Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
H

Hamel (Théophile)

Peintre canadien (Sainte-Foy, Québec, 1817  – Québec 1870).

De 1837 à 1843, date de son départ pour l'Europe, il est l'élève, puis le disciple du célèbre portraitiste québécois Antoine Plamondon (1804-1895). Son Autoportrait (v. 1837, Séminaire de Québec) se rattache à la pure tradition canadienne par sa candeur et sa grande simplicité. Il subit par la suite une influence romantique et se dit un moment " rubéniste ". Il part étudier en Italie, notamment à Rome, à Bologne, à Florence et à Venise (1844), une souscription publique lancée au Québec lui permettant de rester un an de plus en France et en Belgique. Peu après son retour d'Europe, en 1846, il semble avoir trouvé un équilibre grâce auquel il sut mieux que son maître adapter son style au caractère de ses modèles.

   Portraitiste reconnu, il eut un considérable succès. Ce travailleur acharné a sans doute peint plus de 2 000 portraits de tous genres, y compris des portraits d'enfants, représentés individuellement ou en groupes : Autoportrait, Madame Hamel (v. 1857, Ottawa, N. G.).

Hamen y León (Juan Van der)

Peintre espagnol d'origine flamande (Madrid 1596  – id. 1631).

Fils de parents flamands établis à Madrid, Van der Hamen fut, malgré la brièveté de sa carrière, l'un des peintres de natures mortes les plus importants et les plus féconds d'Espagne, loué par Pacheco et Lope de Vega, trait d'union entre le style castillan et celui des Pays-Bas. Par l'ordonnance rigoureuse et claire des sujets, la puissance des volumes, qu'accentue un ténébrisme vigoureux, le souci de traduire les qualités de la matière, ses tableaux, qui associent fruits et fleurs, verreries et céramiques, pâtes de fruits et boîtes de confiseries, conservent un attrait singulier.

   Les compositions de Juan Van der Hamen tantôt rappellent celles de Sánchez Cotán (qui dégage, dès 1602, les formules d'un bodegón typiquement espagnol) et de Zurbarán par l'horizontalité géométrique (Bodegón, 1622, Fleurs, 1623, au Prado), tantôt, sont plus complexes et plus chargées, par l'ordonnance des éléments en gradins, qui s'échelonnent obliquement sur plusieurs plans (Bodegones de 1626 au musée de Houston, Texas ; de 1627 à la N. G. de Washington).

   Cependant, l'art de Juan Van der Hamen est varié : non seulement le répertoire et les thèmes de fleurs et de fruits l'ont conduit à traiter des sujets mythologiques (Offrande à Flore de 1627, Prado), mais il a peint aussi des paysages dans la tradition flamande, des tableaux religieux d'un solide naturalisme (Saint Jean-Baptiste de 1625, Madrid, couvent de la Encarnación), des portraits (Francisco de la Cueva, 1625, Madrid, Acad. S. Fernando, Un nain, Prado).

Hamilton (Gavin)

Peintre britannique (Lanarkshire, Écosse, 1723  – Rome 1798).

Il fit ses études à l'université de Glasgow, se rendit à Rome v. 1748 et entra chez Agostino Masucci. Son intérêt précoce pour les fouilles archéologiques est attesté par son voyage à Naples en 1748 en compagnie de James Stuart l'" Athénien " et de Nicholas Revett. Hamilton était de retour en Angleterre v. 1752-53 et peignit probablement à cette époque ses portraits des sœurs Gunning (Elizabeth Gunning, Duchess of Hamilton, Lennoxlove, Écosse, coll. du duc de Hamilton). Il se fit d'abord apprécier comme portraitiste, et sa manière tout unie et lisse est une réminiscence de Batoni (William Hamilton of Bangour, Édimbourg, N. P. G. ; le Huitième Duc de Hamilton avec le docteur John Moore et Ensign Moore pendant leur Grand Tour, terminé en 1777, Holyroodhouse, Écosse, coll. du duc de Hamilton). Il revint à Rome en 1756 et fréquenta le cercle de Mengs et de Winckelmann. Les peintures les plus importantes de Hamilton sont les séries tirées de l'Iliade, commencées peu après 1760 et terminées après 1770. Le premier tableau, Andromaque pleurant la mort d'Hector (perdu), dut être achevé en 1761 ; c'était l'un des manifestes du Néo-Classicisme, bien que la Découverte de Palmyre par Wood et Dawkins (en prêt à l'université de Glasgow), en fait un portrait de groupe commémoratif, ait été exécutée en 1758. Hector prenant congé d'Andromaque (entrepris en 1775, University of Glasgow) terminait la série. Ces tableaux, largement diffusés par les gravures de Domenico Cunego (commencées en 1764), permettent de considérer Hamilton comme l'un des fondateurs de la peinture néo-classique à Rome, avec Mengs, dont le Parnasse (Rome, Villa Albani) date de 1761. L'artiste exécuta une seconde série inspirée d'Homère (Histoire de Pâris et d'Hélène) entre 1782 et 1784 pour la " Stanza d'Elena " à la villa Borghèse à Rome (3 des originaux sur 8 sont conservés au Museo di Roma).

   Durant son long séjour romain, Hamilton prit une part active aux fouilles, aux restaurations ainsi qu'à l'expédition en Angleterre de maintes statues classiques ; il comptait parmi ses clients des collectionneurs notoires comme Charles Towneley et William Weddel. Il joua aussi un rôle d'intermédiaire pour l'achat de certains tableaux, par exemple la Madone Ansidei de Raphaël (Londres, N. G.).

   L'intérêt de Hamilton pour l'archéologie, sa position à Rome comme défenseur des modèles classiques et dans le commerce d'art font de lui, autant que son œuvre proprement dite, une figure essentielle du mouvement néo-classique. Il influença non seulement Benjamin West et Canova, mais aussi David, dont le Serment des Horaces doit à Hamilton quelque peu de son sujet et de son style.

Hamilton (Gawen)

Peintre britannique (Écosse 1697  – Londres 1737).

Les Conversation Pieces qu'il exécuta le firent considérer à certains égards comme supérieur à Hogarth. Son Club d'artistes à Londres (1735, Londres, N. P. G.) nous offre un excellent témoignage de son art : ses petits personnages pleins de suffisance ressemblent à des marionnettes. Hamilton a également peint des petits tableaux représentant des personnages isolés.

Hamilton (Richard)

Peintre britannique (Londres 1922).

Considéré comme le " père " du pop art anglais, il a fait ses études à la Royal Academy (1938-1940) et à la Slade School de Londres (1938-1950) avant d'exposer ses premières gravures à la gal. Gimpel Fils (Londres, 1950). Il enseigne ensuite à la Central School of Arts and Crafts de Londres (1952), puis à l'université de Durham, où il introduit, avec Victor Pasmore, le cours de " basic design " (1953-1966). La technique de la gravure est encore sensible dans ses premières toiles, compositions abstraites toutes linéaires. En 1953, la découverte de Marcel Duchamp l'oriente vers les problèmes du mouvement (Homme marchant, 1953), puis de la machine. Procédant par séries, il introduit alors l'utilisation de la photographie dans des compositions qui relèvent parfois de l'épure d'ingénieur (Nature morte, 1965, Cologne, Museum Ludwig ; Hommage à Chrysler Corp., 1957). Après de nombreuses études du corps féminin, souvent inspirées par H. Moore (Pin-Up. Sketch III, 1960), son utilisation du phylactère des bandes dessinées (Aah !, 1962) sera reprise et exploitée par les peintres du pop art américain (Lichtenstein). En 1965, il commence la reconstitution du " grand verre " de Marcel Duchamp, dont il organise la grande rétrospective à la Tate Gal. de Londres (1966). Depuis, son travail sur la couleur et le morcellement de l'image s'effectue à partir de photographies, dont il souligne — à l'huile — le grain, les contrastes ou les effets de flou (Trafalgar Square, 1965-1967, Cologne, W. R. M. ; Swinging London 67, 1968-69, Londres, Tate Gal.). Dans les années 70, l'introduction d'appareils hi-fi et l'utilisation de l'ordinateur pour la réalisation d'images prouvent combien l'art de Richard Hamilton se nourrit toujours de la technologie afin d'élever l'objet banal au niveau de l'art. En 1982, ses écrits " Collected Works " ont été publiés. Son œuvre est bien représenté dans les musées : Tate Gal. de Londres, Guggenheim Museum de New York, Stedelijk Museum d'Amsterdam. Une rétrospective a été consacrée à l'artiste (Londres et Dublin) en 1992 et ses œuvres récentes ont été présentées (San francisco, M. O. M. A.) en 1996.