Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Bapteur (Jean)

Peintre, miniaturiste (Fribourg ?documenté de 1427 à 1457)

et décorateur au service d'Amédée VIII de Savoie. Il fut actif aux cours de Thonon, de Genève, de Turin et de Chambéry. Les documents relatifs à son activité concernent des décorations pour des tournois et des fêtes, ainsi que l'illustration, exécutée à Thonon de 1428 à 1434, d'une Apocalypse (avec des vignettes de l'artiste savoyard Peronet Lamy) pour le compte d'Amédée VIII. Ce manuscrit enluminé (bibl. de l'Escorial) est un chef-d'œuvre de la miniature du gothique tardif. Il prouve que, formé sur l'exemple de l'enluminure française, Bapteur fut particulièrement attiré par les recherches des artistes du duc de Berry (surtout les Limbourg). Il visita Milan, Lodi, Padoue, Bologne, Florence, Sienne et Rome, et fut fortement impressionné par les enlumineurs milanais et par les fresques du trecento en Lombardie et à Padoue. Ces influences expliquent l'exceptionnelle résonance poétique de Bapteur dans l'illustration de l'Apocalypse, admirable trait d'union entre la France et l'Italie, qui reflète le réalisme lyrique des Flamands et la conception italienne de l'espace. On a récemment attribué à Bapteur un panneau (Crucifixion) acquis par le Museo Civico de Turin. L'étude des fresques de Jaquerio à Ranverso (près de Turin) confirme les relations de Bapteur avec cet artiste.

Baquié (Richard)

Artiste français (Marseille 1952).

Avant d'obtenir son diplôme à l'école des Beaux-Arts de Marseille en 1981, Baquié a été soudeur, moniteur d'auto-école, chauffeur de poids lourds, etc. Son travail, qui se présente comme un bricolage à partir de matériaux issus de la vie quotidienne (morceaux de voiture, sacs en matière plastique, ferrailles diverses et appareillage électrique rudimentaire, entre autres), se constitue comme une réflexion sur les états transitoires et la notion de réversibilité : Traversées I et II (1989) maintiennent par exemple l'eau à l'état de glace sur un panneau, au prix du bruit d'un moteur, tandis que Passion (1984) fait circuler cette eau à travers une typographie en relief, l'usure lente qui s'ensuit accentuant encore l'impression de précarité, et du mécanisme et du mot. Transition et réversibilité sont en effet très intimement liées à l'usage du langage, toujours par définition orienté : qu'il soit parlé ou figuré, un mot ou un groupe de mots adopte une direction qui n'est pas nécessairement celle de son sens. Ainsi, dans la Traversée du Présent, les deux parties de la proposition, disposées de chaque côté de la structure métallique, se contredisent obligatoirement mutuellement.

   Richard Baquié a participé à de très nombreuses manifestations à l'étranger depuis le début des années 80. Il a bénéficié d'expositions personnelles au M. N. A. M. de Paris et au palais des Beaux-Arts de Bruxelles en 1987, à la Fondation Cartier en 1991. Le M. N. A. M. de Paris, les musées d'Art contemporain de Nîmes et d'Anvers, le Guggenheim Museum de New York possèdent des œuvres de l'artiste. Le F.N.A.C. conserve des œuvres de Baquié (Début, 1987 ; Silence, 1989).

Baranoff-Rossiné (Lev Davidovitch Baranov, dit Vladimir)

Peintre et sculpteur russe (Kherson, Ukraine, 1888  – Paris 1942).

Après des études à Odessa et à Saint-Pétersbourg, il participe à Moscou, de 1907 à 1909, aux expositions de l'avant-garde russe : " Stephanos ", " Le Maillon ", " Vienok Stephanos ", aux côtés de Larionov, de Gontcharova, des frères Bourliouk et s'intéresse comme eux aux problèmes de la couleur ; il expérimente alors divers procédés, du Cloisonnisme à la touche orientée de Van Gogh. Il s'installe à la Ruche ; proche des Delaunay, il réalise des toiles orphistes rythmées et simultanément ses premières sculptures : assemblages de morceaux de bois, de plaques de métal polychromes (Symphonie n° 1, 1913, New York, M. E. M. A.). Il est à Paris de 1910 à 1914 et n'est pas indifférent au Cubisme (la Forge, 1911, Paris, M. N. A. M.). Après un court passage en Scandinavie, il demeure en Russie de 1917 à 1925 ; il y enseigne aux Svomas de Petrograd, puis aux Vhutemas moscovites, et continue sa carrière de peintre (Composition sans objet, 1918, Saratov, musée A. N. Raditschev ; Composition, 1918 ( ?), Moscou Gal. Tretiakov) ; en 1925, il revient à Paris et fonde une académie de peinture. À partir de 1915, il avait commencé à mettre au point son " piano optophonique ", présenté à Moscou au théâtre Meyerhold et au théâtre du Bolchoï en 1924, qui associe le son et la couleur : les touches du clavier commandent les mouvements de disques colorés au travers desquels passe le faisceau de lumière d'un projecteur. Une reconstitution de cet appareil (1971), qui anticipait sur les réalisations cinétistes, est conservée au M. N. A. M. de Paris, qui a consacré en 1972-73 une exposition à Baranoff-Rossiné.

Barbari (Jacopo de')

Peintre et graveur italien (Venise v.  1445-1450  – Bruxelles ? vers 1515 ).

Dès 1490, il est au service de l'empereur Maximilien, en Allemagne, et il pratique la gravure sur métaux dans la tradition de Mantegna, tout en puisant certaines finesses graphiques dans l'œuvre de Martin Schongauer. Il semble être de retour à Venise entre 1490 et 1500. À cette époque, il commence à peindre dans la manière d'Alvise Vivarini (Sainte Conversation avec un donateur, musées de Berlin). Pendant trois ans, il travaille à son chef-d'œuvre, le Plan de Venise, bois gravé, tiré en 1500 par Anton Kolb de Nuremberg. Artiste itinérant, il quitte de nouveau Venise et se rend en qualité de portraitiste et de miniaturiste auprès de l'empereur d'Autriche (1500), du duc de Saxe (château de Wittenberg, 1503), de l'Électeur de Brandebourg (1508), de Philippe de Bourgogne (château de Suytburg, 1509), enfin de Marguerite d'Autriche, régente des Pays-Bas (Malines, à partir de 1510). Parmi ses portraits, on peut citer celui d'Henri de Mecklembourg (1507, Mauritshuis) et le Portrait de jeune homme (1505) du K. M. de Vienne. Peu de ses œuvres sont sûres.

   Au cours de ses voyages, il rencontra Dürer, Cranach, Wolgemut, Gossaert et Lucas de Leyde. Protégé par Kolb, estimé par Dürer, qui reconnaît lui devoir la connaissance des canons du corps humain, Barbari fut très apprécié dans les cours d'Allemagne et des Pays-Bas, où l'intérêt manifesté pour la Renaissance italienne était grand. En retour, l'influence de Dürer lui fit produire ses œuvres les plus délicates : Nature morte à la perdrix (1504, Munich, Alte Pin.) et Faucon (Londres, N. G.). C'est par l'intermédiaire des dessins de Barbari que la culture italienne atteindra des artistes comme Gossaert (Mabuse) et Barend Van Orley.