sauveur de Moscou.

Brouwer (Adriaen)

Peintre flamand (Oudenaarde 1605 ou 1606  – Anvers 1638).

Il semble être en 1622 à Anvers et en 1625 à Amsterdam. En 1628, il entre dans l'atelier de Frans Hals à Haarlem ; il revient à Anvers en 1631 et s'y fixe désormais. Ses œuvres ne sont pas faciles à identifier, aucune n'étant signée, quelques-unes seulement portant son monogramme. La critique s'accorde cependant pour lui attribuer env. 80 tableaux et quelques dessins. On distingue les œuvres de la période hollandaise de celles de la période flamande, les premières révélant encore une lointaine influence de Pieter Bruegel le Vieux. Un Intérieur d'auberge (Rotterdam, B. V. B.), une Beuverie paysanne (Mauritshuis), les Fumeurs (musée de Kassel) montrent des personnages caricaturaux, mais vrais, animés d'une vivacité encore toute flamande. De retour à Anvers, le peintre multiplie des têtes d'expression, comme la Tête de paysan (Oosterbeek, coll. part.), l'Homme au chapeau pointu (Rotterdam, B. V. B.) ou son autoportrait (Mauritshuis). Il emprunte à la Hollande une autre atmosphère, imprégnée d'un clair-obscur qui donne à ses tableaux une profondeur nouvelle : ainsi pour la Tabagie (Louvre), les Joueurs de dés se battant (Dresde, Gg), l'Opération au pied (musée d'Aix-la-Chapelle). Il commence alors à s'exprimer par le paysage, associant la nature aux activités humaines, tandis que le crépuscule, la nuit et la tragédie l'attirent. Dans le Paysage au clair de lune (musées de Berlin), les Buveurs en plein air (Madrid, fondation Thyssen-Bornemisza), le Paysage au crépuscule (Louvre), une humanité misérable présentée en un raccourci intense se fond dans des paysages que les glacis, la densité de la matière, la facture large, jointe par endroits à une touche délicate, chargent d'une poésie sinistre et romantique. Tenu en haute estime à son époque (Rubens possédait 17 de ses tableaux et Rembrandt 8), il eut des imitateurs nombreux dont aucun n'atteint à sa force, car il est difficile de dissocier sa vie de son œuvre. La plus belle série de ses tableaux, conservée à Munich, est d'un pessimisme presque insoutenable, qui rappelle Bosch ou Bruegel. Les personnages grimaçants et monstrueux, enfermés dans les limites d'une taverne, savent qu'ils ne peuvent échapper à ce monde clos, siège de rixes et de combats sordides... Lorsqu'un paysage apparaît, celui-ci est inaccessible. Dans de rares tableaux, un enfant apparaît, messager d'espoir ? Un tel univers, porteur d'une intensité de vécu aussi grande, était inimitable. David Téniers reprend sa conception, déjà très moderne, du paysage, tandis que des Néerlandais comme I. Van Ostade, H. M. Sorgh, P. Bloot, ou des Flamands comme J. Van Craesbeck, D. Ryckaert III, D. Téniers le Jeune s'inspirent de ses peintures de genre.