Marc (Franz)
Peintre allemand (Munich 1880 – Verdun 1916).
Marc étudie d'abord la théologie à l'université puis la peinture à l'académie de Munich de 1900 à 1903, année où il fait un premier séjour de quelques mois à Paris. Il voyage en 1906 en Grèce et revient en 1907 à Paris, où il découvre l'Impressionnisme. Il subit alors fortement l'influence de Van Gogh et de Gauguin et peint des figures, des études de paysages et d'animaux, vigoureusement empâtées et dans une gamme très claire (les Meules de foin, 1909, musée de Münster). Son intérêt pour l'animal (le cheval et le chevreuil en particulier), déjà manifeste dans des dessins qui remontent à 1905, est confirmé par les croquis qu'il exécute au cours des visites au zoo de Berlin et par ses relations amicales avec l'animalier suisse Jean Nietslé. De bonne heure, Marc s'est exprimé lui-même très clairement sur ce sujet : " Je recherche une communion panthéiste avec la vibration et le flux du sang de la nature, dans les arbres, dans les animaux, dans l'air [...]. Je ne vois pas de meilleur médium pour l'" animalisation " de l'art, comme je voudrais l'appeler, que la peinture de l'animal " (lettre de décembre 1908 à Reinhart Piper).
Sa rencontre avec Macke et Kandinsky et son adhésion (1911) à la Nouvelle Association des artistes de Munich le libèrent des entraves d'une tradition encore trop réaliste. À partir de 1909, Marc réside l'été à Sindelsdorf, dans les Alpes bavaroises, où il travaille à d'importantes compositions de chevaux dans un paysage que distingue l'intensité de la couleur, à dominante rouge ou bleue et de signification nettement symbolique (le bleu pour Marc est virilité ; le rouge, passion) ; d'autre part, la mise en page rythmée par de grandes courbes est un souvenir du Jugendstil, mais rajeuni par la connaissance de l'œuvre de Kandinsky (Cheval dans un paysage, 1910, Essen, Folkwang Museum ; les Petits Chevaux jaunes, 1911, Stuttgart, Staatsgal.). Fondateur et principal animateur avec Kandinsky du Blaue Reiter, Marc est entraîné par les nouveaux contacts, favorisés par l'activité du mouvement, dans une évolution rapide, mais qui affecte seulement les formes, non l'esprit. Les compositions à personnages, qui participaient du même lyrisme décoratif que les précédentes (Deux Nus dans un paysage arcadien, 1911, Düsseldorf, K. M.), disparaissent à peu près complètement apr. 1912, année où prennent place la révélation du Cubisme et du Futurisme et la visite à Paris chez Delaunay au cours de l'été. Il participe également à l'exposition du Sonderbund à Cologne et à l'Erster Deutscher Herbstsalon à Berlin. Marc délaisse l'arabesque au profit d'un dessin analytique en lignes brisées (le Tigre, 1912, Munich, Städtische Gal.) ; le Futurisme lui montre une nouvelle manière de suggérer le mouvement, en situant les objets dans les lignes de force de grandes obliques (Sous la pluie, 1912, id.). Marc retient davantage de Delaunay, partage avec lui une commune volonté d'exprimer les rythmes absolus de la nature et réalise une nouvelle synthèse, d'un lyrisme apaisé, où la couleur est répartie mélodiquement dans des plans de valeurs proches, qui composent des motifs encore lisibles (Chevreuils dans la forêt II, 1913-14, musée de Karlsruhe). Mais la Petite Composition I (1913) est allégée de toute allusion figurative et présente une référence beaucoup plus précise, sur un mode plus dynamique, aux " fenêtres " de Delaunay ; elle annonce les Formes combattantes (1914, Munich, Neue Pin.), rencontre violente de contrastes colorés qui, peu avant la guerre, trahit une inquiétude très étrangère à l'inspiration de l'artiste. Une série de dessins abstraits, exécutés au front, sont les derniers témoignages laissés par Marc. En 1916, la Nouvelle Sécession de Munich lui consacre une exposition mémoriale. L'œuvre de Marc, bien que très informée des innovations techniques contemporaines et qui réalise avec aisance le passage de la figuration à l'abstraction, trouve ses sources (par le relais du Symbolisme de la fin du XIXe s.) dans la nostalgie d'effusion panthéiste caractéristique du génie germanique et, plus particulièrement, de son romantisme. Le catalogue complet de l'œuvre de Marc (au total 917 numéros), établi en 1970 par Klaus Lankheit, comporte notamment 240 peintures à l'huile, 251 aquarelles et pastels, seulement 63 gravures (exécutées à partir de 1908), dont 1 eau-forte et 25 bois. L'artiste est représenté dans les musées allemands et américains : à Düsseldorf (K. M. : les Renards), à Essen (Taureau couché, 1913), à Hambourg (la Procession des singes, 1911), à Mannheim, à Stuttgart (Quatre Chats jouant, 1913), à Munich, à Hagen (Composition III, 1914), à New York (Guggenheim Museum : la Vache jaune, 1911), à Minneapolis (Walker Art Center : les Grands Chevaux bleus, 1911), ainsi qu'à Bâle (le Destin des bêtes, 1913).
March (Estebán)
Peintre espagnol (Valence v. 1610 – id. 1668).
Élève de Pedro Orrente, il a cultivé spécialement un genre de tableaux de batailles, bibliques ou mythologiques, qui convenait à son tempérament fougueux, impétueux et bohème, et dont il trouvait le " climat " en lançant contre les murs de son atelier les armes qu'il collectionnait. L'exécution de ces tableaux, inspirés de modèles italiens, est toujours vibrante et personnelle : Josué arrêtant le Soleil, Triomphe de David (musée de Valence), Passage de la mer Rouge (Prado).
Les tableaux religieux à multiples personnages sont d'un effet très dramatique (Calvaire, Madrid, coll. Chavarri), mais ceux à grandes figures s'inspirent de Ribera (Apostolado, musée de Valence).
March (Miguel)
Peintre espagnol (Valence 1633 id. 1670).
Fils de Estebán March, d'un tempérament plus équilibré et d'une curiosité plus vaste, il a peint de très vigoureux tableaux religieux, comme le Saint Roch soignant les pestiférés (musée de Valence). Mais la part la plus importante de son œuvre consiste en natures mortes et en allégories (Saisons, Vanité des biens du monde, id.) qui sont, elles aussi, des natures mortes à personnages traités à la manière de Ribera, avec une technique énergique, mais un peu sèche.