Casorati (Felice)
Peintre italien (Novara 1886 – Turin 1963).
Il vécut et travailla à Turin, mais sa formation artistique apparaît fortement influencée par le Jugendstil, l'art de Toorop et par la Sécession viennoise, comme le montrent son œuvre graphique et ses premières peintures (les Vieilles, 1908-1909, Rome, G. A. M. ; Portrait de la sœur de l'artiste, 1908, Turin, G. A. M.). Son évolution s'effectue en marge des mouvements et lui permet de développer à travers une interprétation personnelle quelques principes de la peinture métaphysique, à laquelle il se rallie à partir de 1919 à la suite de la lecture de la revue Valori Plastici (la Femme et l'armure, 1921). Son style dépouillé se signale par des compositions rigoureusement géométriques, des lignes simplifiées et des couleurs généralement claires. Dans la série des " intérieurs " (Midi, 1922, G. A. M. de Trieste), dans ses portraits et natures mortes, l'univers intime et familier se fige en un monde silencieux et austère où une analyse lucide des formes et de l'espace abolit toute sensibilité. Il est bientôt sensible aux leçons de la peinture ancienne et son portrait de Silvana Cenni (1922) montre des références visibles au Quattrocento lombardo-vénitien et au motif de la " Vierge trônant " qui se voit dans les " Pale ". À partir de 1923, son atelier à Rome est largement fréquenté au point de devenir une véritable " école ". En 1924, à la Biennale de Venise, une salle entière lui est consacrée, présentée par Lionello Venturi. Dans les natures mortes, fréquentes à partir de 1930, Casorati poursuit une recherche rigoureuse excluant toute anecdote dans les rapports des objets entre eux. Á partir de 1927, il s'intéresse aussi à la mise en scène, se passionne pour le travail du grès qui le conduira à réaliser des bas-reliefs (exposition d'architecture de la Ve Triennale de Milan, 1933). En 1938, il obtient le prix de peinture de la Biennale de Venise. Dans ses œuvres postérieures, la couleur s'adoucit et joue un rôle plus important.
En 1964, deux rétrospectives de son œuvre ont été organisées au M. A. M. de Turin et à la Biennale de Venise. Ses tableaux sont conservés aux G. A. M. de Turin et de Rome et dans des collections privées. Une exposition Casorati a été présentée (Turin, Fondazione Polazzo Bricherazio) en 1996.
Cassandre (Adolphe Jean-Marie Mouron, dit)
Peintre français (Kharkov, Ukraine, 1901 – Paris 1968).
Après des séjours alternés en France et en Russie, il se fixe à Paris en 1915 et étudie la peinture chez L. Simon, puis à l'académie Julian. Très influencé par le Cubisme, l'œuvre de F. Léger puis le Purisme, il inaugure son œuvre d'affichiste en 1923 par le Bûcheron, obtient dès 1925 le grand prix de l'Affiche et voit son œuvre diffusée avec grand succès dans toute l'Europe. En 1927, il crée les réclames pour la société Dubonnet, les Galeries Lafayette et la Compagnie des chemins de fer ainsi que des alphabets pour l'imprimerie. Cofondateur, en 1930, de l'Alliance graphique avec Moyrand et Loupot, il s'y édite lui-même (Pathé, Pernod, Wagons-Lits Cook), en même temps qu'il exécute des travaux typographiques et des décors de théâtre (Amphitryon 38, de Giraudoux, 1934). Il collabore au Harper's Bazaar à New York en 1936 et délaisse l'affiche, à partir de 1938, au profit de la peinture et du décor (les Mirages, Opéra, 1947 ; Don Giovanni, Aix-en-Provence, 1949). Il fut l'un des plus grands créateurs dans le domaine de l'affiche au XXe siècle.
Cassas (Louis-François)
Peintre, dessinateur et graveur français (Azay-le-Ferron, Touraine, 1756 – Versailles 1827).
Élève de Vien et de Lagrenée le Jeune, il rapporta de ses voyages des dessins, qu'il grava (Hollande, 1776). Il collabora aux Voyages pittoresques de l'abbé de Saint-Non (Sicile) et de Choiseul-Gouffier (Syrie, 1784-1787) et séjourna en Italie (1779-1784 ; Rome, 1787-1792). Il enlève rapidement ses paysages (aquarelles, 1792, musée d'Orléans), étudie de façon précise, mais sans sécheresse, des détails d'architecture (Fronton et frise du Parthénon), contribuant ainsi, dès son retour en France (1792), à propager le goût pour l'Antiquité et l'Orient méditerranéen.
Cassatt (Mary)
Peintre américain (Allegheny City, auj. Pittsburgh, 1844 – château de Beaufresne, Mesnil-Théribus, Oise, 1926).
Étroitement liée à l'histoire du mouvement impressionniste, la carrière de Mary Cassatt se déroula en majeure partie en France, sa patrie d'élection.
Née dans une riche famille de Pittsburgh, l'artiste passa son enfance en Allemagne et en France (1851-1858), avant de se former à la Pennsylvania Academy of Fine Arts de Philadelphie (1861-1865), voyagea en Italie, notamment à Parme, où elle étudia Corrège (1872), et en Espagne, où elle fit de même avec Velázquez (1875). À Paris, elle fréquenta l'atelier de Chaplin (1866), mais Degas, qui avait remarqué ses envois au Salon (1872, 1873, 1874 et 1876), devint son conseiller et l'invita à se joindre aux impressionnistes (1877) à la suite du refus, par le Salon de 1876, de sa Jeune Mariée (Montclair, N. J., Montclair Art Museum). Dès lors, elle participa à leurs expositions (1877, 1879, 1880, 1881, 1886) et se révéla comme la meilleure représentante féminine de ce mouvement.
Toutefois, elle conserva une personnalité très marquée au sein du groupe, illustrée par sa longue amitié avec Degas. La figure humaine l'occupa exclusivement, en particulier le thème de la mère et de l'enfant, qu'elle illustra sa vie durant. Empruntant à Renoir l'éclat lumineux des chairs et des étoffes (la Loge, 1878-79), elle ne néglige pas le dessin, qu'elle rend aussi vrai et aussi peu conventionnel que possible. Comme Degas, c'est la vérité du geste qu'elle retient, dépouillant de tout artifice les images de la vie quotidienne : Mère et enfant sur fond vert ou Maternité, 1897, (Louvre, département des Arts graphiques, fonds Orsay).
L'influence de Degas est particulièrement sensible dans les pastels, les dessins et les gravures, qu'elle multiplia à la fin de sa vie. L'exposition d'estampes japonaises qu'elle avait visitée en compagnie du peintre en 1890 lui inspira une série d'estampes en couleurs, remarquable par la précision du trait et la valeur expressive du dessin. Elle pratiqua également la pointe sèche et l'aquatinte et tient une bonne place, aujourd'hui réévaluée, dans le cercle des graveurs impressionnistes.
Mary Cassatt consacra les dernières années de sa vie à faire connaître la peinture impressionniste aux États-Unis, où elle-même n'atteignit la notoriété qu'avec une peinture murale commandée par son amie Mrs Potter Palmer pour l'exposition de Chicago, la Femme moderne (1892-93, auj. perdue). Elle possédait elle-même une importante collection et conseilla plusieurs amateurs comme son frère Alexander Cassatt, James Stillmann, Mrs Palmer et surtout Horace et Louisine Havemeyer : c'est en partie grâce à ses efforts que les musées américains possèdent de nos jours de magnifiques ensembles de cette école. On peut approuver le jugement que Gauguin exprima à son sujet ; comparant ses envois à ceux de Berthe Morisot, il déclara : " Miss Cassatt possède autant de charme, mais plus de force. " Atteinte d'une maladie des yeux, elle arrêta de peindre vers 1914.
Mary Cassatt est représentée à Paris (musée d'Orsay et Petit Palais) et surtout dans les musées américains : la Dame à la table à thé, 1883-1885, Metropolitan Museum ; Promenade en barque, 1893, Washington, N. G. ; Femme et Enfant conduisant, v. 1880, Philadelphie, Museum of Art ; Alexander J. Cassatt et son fils, 1885 ; le Bain, 1891-92, Chicago, Art Inst. ; À l'Opéra, v. 1880, Boston, M. F. A. ; la Tasse de thé, id. ; Après le bain, v. 1901, musée de Cleveland.