Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Zuccari (Federico)

Peintre italien (Sant'Angelo in Vado v. 1540  – Ancône 1609).

Élève de son frère Taddeo à Rome, Federico travaille avec lui à l'appartement Carafa du palais du Vatican (1556), au dôme d'Orvieto (1559), au château Orsini de Bracciano et à Caprarola. Federico met à profit sa longue carrière à modeler son style sur celui de son maître en une série de formules facilement imitables. Sa première œuvre personnelle est la décoration extérieure de la maison de Tizio da Spoleto, à côté de Saint-Eustache, qui témoigne des débuts de son autonomie stylistique, même s'il continue à travailler avec son frère (Scènes de la vie de la Vierge, S. Maria dell'Orto, 1561). Il participe avec Santi di Tito et Baroche à la décoration du Casino de Pie IV et de certaines salles du Belvédère. Il entreprend un voyage à Venise, à la portée déterminante pour sa formation, afin de compléter la décoration de la chapelle du cardinal Grimani à S. Francesco della Vigna (Adoration des Mages, 1564). À la suite d'un voyage en Italie du Nord, Federico séjourne à Florence, où il collabore aux " apparati " pour l'arrivée de Giovanna d'Austria et peint le rideau, une scène de chasse (modèle aux Offices, 1565), pour la représentation de la Cofanaria. En 1566, il est à Rome et exécute des fresques dans la villa du cardinal Ippolito d'Este à Tivoli. À la mort de son frère, il achève plusieurs travaux : Trinità dei Monti, S. Marcello al Corso, Sala Regia ainsi qu'au palais Farnèse à Rome et à Caprarola (1566-69). Au début des années 1570, il peint deux grands retables pour le dôme d'Orvieto ainsi que les Scènes de la vie de sainte Catherine à S. Caterina dei Funari et la Flagellation dans l'oratoire du Gonfalon. Ces dernières œuvres sont les plus représentatives des années antérieures à la décoration de la coupole de S. Maria del Fiore à Florence (1575/76-79), où il succède à Vasari. Son activité s'étend à la France, aux Flandres et à l'Angleterre, où il peint un portrait d'Elisabeth I. De nouveau à Rome en 1580, il travaille au Vatican dans la chapelle Paolina puis peint pour S. Maria del Baraccano à Bologne la Procession de saint Grégoire (connue par des dessins et des gravures), critiquée par le milieu artistique bolonais. L'artiste réagit avec une œuvre satirique, Porta Virtutis, qui entraîne son renvoi de l'État pontifical. En 1582, il est à Venise, où il participe à la décoration de la salle du Grand Conseil ; il obtient le permis de rentrer dans l'État pontifical et décore à Lorette la chapelle des ducs d'Urbino dans la basilique de la S. Casa. Il séjourne en Espagne entre 1585 et 1588 et travaille à l'Escorial. Au cours de ses dernières années (1603-1609), il voyage dans l'Italie du Nord (Venise, Pavie, Mantoue, Turin, Bologne, Ferrare, Parme, Ancône), voyages dont des fresques et des retables portent témoignage. Personnalité dominant le milieu romain à la fin du XVIe siècle, et dont l'influence artistique s'étend largement grâce à la diffusion des gravures, il est élu président de l'Académie de dessin à Rome en 1593, publie en 1607 son traité théorique, Idea de' pittori, scultori et architetti, qui propose une méthode capable d'éviter la décadence de l'art. La maison qu'habitait Federico Zuccari à Rome, le palais Zuccari (actuelle bibliothèque Hertziana), est décorée de fresques de l'artiste à sujets profanes.

Zuccari (Taddeo)

Peintre italien (Sant'Angelo in Vado 1529  – Rome 1566).

Taddeo Zuccari est l'une des personnalités les plus importantes de la seconde moitié du XVIe s. romain ; son rôle, déterminant pour l'évolution de la peinture décorative et monumentale à partir de 1550 environ, est comparable à celui qu'avaient joué, à la génération précédente, Perino del Vaga, Polidoro da Caravaggio ou Parmigianino. Son influence se prolonge au-delà des limites chronologiques de son activité, au demeurant assez brève, et surtout grâce à son frère Federico, qui le rejoint à Rome en 1550 et collaborera à plusieurs reprises avec lui : au château de Bracciano, à la Sala Regia du Vatican et à S. Maria dell'Orto, notamment. Des artistes de moindre importance, comme Raffaellino da Reggio, Cesare Nebbia, Niccolò Trometta, poursuivront ses recherches d'une façon si fidèle que le terme de " zuccaresque " deviendra plus tard une appellation commode pour définir une part importante de la production graphique de la fin du XVIe s., entraînant ainsi une certaine confusion dans l'appréciation de l'œuvre dessiné de Taddeo et de ses imitateurs. La peinture de Zuccari, essentiellement à fresque et très bien décrite par Vasari, est concentrée à Rome ou dans ses proches environs.

   Originaire des Marches, comme Baroche, son cadet de quelques années, Zuccari arrive à Rome en 1543-44. Dans la biographie qu'il lui consacre dans la deuxième édition des Vite, Vasari raconte que l'artiste y reçoit sa formation et y fait ses débuts. Son frère Federico complète ces informations au travers d'un groupe de dessins relatant sa vie, qui devait être préparatoire à un cycle de fresques décoratives destiné à l'une des pièces de sa maison de la Via Gregoriana. Il ne quitte plus la ville, sauf pour un voyage à Urbino et à Vérone en 1551-52 avec le duc Guidobaldo II, à Urbino en 1560 à l'occasion du mariage de Vittoria della Rovere, fille du duc Guidobaldo, et probablement à Florence en 1564-65.

   Les dessins de Taddeo (dont la plupart des cabinets de dessins des grands musées conservent des exemples), nombreux, divers, parfois d'une très grande liberté, constituent la base de la reconstitution des ensembles peints, connus par des descriptions anciennes, mais souvent disparus, en particulier pour les premières années d'activité (1548-1553).

   Taddeo, qui gagne vite, à Rome, la faveur du pape Jules III, élu en 1550, débute comme peintre de façades dans un genre illustré déjà par Polidoro da Caravaggio et Perino del Vaga : il exécute les trompe-l'œil du palais Mattei, pour lequel on ne connaît que des études préparatoires (1548, Histoire de Camille), puis reçoit du pape la commande d'une partie du décor de la villa Giulia (Triomphe d'Apollon, Triomphe de Flore), ensemble complexe dirigé par Vasari et Prospero Fontana (1553-1555). Au même moment, Taddeo entreprend deux de ses plus importantes réalisations : le décor de la chapelle Mattei à S. Maria della Consolazione (1553-1556 ; Scènes de la vie du Christ, Prophètes et Sibylles), représentant un véritable tournant dans l'évolution stylistique de Taddeo qui se réfère à Daniele da Volterra, Tibaldi et Salviati pour sa récupération du classicisme raphaélesque, celui de la chapelle Frangipani à S. Marcello al Corso (1558-59 ; Scènes de la vie de saint Paul, inachevées et dans lesquelles son orientation vers le classicisme opère un rapprochement direct avec le Jugement dernier de Michel-Ange). Toujours pour Jules III, Taddeo travaille au belvédère du Vatican (Moïse et Aaron devant Pharaon) et participe, en mars 1559, à l'apparat funèbre des obsèques de Charles Quint, à S. Giacomo degli Spagnuoli. Son intense activité romaine est interrompue par un voyage à Urbino en 1560, où il est appelé pour réaliser un portrait de Vittoria della Rovere à l'occasion de son mariage avec Federico Borromeo. À cette occasion lui sont commandés les dessins des Scènes de la vie de Jules César destinés à un service en majolique que Guidobaldo della Rovere désirait offrir à Philippe II d'Espagne. Il remplace Francesco Salviati dans la réalisation du décor de la salle des Fasti Farnesiani au palais Farnèse à Rome, interrompue par la mort du duc Ranuccio en 1565, et, dans le même temps, travaille à l'un des principaux cycles peints de ces années : celui du palais Farnèse, à Caprarola, dont le programme iconographique, dû à l'humaniste Annibale Caro (fresques de l'Anticamera del Concilio, de la Stanza di Aurora, de la Stanza dei Lanefici, de la Stanza della Solitudine), se ressent déjà de la réaction à la " maniera " marquée par l'esprit du concile de Trente. Les cinq dernières années de Taddeo Zuccari sont essentiellement tournées vers les travaux réalisés au Vatican : au Cortile della Libreria, à la Sala Regia (Donation de Charlemagne, Siège de Tunis), et vers les décors religieux, dont les principaux sont celui de la chapelle Pucci à la Trinité-des-Monts, entrepris en 1563 pour l'archevêque de Corfù (Scènes de la vie de la Vierge), et celui de la " cappella maggiore " de S. Maria dell'Orto.