Kane (Paul)
Peintre canadien (Mallow, Irlande, 1810 – Toronto 1871).
Autodidacte, il s'intéressa au dessin dès son arrivée à Toronto, à l'âge de neuf ans. De 1836 à 1841, il travailla aux États-Unis, puis il se rendit en Europe, où il fréquenta les musées. À Londres, il découvrit les œuvres de l'Américain Catlin (1842). Ce fut le véritable tournant de sa carrière, qui le décida à peindre désormais les Indiens du Canada. De retour à Toronto en 1845, il se joignit, l'année suivante, à une expédition de la Compagnie de la baie d'Hudson et visite les plaines de l'Ouest les plus reculées (1846-1848), où il peignit la vie des Indiens, un peu comme Cornelius Krieghoff, son contemporain, le faisait dans la région québécoise. Kane obtint un succès considérable. Le gouvernement lui commanda douze répliques de ses œuvres (1856 ; onze subsistent, à Ottawa, N. G. of Art). Les mémoires de ses voyages furent édités à Londres sous le titre de Wanderings of an Artist among the Indians of North America (1859) et rapidement traduits en français (1861), en allemand (1862) et même en danois (1863), tant la renommée de Kane avait franchi l'Atlantique. En 1866, la cécité mit fin à sa carrière. Paul Kane dépasse la peinture documentaire par son souffle romantique. Plusieurs tableaux en font foi, tel le Campement indien sur les bords du lac Huron (1845-46, Toronto, Art Gal. of Ontario). Un cycle de cent toiles sur la vie indienne, exécuté par Kane de 1848 à 1855, est conservé à Toronto, au Royal Ontario Museum.
Kanoldt (Alexander)
Peintre allemand (Karlsruhe 1881 – Berlin 1939).
Fils de peintre, il se forma, à partir de 1899, à l'École des arts décoratifs, puis à l'Académie des beaux-arts de Karlsruhe, où il vit en 1906 des tableaux de Cézanne et de Seurat. Il se rendit en 1908 à Munich, où, dès la fondation de la Nouvelle Association des artistes en 1909, il joua un rôle actif aux côtés de Kandinsky et de Jawlensky ; ses tableaux de cette période témoignent d'une compréhension aisée du style inauguré par ces derniers à Murnau, puis du Cubisme cézannien (la vallée de l'Eisaak, 1911).
Kanoldt devint, après la guerre, un des principaux représentants de la tendance classicisante de la Nouvelle Objectivité (voir NEUE SACHLICHKEIT) dans ses figures et surtout ses natures mortes, d'une construction rigoureuse, géométrisée, où une lumière froide fige les couleurs et les objets dans un espace intensément calme (Nature morte à la guitare, 1926, Stuttgart, Staatsgal.). Professeur à l'Académie de Breslau en 1925, il fut nommé directeur de l'École des beaux-arts de Berlin en 1933. Il est représenté dans les musées de Berlin, de Hambourg, de Wuppertal, de Mannheim, surtout de Stuttgart et de Karlsruhe (ce dernier conserve toutes les lithographies de l'artiste, exécutées principalement à partir de 1921).
Kanovitz (Howard)
Peintre américain (Fall River 1929).
Élève et assistant de Franz Kline au début des années 50, Kanovitz rompt avec la pratique de l'Expressionnisme abstrait vers 1963 et commence à peindre à partir de documents photographiques (New Yorkers I, 1965, New York, Whitney Museum). Progressivement, sa démarche se systématise. L'aspect symbolique du début fait place à un style plus réaliste. Des détails architecturaux (portes, fenêtres, murs) isolés de leurs contextes, des personnages coupés de leurs décors quotidiens sont les thèmes majeurs de l'œuvre de Kanovitz jusqu'en 1970. Journal (1973, Cologne, W. R. M.), immense tableau reproduisant la couverture d'un hebdomadaire et faisant partie d'un ensemble de peintures murales conçues pour une seule pièce à Londres, s'apparente à la production hyperréaliste. Cette filiation, cependant, ne coïncide pas avec l'ensemble des peintures de Kanovitz, qui, en dépit d'un certain réalisme dans le choix des sujets, des couleurs et des techniques de reproduction, restent plus proches de l'esprit surréaliste, comme en témoignent les nombreux tableaux de fenêtres, où l'on dénote l'influence de Magritte (Gardiner's Bay, 1987, New York, Marlborough Gal.). Son œuvre est représenté dans de nombreux musées américains et allemands.
Kantor (Tadeusz)
Artiste et metteur en scène polonais (Wielopole 1915 – Cracovie 1990).
Peinture et scénographie, deux disciplines étudiées par Kantor à l'académie des Beaux-Arts de Cracovie (1934-1939), sont abordées tout au long de sa carrière sans aucun cloisonnement. Sous l'occupation allemande, en 1942, il crée, à Cracovie, un théâtre expérimental clandestin— activité qui aboutit, en 1955, à la fondation du Théâtre Cricot 2 où s'affirment les bases de sa création dès la Pieuvre (1957) de Witkiewick. Chaque élément de représentation (texte, acteurs, objets, scène) doit perdre toute fonction d'illustration, tout caractère utilitaire, afin de se voir conférer une réalité autonome. Se crée alors entre eux un champ de tension relationnel à partir duquel peut advenir une autre réalité. Interprétation psychologique, illusion ou imitation sont bannies de son art. Théoricien, il jalonne son parcours de nombreuses publications : manifeste du Théâtre informel (1960), manifeste " Emballages " (1962), manifeste " Le Théâtre de la mort " (1975). À partir de la fin des années 1960, ses happenings connaissent une notoriété internationale— la Classe morte (1975) est donnée en 1977 au Festival d'Automne à Paris. En 1967, il reçoit le prix de peinture à la Biennale de São Paulo. Le Centre Georges-Pompidou lui consacre, en 1989, une exposition (le Voyage).
kapisme, dit aussi " colorisme polonais "
Nom donné au groupe d'artistes polonais fondé en 1923 par les élèves de Jozef Pankiewicz, professeur à l'Académie des beaux-arts de Cracovie, dans le dessein de continuer leurs études à Paris. Les " Kapistes " firent le voyage en 1924 et passèrent sept ans à Paris, où ils travaillèrent ensemble, visitant méthodiquement le Louvre et s'intéressant aux problèmes de la couleur, notamment chez Cézanne et Bonnard. Les membres les plus actifs furent Jan Cybis, promoteur du mouvement, Jozef Czapski, Jozef Jarema, Artur Nacht-Samborski, Piotr Potworowski, Hanna Rudzka-Cybisowa, Janusz Strzalecki, Zygmunt Waliszewski. Ils organisèrent leur première exposition en 1930 à Paris, gal. Zak, et la deuxième en 1931 à Genève. De retour en Pologne la même année, leur troisième exposition eut lieu à Varsovie. La préface du catalogue résume le programme du groupe en soulignant la " raison purement picturale " de l'existence d'une toile, qu'elle ait été exécutée d'après nature ou qu'elle soit œuvre d'imagination. Le kapisme ne fut pas seulement un épisode de l'Impressionnisme tardif en Pologne : ses membres jouèrent un grand rôle dans la vie artistique de leur pays. Ils rédigèrent notamment une revue, Glos Plastykow (la Voix des artistes), et, bien qu'ils aient évolué ensuite dans des directions fort différentes, ils exercèrent une influence considérable sur le développement et sur l'enseignement de la peinture en Pologne. Cybis, Nacht-Samborski, Strzalecki, Rudzka-Cybisowa devinrent professeurs à l'Académie des beaux-arts de Varsovie et à celle de Cracovie.