Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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De Nittis (Giuseppe)

Peintre italien (Barletta 1846  – Saint-Germain-en-Laye 1884).

Très jeune, à Naples, il anime avec Marco De Gregorio le courant paysagiste réaliste dit " école de Resina " et peint entre 1864 et 1867 des œuvres prisées pour l'équilibre et la finesse de leurs notations lumineuses (la Traversée des Apennins, 1867, Naples, Capodimonte). Après un séjour à Florence (1867), il se fixe à Paris, où, à la suite de Gérôme, de Meissonier et de Fortuny, il se consacre à des tableaux anecdotiques et conventionnels qui lui valent un rapide succès, couronné, à la suite d'expositions répétées, au Salon, par l'octroi de récompenses officielles (1878).

   Partagé entre son désir de plaire au public et son aspiration à un art plus sincère, il n'abandonne pas le paysage (études exécutées sur les versants du Vésuve, de 1872). Il se lie avec Manet et Degas ; grâce à ce dernier, il participe chez Nadar à l'exposition impressionniste de 1874. L'année de cette participation, De Nittis expose au Salon une œuvre narrative, Quel froid !, qui fut fort admirée.

   Pourtant, sa sensibilité, aiguë, certes, mais trop fragile, et son caractère enclin au compromis ne permettent pas à de tels contacts de s'épanouir et d'évoluer vers une authentique fraternité artistique. De Nittis y gagne seulement le goût accentué des thèmes citadins (Buckingham Palace, 1875 ; Place des Pyramides, 1875, Paris, musée d'Orsay) et quelques audaces dans la présentation des images, que l'on retrouve surtout dans les aquarelles et les pastels, où une légèreté plus vibrante vient s'ajouter à son élégance habituelle.

   Il est représenté notamment dans les musées de Naples, de Barletta, de Rome, de Paris, de Trieste.

De Pisis (Luigi Filippo Tibertelli, dit)

Peintre italien (Ferrare 1896  – Milan 1956).

Docteur ès lettres de l'université de Bologne, il aborde la carrière littéraire avec les Canti della Croara et participe aux revues futuristes Lacerba et La Voce. Sa rencontre, en 1916, avec Giorgio De Chirico, Umberto Savinio et, l'année suivante, Carlo Carrà l'introduit dans la voie de la Peinture métaphysique, qu'il va traiter de façon personnelle. Il publie dans Valori Plastici et s'intéresse aussi au Dadaïsme (papier collé, 1920). En 1919, il se lie avec Morandi ainsi qu'avec quelques peintres futuristes, tels que Ivo Pannaggi, Gerardo Dottori et Enrico Prampolini. Il s'installe à Rome en 1920, mais son séjour à Paris à partir de 1925 exerce une profonde influence sur son œuvre : il y retrouve De Chirico et Savinio. Sa peinture, en dehors de tout mouvement d'avant-garde, s'inscrit dans des dimensions plus lointaines, où se devine l'influence de Delacroix, de Manet et surtout de l'Impressionnisme, qu'il assimila d'une manière toute personnelle à travers la vision de la Peinture métaphysique et du Surréalisme. Les premiers tableaux exécutés à Paris se distinguent par une matière riche et des tonalités sensuelles. Sa palette va s'alléger et la facture devenir plus rapide : le fond, généralement nu, met en relief une trame de couleur claire et légère. C'est de cette période que date la série des natures mortes au bord de la mer (plusieurs fois reprises) et des nus. Il s'oriente de plus en plus vers un Néo-Impressionnisme qui rencontre un grand succès auprès du public parisien.

   En 1939, il est définitivement de retour en Italie et va passer les dernières années de sa vie en clinique, peignant des natures mortes (coquillages, vases de fleurs, objets abandonnés sur des fonds marins) ainsi que des paysages, dont les vues de Venise et de Vérone, nés d'impressions fugitives. La Biennale de Venise lui a consacré une exposition en 1948 ; la rétrospective la plus importante de son œuvre a eu lieu en 1951 à Ferrare, puis à Milan. Ses peintures sont conservées dans les principaux musées et collections italiennes (Rome, G. A. M. ; Milan, coll. Jesi). Il est aussi en France (Paris, M. N. A. M. ; musée de Grenoble). Sa production littéraire comprend des essais (Prose e articoli, Milan, 1947), des poèmes : Poésia, 1939 ; La Città dalle cento meraviglie ed altri scritti, Florence, 1965).

De Saedeleer (Valerius)

Peintre belge (Alost 1867  – Leupegem 1941).

Il se forma à l'Académie de Gand, puis à Bruxelles, et débuta dans le sillage de l'Impressionnisme. Il séjourna à Laethem-Saint-Martin dès 1893, en 1898 et de 1904 à 1908. Le contact de Van de Woestyne et surtout l'influence des primitifs flamands l'orientent dès lors vers un type de paysage très dépouillé, dont les motifs sont soumis à une écriture fine et précise, dans une atmosphère sensibilisée par la lumière (Fin d'un jour gris, 1907, musée de Gand). En 1908, De Saedeleer se transporte à Tiegem, près de Laethem, et passe les années de guerre en Angleterre (1914-1921). À son retour, il s'installe à Etichove et y ouvre un atelier de tapis et de tissus d'art, où travaillent ses filles. Il continua à exécuter des paysages sans apporter aucun renouvellement à son inspiration. Il est représenté dans la plupart des musées belges.

De Smet (les)

Peintres belges.

 
Gustave (Gand 1877  – Deurle-sur-Lys 1943). Élève de l'Académie de Gand (1888-1895), il fait un premier séjour à Deurle en 1899, puis s'installe à Laethem-Saint-Martin (1901-1914). À Amsterdam pendant la guerre, il renonce à l'Impressionnisme de ses débuts et, après avoir pris contact avec l'œuvre de Sluyters, de Le Fauconnier, et des expressionnistes allemands comme Franz Marc, August Macke et Campendonck, inaugure en 1916-17 sa période expressionniste, la plus importante. À une première phase qui se caractérise, à partir de 1917, par des coloris sombres et des formes libres et mouvementées (Femme de Shakenburg, 1917, Anvers, M. R. B. A), succède, en 1919, la recherche d'un ordre plus strict des formes et l'emploi de couleurs plus riches (Le Pigeonnier, 1920, Bruxelles, musée d'Ixelles). De retour en Belgique (1922), il se fixe d'abord à Afsnée (1923), puis à Deurle (1927), où il réside jusqu'à sa mort. Les influences subies (celle du Cubisme et de Léger en particulier), sensibles dans les œuvres fortes et structurées (Parade, 1922, Bruxelles, musée d'Ixelles), se décantent au profit d'un style ferme et très cohérent, économe de matière mais sensible aux nuances, et consacré à l'éloge discret de la vie provinciale et rustique flamande, dans ses aspects les plus quotidiens (le Couple devant la porte, 1923 ; le Couple paysan, 1933). Après 1935, De Smet se soumit à une vision d'un réalisme moins transposé (paysages, natures mortes, figures féminines). Il est représenté dans la plupart des musées belges ainsi qu'au musée de Grenoble (le Cirque, 1926) et dans des coll. part. Une rétrospective a été consacrée à l'artiste (Ostende, M. B. A.) en 1989.

 
Léon, son frère cadet (Gand 1881 – id. 1966).

   Il vécut à Laethem-Saint-Martin avant la Première Guerre mondiale, durant laquelle il chercha refuge en Angleterre. Il habita ensuite Bruxelles et s'installa à Deurle en 1926. D'abord attiré par l'Impressionnisme, il devint à Londres un portraitiste réputé, puis illustra dans des tableaux d'intérieurs un réalisme intimiste solidement construit (la Cuisine, 1946, Bruxelles, coll. de l'État belge). Il est représenté dans les musées belges (Gand, Anvers, Bruxelles, Deinze).