Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Zack (Léon)

Peintre russe de l'école de Paris (Nijni-Novgorod 1892  – Vanves 1980).

Il fait des études à la faculté des lettres de Moscou après avoir pris des leçons de peinture dès l'âge de treize ans. Il rencontre en 1910 Malévitch et participe au mouvement futuriste russe. En 1920, il quitte la Russie, séjourne à Florence puis à Berlin, où il crée décors et costumes pour les Ballets romantiques russes, et vient se fixer définitivement à Paris en 1923. Il expose au Salon d'automne, aux Indépendants et plus tard aux Surindépendants, dont il fut l'un des fondateurs. Zack est passé par une longue période figurative de tendance néohumaniste, dans laquelle s'exprimait déjà son inclination spiritualiste. C'est certainement celle-ci qui, après sa retraite clandestine dans un village de l'Isère pendant l'Occupation, l'a amené par une ascèse picturale à une véritable sublimation des formes dans l'abstrait. Refusant les rigueurs de l'Abstraction géométrique, mais aussi les facilités et les aléas du Tachisme informel, l'artiste a trouvé naturellement sa forme d'expression lumineuse : " Ma technique, a-t-il déclaré, est dictée par le désir de luminosité. " Ainsi, il renonce progressivement aux empâtements maçonnés des compositions abstraites qu'il exécute jusqu'en 1960 pour obtenir ses tons clairs par transparences de glacis ou par frottis. Il abandonne aussi les effets de contrastes pour éclairer l'espace de la toile, qu'anime seulement le balancement de nuances subtiles. À côté de ses peintures, Zack a créé de nombreuses œuvres dans le domaine de l'art sacré : chemins de croix sculptés en collaboration avec sa fille Irène ou avec le sculpteur Adam-Tessier, mosaïque (1960, crypte à Dortmund), mais surtout de très nombreux vitraux pour des édifices religieux comme Notre-Dame-des-Pauvres à Issy-les-Moulineaux (1955). Il a fait de nombreuses expositions particulières à Paris (depuis 1960, à la gal. Jacques Massol).

   Le M. A. M. de la Ville de Paris lui consacre une rétrospective en 1976, de même que le musée de Dieppe en 1988. Il est représenté au M. A. M. de Paris, aux musées de Dijon, Saint-Étienne, Orléans et Toulouse, et à la Tate Gal. de Londres.

Zaganelli (les)

Peintres italiens.

Les deux principaux représentants de cette famille sont Bernardino (Cotignola, v. 1460-1470 – id. v. 1510) et Francesco (Cotignola, v. 1460 –1470 – Ravenne 1532). L'une des rares œuvres certaine du seul Bernardino est un Saint Sébastien (1506, Londres, N. G.). Dans les peintures signées par les 2 frères : le Christ à la colonne (Hampton Court), 2 " pale " (1499 et 1504) avec la Madone et des saints (Brera), l'Annonciation (détruite, autref. à Berlin, K. F. M.), le retable d'Imola avec la Madone et trois saints adorant l'Enfant (1509, Dublin, N. G. ; lunette avec la Pietà à Rome, villa Albani), Sainte Famille (1509, Bergame, Accad. Carrara), la manière de Francesco prévaut d'une façon décisive. Ce dernier est le seul auteur de l'Immaculée Conception (1513) de la Pin. de Forlì, du Saint Sébastien (1513) de celle de Faenza, du retable du Baptême du Christ (1514) de la N. G. de Londres et du Mariage mystique de sainte Catherine du séminaire de Ravenne. Enrichie par l'influence de Melozzo da Forlì, la commune formation ferraraise des 2 frères, sur l'exemple d'Ercole de Roberti, se complique chez Francesco, qui survit longuement à son frère, par l'emprunt d'éléments stylistiques à Bellini et à Dürer. Mais, pour de nombreuses œuvres des Zaganelli, la distinction entre Bernardino et Francesco reste un problème difficile.

Zaïs (Giuseppe)

Peintre italien (Forno di Canale d'Agordo [Belluno] 1709  – Trévise 1784).

Il fut l'un des paysagistes de goût arcadique vénitien du XVIIIe s. et manifesta une prédilection pour les sujets du répertoire idyllique et pastoral de Zuccarelli, qu'il interpréta avec une veine rustique personnelle et un clair-obscur dérivé de celui de Marco Ricci. Le Paysage aux lavandières (musée de Vicence) révèle son réalisme instinctif. Il est représenté à Venise (Accademia et musée Correr) ainsi que dans les musées de Padoue, Rovigo, Trévise, Milan (Castello Sforzesco). De nombreuses coll. part. possèdent aussi des paysages de Zaïs.

Zandomeneghi (Federico)

Peintre italien (Venise 1841  – Paris 1917).

Petit-fils du sculpteur Luigi (Colognola 1778 – Venise 1850) et fils du sculpteur Pietro (Venise 1806 – id. 1866) , il séjourna à Florence entre 1862 et 1866 et eut de brefs contacts avec les Macchiaioli, mais sans effet durable sur ses premières œuvres à caractère social, proches de celles de Cammarano, orientées vers un Vérisme sobre : Bateau en cale sèche (1869, Florence, G. A. M.), les Pauvres sur les marches du couvent de l'Ara Coeli à Rome (1872, Milan, Questura centrale). Arrivé à Paris en 1874 (où il demeura jusqu'à sa mort), il abandonna vite ses premières tendances, se rallia aux impressionnistes et passa un contrat avec Durand-Ruel ; il participa aux expositions impressionnistes de 1879, 1880, 1881 et 1886. Ses affinités avec Degas et Renoir se révèlent dans son interprétation de petits faits de la vie moderne, dans sa peinture de personnages féminins surpris dans leur intimité et observés d'un œil aigu, mais avec une sensibilité qui valut à l'artiste l'approbation de Huysmans. S'il reste avant tout vénitien par sa palette ardente, ses stylisations et ses audaces de mise en page l'apparentent souvent aux rythmes linéaires et aux préférences psychologiques de la jeune école postimpressionniste.

   Zandomeneghi est principalement représenté à Venise (le Dernier Coup d'œil, G. A. M. Ca' Pesaro), à Florence (Bords de la Seine, G. A. M. ; Portrait de Diego Martelli, 1879, id.), à Milan (le Moulin de la Galette, 1879 ; Fleurs, Étude de femme, G. A. M.).

Zanino di Pietro
ou Giovanni di Francia

Peintre italien (documenté à Bologne et à Venise de 1389 à 1437).

La personnalité fascinante de l'artiste demeure énigmatique, malgré la reconstruction (R. Longhi, 1946) basée sur le Triptyque de la Crucifixion (musée de Rieti), la seule œuvre certaine que l'on connaisse de ce peintre. Celle-ci révèle des ascendances culturelles complexes, d'origine septentrionale surtout (Rhénanie et Bohême), qui, en se greffant sur une base vénitienne, engendrent un langage fort original, libéré de la tradition trécentesque et vivifié d'accents expressionnistes : un style parallèle, si l'on veut, à celui de Nicolò di Pietro, mais plus dense en effets dramatiques.