Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Roerich (Nicolas Constantinovitch)

Peintre russe (Saint-Pétersbourg 1874  – Kulu, Pendjab de l'Est, Inde, 1947).

Ce peintre décorateur utilise la palette des fauves pour évoquer l'ancienne Russie. Il fait partie de l'équipe de Diaghilev à ses débuts et fournit de nombreux décors et costumes pour les Ballets russes. Les plus célèbres sont les décors et les costumes des Danses polovtsiennes, tirées du Prince Igor (1909) de Borodine, remarquables par leur orientalisme raffiné, et ceux du Sacre du printemps (1913) de Stravinski. Émigré aux États-Unis, il commença par fonder un musée Roerich à New York, puis dirigea une expédition en Asie centrale (1924), qu'il relate dans Trails to Inmost Asia (1931). Sa production picturale à cette époque est presque entièrement rassemblée au musée Roerich de New York : rochers arides, nuages tourmentés, montagnes abruptes procèdent de la même pensée rude et sévère qui inspira la Mer des Vaniègues (Moscou, Tretiakov Gal.). À partir de 1928, le peintre se consacre à sa tâche de directeur de l'Institut de recherches himalayennes installé au Pendjab. Après sa mort, son fils poursuivit son œuvre en Inde du Nord. Il est représenté au M. N. A. M. de Paris (Paysage du Tibet).

Roghman (Roelant)

Peintre et graveur néerlandais (Amsterdam 1597 [ou plus tard, car sa plus ancienne œuvre connue ne remonte qu'à 1646] – id. 1686/87).

Peu après 1640, il dut faire un voyage en Italie, mais à Amsterdam il appartenait au cercle des amis et disciples de Rembrandt, étant, selon Houbraken, très lié avec le maître lui-même, ainsi qu'avec G. Van den Eeckhout. Connu par ses suites de gravures sur les châteaux et places fortes des Pays-Bas, il manifeste aussi un beau tempérament de peintre dans ses paysages montagneux ; animés d'un lyrisme sourd et puissant, fortement construits par des oppositions d'ombre et de lumière, ces paysages sont d'une écriture à la fois fouillée et énergique qui n'hésite pas à empâter vigoureusement les parties éclairées. On décèle aussi dans l'œuvre de Roghman, de nets souvenirs de Rembrandt, de Koninck et de Seghers. Le musée de Kassel conserve deux Paysages de rivières dans un site accidenté, que l'on continue parfois d'attribuer à Rembrandt, de même que le Paysage montagneux de Dresde (Gg). Le Paysage du musée de Poitiers figure au nombre des chefs-d'œuvre de l'artiste. Le peintre est représenté aussi au Rijksmuseum, au Louvre, à Londres (N. G.). Roghman a laissé également 24 grands dessins à la pierre noire et au lavis d'encre de Chine, réalisés en 1646-1647, représentant des châteaux et des manoirs des Pays-Bas du Nord ; ces dessins se trouvaient encore réunis, en 1800, dans la coll. Ploos Van Amstel (3 d'entre eux appartiennent auj. à l'Inst. néerlandais de Paris). Excellent dessinateur, il a représenté des vues réelles de la Hollande et des paysages de montagne imaginaires, denses et bien construits ; il a produit, à partir de ces dessins, une quarantaine de superbes eaux-fortes.

Rohden (Johann Martin)

Peintre allemand (Kassel 1778  – Rome 1868).

Après avoir fait ses études à Kassel, Rohden se rend à Rome en 1795, où il rejoint le groupe de Koch et de Reinhart. De 1800 à 1802, il travaille à Kassel ; il est à Weimar en 1812. Dans sa ville natale, de 1827 à 1831, il est peintre de la Cour ; il retourne à Rome, où il restera jusqu'à sa mort. Ses paysages italiens, minutieusement achevés, se distinguent par la finesse de leur coloris. Il a peint plusieurs fois les cascades de Tivoli (musées de Hambourg, Leipzig, Vienne et Berlin).

Rohlfs (Christian)

Peintre allemand (Niendhorf 1843  – Hagen 1938).

Formé à Berlin et à l'Académie de Weimar, il fut longtemps fidèle à l'Impressionnisme (Paysage d'hiver, 1889, Cologne, W. R. M.). Membre de plusieurs " Sécessions ", professeur à Weimar, il est appelé en 1901 à la Folkwang-Schule de Hagen, où il découvre le Néo-Impressionnisme et Van Gogh (1902), dont il s'inspire beaucoup pendant plusieurs années (Forêt de bouleaux, 1907, Essen, Folkwang Museum). Il prit pour motif de prédilection l'église de Soest près de Hagen (Saint-Patrocle de Soest, 1905-1906, Cologne, W. R. M.). Après une expérience passagère du style de Die Brücke (1911-12), il découvre, alors âgé de plus de soixante ans, une expression personnelle dans laquelle fusionnent des formes d'un coloris généralement sobre, où dominent les bleus et les rouges. Si la leçon du Cubisme analytique est à l'origine de cette vision, Rohlfs la dépasse grâce à un rythme fougueux qui tend à dissoudre les apparences (Toits rouges sous les arbres, 1913, musée de Karlsruhe ; la Tour de Soest, 1916-17, Essen, Folkwang Museum). Son œuvre graphique (1908-1926) est important (183 bois et linoléums) et il pratiqua de préférence à la technique de l'huile celle de la tempera. S'il retint la leçon de Die Brücke (le Fumeur, v. 1912, linoléum ; le Couple, 1921, bois), son style reflète aussi le Naturalisme symbolique de la fin du XIXe s. (le Prisonnier, 1918, bois, Essen, Folkwang Museum). Les derniers tableaux reviennent à une sorte d'Impressionnisme très élaboré, où les motifs sont absorbés par l'atmosphère (Maison à Bosco, 1936, tempera sur papier, id.). En 1929 est fondé le musée Rohlfs. En 1938, alors que l'artiste est interdit en Allemagne, une exposition de ses œuvres a lieu en Suisse.

Roland de la Porte (Henri-Horace)
ou Henri-Horace Roland Delaporte

Peintre français (Paris v. 1724  – id. 1793).

Élève d'Oudry, reçu à l'Académie en 1763 (Vase de lapis, sphère et instruments de musique, Louvre), exposant régulièrement aux Salons, cette " victime de Chardin ", comme l'appelle Diderot, fut plutôt l'un de ses imitateurs les plus brillants, voire un rival sérieux. S'il apporte un grand soin à la répartition, presque précieuse, de la lumière et joue davantage sur les rapports colorés (l'Oranger, 1763, musée de Karlsruhe), ses compositions, plus décoratives, peuvent atteindre à la même dignité grave que celles de Chardin (Nature morte au pain, 1763, Rotterdam, B. V. B. ; Nature morte à la vielle, musée de Bordeaux ; Ustensiles sur une table de pierre, Louvre).