Beccafumi (Domenico)
Peintre italien (Valdibiena, près de Sienne, vers 1486 – Sienne 1551).
Parallèlement à l'art volontiers étrange, au graphisme aigu de Pontormo et de Rosso, Beccafumi développe à Sienne un style raffiné qui oppose sa fantaisie maniériste à la rigueur savante de Pérugin et de Fra Bartolomeo. Ses débuts sont mal connus. Il est mentionné dès 1502 à Sienne, et on le trouve ensuite à Rome (1510-1512), où il étudie Michel-Ange et Raphaël, notamment les bas-reliefs en grisaille de l'École d'Athènes. Il aurait, en outre, selon Vasari, décoré la façade d'une maison du Borgo. De retour à Sienne, il travaille en 1513 à l'hôpital de la Scala (fresques de la Cappella del Manto), première et impérieuse manifestation d'un style qui n'évoluera guère : transfiguration mystérieuse des formes par la lumière, remplaçant les contours par un jeu subtil de vibrations lumineuses (triptyque de la Trinité pour l'autel de cette même chapelle, 1513, Sienne, P. N.) ; il œuvre aussi aux miniatures d'un antiphonaire (SS. Annun-Ziata, Sacristi). Les mêmes silhouettes fuselées, aux attitudes contournées, se retrouvent dans les œuvres de caractère plus ombrien exécutées avant son second voyage à Rome (v. 1519). Citons en particulier le Retable des stigmates de sainte Catherine (v. 1515, Sienne, P. N.) et les Scènes de la vie de la Vierge, peintes à fresque, de l'oratoire de S. Bernardino. À ses travaux de jeunesse appartiennent également de petites œuvres sur bois : la Sainte Famille (Pesaro, Museo civico) ; deux panneaux d'un coffre peint représentant Hercule entre le vice et la vertu (Florence, Museo Bardini) et Deucalyone et Pirra (Florence, Museo Horne). En décembre 1518, il reçoit le paiement pour deux fresques, Le Mariage de la Vierge et l'Ascension, réalisées dans l'oratoire siennois de S. Bernardino. Dès 1519, Beccafumi entreprend une série de cartons (Scènes de l'Ancien Testament) destinés au décor en marbre du pavement du dôme de Sienne, dont on peut suivre avec précision le déroulement jusqu'à son achèvement en 1544. Son goût pour les éclairages insolites et son irréalisme chromatique s'affirmeront dans les œuves réalisées entre 1520 et 1530, délibérément anticlassiques : la Nativité de S. Martino (1524) et surtout les deux Chute des anges rebelles (église S. Niccol`o al Carmine et Sienne, P. N.). En 1529, l'artiste adopte un parti nettement maniériste, qu'il faut situer entre les réalisations du palais du Té à Mantoue et celles de Primatice à Fontainebleau, dans les audacieux raccourcis des fresques de la Sala del Concistorto au palais communal, fresques achevées en 1535, dont il ne parvient à réaliser que les scènes de la voûte refusées, bien qu'encore inachevées, par les frères commanditaires. En 1537 est payée à Beccafumi la " pala " de l'oratoire de S. Bernardino à Sienne : Vierge en trône avec six saints et des anges ; la prédelle de ce retable qui comprend Saint Antoine et le miracle de la mule, Saint Bernardin prêchant, Saint François recevant les stigmates est au Louvre. Au retour d'un voyage à Gênes, il exécute une série de peintures pour le dôme de Pise, dont Moïse brisant les Tables de la Loi et les Apôtres (1538-39). Leur animation un peu crispée, sensible également à cette date dans les gravures en clair-obscur, contraste avec le caractère intimiste de la Naissance de la Vierge (v. 1540, Sienne, P. N.). Après un dernier séjour romain (1541), qui semble être attesté par la découverte récente de dessins prouvant une connaissance du Jugement dernier de Michel-Ange, Beccafumi travaille à l'abside du dôme de Sienne : Anges et Apôtres et la Vierge entre saint Pierre et saint Paul, auj. perdue, et exécute, pour les pilastres, huit anges de bronze (entre 1548 et 1551). Une importante exposition Domenico Beccafumi et son temps a été présentée à Sienne en 1990.
Becerra (Gaspar)
Peintre espagnol (Baeza, Andalousie, 1520 – Madrid 1568).
Également sculpteur comme beaucoup d'artistes de sa génération, il passa ses années d'apprentissage en Italie. Adepte fervent de Michel-Ange, il collabora avec Vasari à la décoration de la Chancellerie de Rome (1546) et travailla, dans l'atelier de D. da Volterra vers 1550/53, au décor de la chapelle della Rovere de la Trinité-des-Monts (Rome). On lui attribue les dessins d'un traité d'anatomie publié en 1554 par le docteur Valverde. Rentré en Espagne en 1557, il travailla comme sculpteur au retable de la cathédrale d'Astorga et fut appelé au service de Philippe II en 1562 pour décorer à fresque, dans un esprit italien, les palais royaux : les fresques de l'Alcázar de Madrid sont détruites (cartons à l'Escurial) ; au Pardo, la Fable de Persée, répartie en 9 compartiments, témoigne de son goût des raccourcis et des volumes accusés. Nommé Peintre du roi en 1563, il mourut en 1568 en laissant de nombreux projets et fut remplacé par G.B. Castello ; l'influence de Michel-Ange est constamment présente chez Becerra, seul fresquiste espagnol de son époque.
Becher (Illa)
(Potsdam 1934)
et Berndt (Siegen 1931-Rostock 2007), artistes allemands. Berndt fait des études à l'Académie des beaux-arts de Stuttgart, puis à celle de Düsseldorf. Après des travaux picturaux et graphiques sur l'industrie, il réalise à partir de 1956 des travaux photographiques. Après une activité dans le domaine de la photographie et des études à l'académie de Düsseldorf, Illa travaille avec Berndt Becher à partir de 1959. À la suite de la réalisation d'une première série de photographies sur l'habitat ouvrier en Westphalie, ils se concentrent de 1961 à 1965 sur les représentations d'architectures industrielles de la Ruhr et des Pays-Bas. Ces ensembles sont complétés au cours de voyages effectués en Grande-Bretagne (1966), en France et au Luxembourg (1966-1967), aux États-Unis (1969), en Belgique (1970). Sont ainsi classées et juxtaposées selon des typologies d'ordre fonctionnel et esthétique des séries d'images de fours à chaux, hauts fourneaux, chevalements, châteaux d'eau, gazomètres, silos répertoriés dans les zones industrielles de l'Europe de l'Ouest. Tous ces bâtiments servant à modifier, transformer ou transporter des matériaux industriels sont regroupés selon leur fonction et selon leur forme ou leur matériau. Ils sont présentés dans leur extériorité, selon un cadrage, un éclairage constants, formant, à partir d'une analyse structurelle rigide, des séries typologiques de ces " sculptures anonymes " fixées au mur sous forme de véritables tableaux comparatifs, parallèles à certains travaux conceptuels des années 1960-1970. Leur œuvre a fait l'objet d'expositions en 1975 au Rheinisches Landesmuseum de Bonn et en 1985 à l'A. R. C. à Paris, et a été présentée aux Documenta de Kassel de 1972, 1977 et 1982.