Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Ben (Benjamin Vautier, dit)

Artiste suisse (Naples 1935).

Le magasin de Ben à Nice (auj. Paris, M.N.A.M.) était l'une des curiosités de la ville. Cet extravagant bric-à-brac d'objets hétéroclites et insolites illustre parfaitement l'attitude de ce personnage " farfelu ", qui, à la fin des années 50, œuvrait en marge de l'école de Nice, foyer alors du Nouveau Réalisme. S'inscrivant dans l'esprit de remise en question néo-dadaïste. Ben entreprend un assainissement de l'art qui n'est pour lui qu'une invention destinée à mystifier le public et à satisfaire son ego. Partant de l'idée que " tout est art ", il s'attache à illustrer cet axiome par une activité multiforme, qu'il exprime à l'aide de gestes (s'approprier le Tout en le signant : Signer Dieu), d'actions (se coucher dans la rue), du théâtre et d'écritures peintes en blanc sur fond noir ou rouge (L'art c'est de faire le pitre). Avec lucidité, il dénonce les multiples contradictions inhérentes à l'art et à l'artiste, qui n'a cessé d'affirmer son individualité en faisant du " nouveau " à tout prix et en ne recherchant que la gloire.

   En 1983, une association de douze galeries parisiennes a présenté son œuvre. En 1987, à l'occasion d'une exposition au Centre d'art contemporain de La Bège (Toulouse), Ben a publié un dictionnaire, la Vérité de A à Z, où, en six cents définitions, l'artiste présente son histoire individuelle, un axe géographique (Nice, le Sud) et le micro-milieu (art). L'intérêt de l'artiste s'est porté plus particulièrement sur les cultures minoritaires (Céret, musée, 1987, avec des textes en catalan sur des tableaux).

Bencovich (Federico)

Peintre italien d'origine dalmate (Venise [ ?] v.  1677  – Gorizia 1756).

Il se forma d'abord à Bologne chez Cignani, mais il fut par la suite, comme Piazzetta au même moment, fortement influencé par la nouvelle et stimulante vision de G. M. Crespi. Vers 1710, il est de retour à Venise, où il s'impose parallèlement à Piazzetta par un sentiment poétique personnel, fondé sur un clair-obscur très accusé, qui contraste nettement avec le goût rococo dominant. Dans le Sacrifice d'Iphigénie de la coll. Schönborn de Pommersfelden, par exemple, la tension expressionniste est atteinte par l'effet violent et hallucinant de la lumière, qui transfigure les personnages. En 1716, l'artiste se rend à Vienne, où il retournera une quinzaine d'années plus tard (de 1733, date de sa nomination comme peintre de la cour de l'évêque de Bamberg et Würzburg, à 1743) après une nouvelle période de travail à Venise et un voyage à Milan (v. 1730). Sa présence à Vienne marquera la peinture autrichienne du XVIIIe s. (Maulbertsch, Troger). Son influence marqua aussi le jeune Tiepolo.

Bendz (Wilhelm Ferdinand)

Peintre danois (Odense 1804  – Vicence 1832).

Il fut l'un des premiers élèves d'Eckersberg, à qui il emprunta son coloris clair. Il a laissé surtout des scènes de genre lumineuses et pittoresques, qui témoignent de ses dons d'observation et d'un sens très fin de la lumière : Intérieur à Amaliegade (Copenhague, Hirschsprungske Samling), Réunion de fumeurs (1828, Copenhague, N. C. G.), Artistes au café à Munich (1832, Copenhague, musée Thorvaldsen).

Benedetta (Benedetta Cappa, dite)

Peintre et écrivain italien (Rome 1897  – Venise 1977).

Élève de Balla depuis 1917, Benedetta rencontre, dans son atelier à Rome, Marinetti et l'épouse en 1923. Sa peinture des années 1920 relève de l'esthétique futuriste mécanique — toiles structurées par une scansion rythmique et empreintes d'un lyrisme personnel (Train de nuit en pleine vitesse, 1924). Adhérant, en 1929, au programme de l'Aéropeinture, elle en développe les propositions dans une veine spiritualiste et ce, jusqu'au début des années 1940 : le Grand X (1930) conjugue réflexion sur les perceptions occasionnées par le vol et vision d'un ordre cosmique. Le " tactilisme " l'intéresse dès le début des années 1920, ainsi que le " motlibrisme " dont elle devient par ses recherches expérimentales une des plus radicales représentantes : composition de poèmes et d'un roman comportant des éléments graphiques (les Forces Humaines, 1924), écrits pour le théâtre (le Voyage de Garara, 1931). À partir de la fin de la guerre, elle se consacre à la défense de l'art de Marinetti.

Benefial (Marco Giovanni Antonio)

Peintre italien (Rome 1684  – id. 1764).

Fils d'un Français et d'une Romaine, il fut formé à Rome auprès du Bolonais Bonaventura Lamberti dans le respect de l'Antiquité et de Raphaël ; il travaille d'abord pour les églises des Marches (v. 1705 à Macerata, Iesi, Ancône, Pesaro) ; mais bientôt, devant la désaffection du public, il doit s'associer avec Francesco Germisoni (v. 1711), puis avec Evangelisti (1725-1750). Dans le XVIIIe s. romain, il fait figure d'indépendant, en opposition ouverte avec les milieux officiels : il ne fut ainsi reçu à l'Académie de Saint-Luc qu'en 1741 pour en être exclu en 1755, puis de nouveau admis. Il s'était imposé la tâche de rénover la peinture romaine telle que la pratiquaient les disciples, souvent superficiels, de Maratta et de Trevisani, et prônait dans ses leçons de l'Académie le naturel, l'observation, l'étude de la nature, le dessin sur le modèle, dans une perspective classique. C'est ainsi qu'il ouvrit la voie à Subleyras, à Batoni, à Mengs et aux néo-classiques. Mais, plus grand par son action polémique que par sa production, il ne montre pas de développement cohérent : alors que certaines œuvres restent liées à la tradition marattesque (Mort de sainte Agnès, Rome, S. Trinità in via Condotti), ou de Gaulli (Pyrame et Thisbé, Rome, G. N. d'Arte Antica), d'autres, tranchant sur l'époque, tentent de renouer avec la tradition bolonaise (4 tableaux de la Passion du Christ de la collégiale de S. Crocifisso à Monreale, 1720-1727) ou témoignent d'un sens du drame (Bozzetti pour la décoration du dôme de Viterbe, 1720, musée de Viterbe ; Massacre des Innocents, v. 1730, Florence, coll. part. ; deux scènes de la Vie de sainte Marguerite, 1732, Rome, Aracoeli).