Saedeleer (Valerius de)
Peintre belge (Alost 1867 – Leupegem 1941).
Il se forma à l'Académie de Gand, puis à Bruxelles et débuta dans le sillage de l'impressionnisme. Il séjourna à Laethem-Saint-Martin dès 1893, en 1898 et de 1904 à 1908. Le contact de Van de Woestijne et surtout l'influence des primitifs flamands l'orientent dès lors vers un type de paysage très dépouillé, dont les motifs sont soumis à une écriture fine et précise, et dans une atmosphère sensibilisée par les valeurs (Fin d'un jour gris, 1907, musée de Gand). En 1908, Saedeleer se transporte à Tiegem, près de Laethem, et passe les années de guerre en Angleterre (1914-1921). À son retour, il s'installe à Etichove et y ouvre un atelier de tapis et de tissus d'art, où travaillent ses filles. Il continua à exécuter des paysages, sans apporter aucun renouvellement à son inspiration. Il est représenté dans les musées belges, à Bruxelles, à Gand et à Anvers.
Saenredam (Pieter Jansz.)
Peintre néerlandais (Assendelft 1597 – Haarlem 1665).
Fils et élève du graveur Jan Pietersz Saenredam, il fréquenta v. 1608 l'atelier de Frans de Grebber à Haarlem. En 1623, il est inscrit à la gilde de Saint-Luc d'Assendelft et, en 1626, il exécute son premier tableau : le Christ chassant les marchands du Temple (Londres, coll. part.).
Saenredam connaissait des architectes, tel Jacob Van Campen, le plus grand des architectes classiques de Hollande, ce qui peut expliquer la rigueur et même l'austérité de ses vues d'églises. Ses 56 tableaux connus, d'une exactitude toute mathématique, sont souvent précédés de croquis et de dessins très précis (environ 140 connus actuellement). Saenredam voyagea à travers les Pays-Bas pour saisir sur le vif le caractère intime de chaque monument qu'il décrivait. En 1632, il est à Bois-le-Duc, où il dessine l'Intérieur de la cathédrale Saint-Jean (British Museum ; Bruxelles, M. R. B. A.). Il revient à Assendelft, puis séjourne à Alkmaar (1634) et à Haarlem (1635-36), où il peint l'Église Saint-Bavon, un de ses thèmes de prédilection (Rijksmuseum ; Paris, Inst. néerlandais ; musée de Varsovie) et dont il avait déjà peint l'intérieur en 1630 (Louvre). En 1636, il est à Utrecht, où il dessine la Cathédrale Saint-Martin (Utrecht, Archives municipales ; Paris, B. N.), l'Église Saint-Jacques (Rotterdam, B. V. B. ; Utrecht, Archives municipales), l'Église Saint-Jean (musée de Hambourg) et l'Église Sainte-Marie (Haarlem, musée Teyler ; Utrecht, Archives municipales ; Paris, Inst. néerlandais). Une de ses périodes les plus fécondes correspond à son séjour à Amsterdam en 1641, où il peint des monuments du passé national, s'opposant ainsi au courant romaniste ; de cette époque citons les dessins représentant l'Ancien Hôtel de ville d'Amsterdam (Haarlem, musée Teyler ; Amsterdam, musée municipal, coll. Fodor), qui préparent la vue large et lumineuse du même monument (Rijksmuseum), commencée en 1641 et terminée en 1657. L'artiste peint en 1641 l'Intérieur de Sainte-Marie d'Utrecht (Rijksmuseum), œuvre d'un dépouillement remarquable, et en 1642 l'Église Saint-Jacques d'Utrecht (Munich, Alte Pin.). L'année suivante, il exécute une Vue du Panthéon (New York, coll. part.) d'après les dessins des albums de Maerten Van Heemskerck, auj. conservés à Berlin-Dahlem. En 1644, il est à Rhenen, où il dessine la Nef et la Tour de l'église Sainte-Cunera (Rijksmuseum). Il peint en 1649 un de ses tableaux les plus célèbres : l'Intérieur de Saint-Odulphe à Assendelft (Rijksmuseum), véritable symphonie d'ocres, de blancs et de gris. Il réalise ensuite une série de vues de Haarlem : la Nieuwe Kerke (1650-1652), construite peu avant par son ami Jacob Van Campen (dessins à Haarlem, Archives municipales et à Rotterdam, B. V. B. ; tableau à Haarlem, musée Frans Hals). Il retourne en 1661 à Alkmaar, où il peint l'Église Saint-Laurent (Rotterdam, B. V. B. ; dessins à l'Albertina et à Paris, Inst. néerlandais). En 1663, il est à Utrecht, où il peint la Place Sainte-Marie (Rotterdam, B. V. B.), dont le dessin préparatoire est conservé au musée Teyler de Haarlem. Les intérieurs d'église de Saenredam, plus dépouillés que ceux d'Emmanuel de Witte, sont typiques du courant monochrome propre à la peinture des Pays-Bas ; sa palette claire et nuancée se résume surtout à des blancs et à des beiges. Par ailleurs, l'exactitude scientifique de ses architectures, la limpidité de l'atmosphère, la précision et la netteté de son langage formel confèrent à son œuvre un caractère quasi abstrait.
Saftleven
Famille de peintres néerlandais.
Cornelis (Gorinchem v. 1607 – Rotterdam 1681). Il est le fils de Herman II, le petit-fils de Herman I, le frère de Herman III et d'Abraham. Cornelis travailla principalement à Rotterdam, où il fut directeur de la gilde de Saint-Luc en 1667, et fit quelques voyages, surtout à Anvers après 1626, ce que reflète son œuvre qui trahit l'influence de Brouwer et de Téniers. Il peignit des sujets religieux (l'Annonce aux bergers, 1663, Rijksmuseum), des portraits (Un peintre, 1629, Louvre), des scènes villageoises (la Foire, 1660, musée de Valenciennes), proches de Droochsloot, et des paysages (Pont et troupeaux, Brunswick, Herzog Anton Ulrich-Museum ; Paysage avec bétail, 1660, Mauritshuis), que l'on peut comparer à ceux de Herman III. Mais il est surtout connu pour ses scènes satiriques et symboliques (la Soif de l'or, 1636, Dijon, musée Magnin ; Oldenbarneveld et ses juges ou Trucidata Innocentia, 1663, Rijksmuseum ; Stultitia Mundi, 1664, musée de Riom ; Avocats sous la forme d'animaux, Rotterdam, B. V. B.), où, reprenant la tradition de Bosch et de Bruegel l'Ancien, il stigmatise les folies humaines, illustrant le symbolisme des proverbes d'une manière surréaliste et scatologique. Artiste au talent précoce, son premier tableau date de 1621.
Herman III (Rotterdam 1609 – Utrecht 1685). Frère du précédent, il fut l'élève de son père, Herman II, de son frère Cornelis, puis celui de Jan Van Goyen. Il s'installa en 1634 à Utrecht et y fut directeur de la gilde de Saint-Luc de 1655 à 1667. Il exécuta quelques gravures (1640 et 1669), travailla en 1635, avec son frère Cornelis, à la décoration du château de Houselaersdijck et illustra, cette même année, avec Bloemaert, Poelenburgh et Dirck Van der Lisse, une scène tirée du Pastor Fido de Guarini. Il ne peignit que des paysages, tout d'abord proches de ceux de Van Goyen et de Pieter Molyn, puis, dès 1640, son style fut influencé par l'italianisme de Poelenburgh et de Jan Both : Rébecca et la servante d'Abraham (1641, Munich, Alte Pin.), la Forêt (1647, La Haye, musée Bredius), Paysage de montagne (1643, musée d'Utrecht). Après les années 1650, son style devint plus minutieux, surtout dans ses Vues du Rhin (Louvre, 1655 ; Rotterdam, B. V. B., 1664 ; musée de Strasbourg).