Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Baader (Johannes)

Peintre allemand (Stuttgart 1875 ou 1876  – Bavière 1955).

Après des études d'architecture à Dresde, il travaille à Hambourg dans le cabinet de Raoul Hagenbeck, où il réalise les plans pour le premier jardin zoologique sans grilles à Stellingen qui devait connaître un succès mondial.

   S'il n'a pas participé aux premières manifestations Dada à Berlin, Baader incarne l'un des aspects les plus extravagants et les plus authentiques de cet état d'esprit. Il met la poésie en acte par la protestation et la révolte, apportant une ambiguïté supplémentaire riche de sens à l'élan libertaire du dadaïsme berlinois. Au cours des années 1918-1919, il prend une part importante aux manifestations dada organisées collectivement ou avec la seule collaboration de Raoul Hausmann.

   Alors que certains ne voient en Baader qu'un déséquilibré se livrant à mille facéties, celui-ci s'enthousiasme pour la technique du photomontage élaborée par Hausmann et Hannah Höch. Ses photomontages sont réalisés à partir d'affiches qu'il décolle des murs (Rasse das Futur, 1919-1920). Il exécute un Manuel de Surdadaïsme HADO (Handbuch des Oberdadaismus) sur un fond constitué à partir de centaines de quotidiens. Tous les jours, il colle des documents nouveaux, des taches colorées, des lettres, des chiffres, créant ainsi une sorte de collage-poésie. Le premier manuel était achevé en juin 1919, le second en juin 1920 (aujourd'hui détruits).

   En 1920, lors de la première Foire internationale Dada (Erste Internationale Dada Messe), il présente le projet d'un monument dédié à l'humanité : Grand Plasto-Dio-Dada Drama, qui se présente sous la forme d'une architecture dadaïste sur cinq étages avec trois ensembles, un tunnel, deux ascenseurs et des jardins suspendus. Une architecture démesurée qui devait symboliser la grandeur et la chute de l'Allemagne. Si le projet avait été réalisé, il aurait sans doute rappelé le Merzbau de Schwitters. Interné dans les années 1920, il tomba dans l'oubli et mourut isolé dans un asile de vieillards en Bavière.

Baburen (Dirck Van)

Peintre néerlandais (Utrecht v.  1595  – id. 1624).

Il est avec Ter Brugghen et Honthorst l'un des plus célèbres caravagistes des Pays-Bas du Nord. Élève de Paulus Moreelse à Utrecht, il est inscrit à la gilde de cette ville en 1611. Peu après, il part pour l'Italie, accompagné du peintre David de Haen. C'est à Rome qu'il reçut le choc décisif qui orienta son art ; il emprunta en effet à Caravage ses compositions expressives, ses éclairages violents et surtout le type plébéien de ses personnages, qui constitue l'un des traits caractéristiques de sa manière. L'expression tragique de la douleur d'être est sa caractéristique : Jacob Burckhardt ne dira t-il pas, le comparant à Caravage, que " l'élève s'était révélé plus noble que le maître " (la Charité romaine, York). Vers 1617, comme David de Haen, il décore une chapelle à S. Pietro in Montorio de plusieurs compositions : Portement de croix, Mise au tombeau ; cette dernière, qui emprunte beaucoup à celle de Caravage, sera souvent copiée et reste une des compositions religieuses les plus célèbres du XVIIe s. Vers 1620, il est de retour à Utrecht, qu'il ne quittera plus. Alors qu'au cours de son séjour romain il avait surtout exécuté des compositions religieuses, il peignit plutôt à Utrecht des sujets profanes ; comme Ter Brugghen, il se plut à décrire des concerts et des musiciens : le Musicien (1621, musée d'Utrecht) et le Joueur de luth, 1622 (id.), le Musicien (Paris, musée Marmottan), le Concert (1622, Boston, M. F. A. ; Ermitage). En 1622, il participe à l'exécution d'une suite de portraits de douze empereurs romains commandée par Frederic Henri d'Orange, en peignant un Titus (Berlin, château de Grünewald). Par les expressions souvent vulgaires mais toujours fortes et par les attitudes rhétoriques de ses personnages, Dirck Van Baburen prolongea à Utrecht le caravagisme pratiqué pendant sa période romaine.

Bacciarelli (Marcello)

Peintre italien (Rome 1731  – Varsovie 1818).

Élève à Rome de Benefial, il doit sa formation aux milieux qu'il a successivement fréquentés : Dresde, au service d'Auguste II (1750 ou 1753-1756), et Vienne (v. 1761, 1765-66). Il s'établit en 1766 à Varsovie et il devint premier peintre du roi Stanislas Auguste Poniatowski (1764-1795) et directeur des affaires artistiques de sa cour. En 1787, pour acquérir des œuvres d'art destinées aux collections royales, il fit un voyage en Italie qui le conduisit à Rome, où il fut reçu à l'Académie de Saint-Luc, et à Naples. Ce fut un portraitiste habile et fécond et un décorateur (plafonds et grands panneaux pour les intérieurs néo-classiques du château royal et du palais Lazienki de Varsovie). Son art, de tendance baroque et marqué par le rococo, fut ensuite influencé par le Néo-Classicisme. Le musée de Varsovie conserve plusieurs de ses toiles.

Bachelier (Jean-Jacques)

Peintre français (Paris 1724  – id. 1806).

Il fut reçu à l'Académie avec un tableau de fleurs (1752), qu'il remplaça par une Charité romaine (1764, Paris, E.N.B.A.) peinte sous l'influence de son maître J.-B. Pierre. En 1755, il fut nommé décorateur des Bâtiments du roi, succédant à Oudry, qu'il imita : moins raffiné dans le Canard mort du musée d'Angers (exposé au Salon de 1753 auprès du Canard blanc d'Oudry), il se rapproche davantage de lui dans les deux Chasses exécutées pour Choisy (1757, musée d'Amiens). Cet excellent peintre d'ornements (fleurons et culs-de-lampe gravés par Choffard pour le La Fontaine de 1762) sut aussi innover dans ses Trophées de chasse (Fontainebleau), qui doivent beaucoup à Desportes et à Oudry ; mais l'artiste, soucieux d'une plus grande exactitude de la représentation des objets dans l'espace, les dispose d'une façon insolite sur un fond très clair. Machaut d'Arnouville le chargea de la direction des ateliers de sculpture de la manufacture de Vincennes (1749) : il fit alors adopter le biscuit, qui remplaça la porcelaine émaillée dès 1751, et demanda des modèles à Boucher et à Oudry. Lors du transfert de la manufacture à Sèvres, il fut nommé directeur artistique (1756-1793) et fit abandonner les décors de chinoiseries avant de s'effacer devant le " goût étrusque ". Il fonda une école gratuite de dessin (1765), l'ancêtre de l'actuelle École nationale des arts décoratifs, et se préoccupa, comme le comte de Caylus, des techniques picturales de l'Antiquité (Histoire et secret de la peinture à la cire, 1755).