Maître de Catherine de Clèves
Enlumineur néerlandais (Utrecht ou Gueldre, première moitié du XVe s.).
Son œuvre a été groupée autour d'un livre d'heures exécuté pour Catherine de Clèves, comtesse de Gueldre (New York, Pierpont Morgan Library et coll. Guennol). La date de ce volume est très contestée et a pu être successivement fixée en 1430, 1440, 1445 ou même 1450. Les feuillets enluminés témoignent de la connaissance de certaines compositions du Maître de Flémalle ou de Jean Van Eyck, mais révèlent surtout une invention primesautière, riche en détails pittoresques et presque triviaux.
Maître de Coëtivy
Peintre et enlumineur français (actif dans la 2e moitié du XV e s.).
Cet artiste tire son nom d'un livre d'heures peint pour Olivier de Coëtivy et sa femme, Marie de Valois, fille de Charles VII et d'Agnès Sorel (Vienne, B. N.). Autour de ce livre ont été regroupés une trentaine de manuscrits enluminés, à sujet liturgique, comme de nombreux livres d'heures (Paris, B. N. ; Baltimore, Walters Gall.), historique (Histoire ancienne, Paris, B. N. ; Tite-Live, Paris, Ass. nat.), philosophique (Boèce, Paris, B. N. ; New York, P. Morgan Lib.) ou littéraire (Dante de Charles de France, Paris, B. N.). On attribue au même artiste un retable avec des donateurs inconnus (Résurrection de Lazare, Louvre). Il semble avoir eu une importante activité d'auteur de cartons pour les arts appliqués : ainsi, on lui reconnaît la paternité du triple vitrail du Christ Sauveur entre la Vierge et saint Jean l'Évangéliste au chœur de l'église Saint-Séverin à Paris et des tentures de la Destruction de Jérusalem (Saumur, château ; Lyon, musée des Arts décoratifs) et surtout de la Guerre de Troie (Londres, V. A. M. ; Zamora, cathédrale), une des tapisseries les plus illustres du siècle, qui fut recherchée par tous les princes du temps, et dont on conserve 9 des " petits patrons " originaux, grands dessins aquarellés ayant servi de modèles pour l'exécution des tapisseries (Louvre et B. N.). Ces ouvrages trahissent une origine nordique dans les formes et les références iconographiques, et se remarquent par un sens original de la narration, du mouvement, des raccourcis virtuoses, des effets atmosphériques et saisonniers, de la couleur raffinée.
Puisque l'artiste paraît avoir été essentiellement actif à Paris, comme en témoignent l'usage de Paris de ses livres d'heures et le vitrail de Saint-Séverin, il faut renoncer à voir en lui Henri de Vulcop, originaire d'Utrecht, peintre et enlumineur en titre de Charles de France, le frère de Louis XI, actif en Touraine puis à Bourges entre 1450 et 1470. Le Maître de Coëtivy occupe une place d'autant plus intéressante sur la scène parisienne qu'il est indissociable de deux autres artistes avec lesquels il forme une triade de peintres et enlumineurs qui se succèdent à la tête du même atelier, au premier rang de la production artistique à Paris tout au long de la seconde moitié du XVe s., offrant une continuité stylistique très remarquable : ainsi, le Maître de Coëtivy succède au Maître de Dreux Budé (auteur du Retable du Parlement de Paris, Louvre) et précède le Maître d'Anne de Bretagne, grand fournisseur de cartons pour le vitrail et la tapisserie (Chasse à la licorne, New York, Cloisters), et surtout de dessins pour les livres gravés. Ces trois artistes pourraient bien être identifiés avec les peintres autrefois renommés que furent André d'Ypres (vers 1450-1460), son fils Colin d'Amiens (vers 1450-1480), célébré dans l'historiographie contemporaine, qui travailla pour Louis XI et fournit le modèle de son tombeau, et son petit-fils Jean d'Ypres, maître juré de la corporation au début du XVIe s.
Maître de Figline
Peintre italien (actif en Toscane et en Ombrie, premier tiers du XIVe s.).
Appelé également par certains critiques Maître de la Pietà Fogg, il tire son nom de la grande Pala (Maestà) de la collégiale de Figline, près de Florence. Contemporain de Pacino di Bonaguida et du Maître de Santa Cecilia, il est l'un des premiers disciples de Giotto à Assise, comme le montre la fresque de la Madone en trône avec deux anges, saint François et sainte Claire (Assise, San Francesco), qui serait l'une de ses premières œuvres. Héritier de l'équilibre de composition et de la structure gestuelle de Giotto, il révèle une délicatesse de coloris et de sentiments qui le rapproche du Siennois Simone Martini et de l'art gothique français. Dans une autre fresque de la région d'Assise (Stigmatisation de saint François, Santa Maria in Arcedi Rocca Sant'Angelo), un certain pathétisme relève de la tradition de Cimabue).
Ses œuvres florentines (fresque de l'Assomption et grand Crucifix peint, Santa Croce, v. 1320) montrent le plus haut niveau de qualité, de même que ses dernières productions, les panneaux d'un polyptyque démembré comprenant notamment l'admirable Pietà du Fogg Art Museum de Cambridge (Mass.), deux Saints au musée de Worcester, Dieu le Père (Avignon, Petit Palais) deux Saints d'une coll. privée, Saint Jean-Baptiste (Ferrare, Pin.) et Saint Laurent (Londres, Courtauld Inst.). On a aussi vu la main du maître de Figline dans une partie des vitraux de la basilique inférieure d'Assise, ainsi que dans certains vitraux de Santa Croce à Florence.
Maître de Flore
Artiste d'origine inconnue travaillant en France à la cour de Fontainebleau dans la seconde moitié du XVIe s.
Ce nom a été donné à l'auteur d'une Flore (autref. à Montpellier, coll. d'Albenas ; auj. à San Francisco, California Palace of the Legion of Honour), dont l'atelier aurait produit le Triomphe de Flore (coll. part.). On en a rapproché la Naissance de l'Amour (Metropolitan Museum) et une copie du Concert de la lunette de la salle de Bal de Fontainebleau (Louvre) ainsi que l'Allégorie de l'Abondance (Ravenne, galerie de l'Académie des beaux-arts). Ces œuvres ont servi de base pour attribuer au Maître de Flore quelques dessins, Céphale et Procris (New York, anc. coll. Germain Seligman), l'Annonciation (Albertina) ainsi que de nouvelles peintures (actuellement dans le commerce d'art). Elles révèlent une parfaite connaissance de l'art décoratif à Fontainebleau, l'influence de Rosso, celle de Primatice et de Niccolò Dell'Abate. On peut les situer dans la seconde moitié du XVIe s. Il faut remarquer que ces œuvres sont loin de former un groupe cohérent ; il est probable que plusieurs personnalités différentes sont confondues sous le nom de Maître de Flore : l'une pourrait être Giulio Camillo Dell'Abate, fils et collaborateur de Niccolò ; l'autre, Ruggiero de Ruggieri, collaborateur de Primatice, ou encore l'un des Cousin, dont les œuvres sont plus complexes qu'on ne l'avait admis jusqu'ici. Quoi qu'il en soit, toutes les peintures sont caractéristiques du maniérisme précieux et raffiné de la cour de Fontainebleau.